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N.B. L'illustration est l'oeuvre de Damian Bajowski. Une galerie de ses oeuvres est présente ici : link
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Des gens parlent autour de lui mais il est incapable de saisir le sens des paroles. Il se sent soulevé, porté jusqu'à une chambre. Théoliste apparaît devant lui, l'air soucieux, et lui enlève aussitôt sa chemise pour évaluer l'étendue des dégâts. Il sent l'eau qui lave son corps couvert de sang. Il sent Pèire qui s'agite autour. Mais son esprit est uniquement tourné vers Ménandre, seul aux mains de son ravisseur. Ce n'est que lorsque le presque-médecin commence à recoudre la longue coupure sur sa joue qu'il renoue avec la réalité, sans pour autant ressentir réellement la douleur. Pèire s'est assis juste à côté, et le presse de questions. Bougeant le moins possible la mâchoire, le voleur lui raconte tout ce qu'il s'est passé : la visite chez le bourgeois, la filature, la bagarre. L'enlèvement du gamin. Lorsqu'il rapporte les dernières paroles de l'attaquant, concernant le devenir de Ménandre, Pèire lâche un long soupir et murmure :
- C'est ce qu'il voulait, Elland. Il savait que ça te rendrait fou. Il savait que tu le tuerais. Et comme ça, il ne pourrait pas te dire la vérité.
- Il était à l'agonie !
- Justement. Il ne voulait pas prendre le risque de te révéler leur commanditaire, ni leurs intentions réelles. Il t'a menti, Elland. Je ne sais pas ce qu'ils comptent faire du petit, mais certainement pas ça. De toutes façons, je vais mettre Thémus au courant, et s'il apprend que ce genre de choses se passe, nous le tirerons aussitôt de là.
- J'ai pas su le protéger, Pèire. Il me faisait confiance et maintenant...
- Tu as fait ce que tu as pu. Et maintenant, nous allons retourner chaque pierre de Rivemorte s'il le faut, mais nous le retrouverons. Et nous leur ferons payer.
Théoliste a terminé de recoudre la balafre, qui s'étend de la mâchoire à l'oreille droite. Une douleur sourde lui engourdit la moitié du visage, sans compter les chairs qui protestent encore du traitement subit à la poitrine et au ventre. Pèire et le guérisseur s'échangent un regard puis Théoliste lui propose de boire une tisane qui apaisera la douleur. Mais Elland ne veut pas boire de tisane. Il veut retrouver le gamin, le serrer contre lui et s'assurer qu'il est en sécurité. Il veut partir dès maintenant à la recherche des ces fils de chien qui ont osé faire ça. Pèire essaie de temporiser, et Théoliste insiste pour qu'il boive sa tisane. A deux contre un, ils obtiennent gain de cause. Et à peine a-t-il fini de boire le liquide qu'il s'écroule endormi.
Le Comain se tient bien droit devant la table de torture, une terrible pince à la main. Il s'approche lentement de sa victime, un sourire sadique sur le visage. Du moins, c'est ce que suppose Elland, qui se trouve debout dans son dos. Debout dans son dos ? Habituellement, c'est lui qui est allongé sur la table. Alors … qui se fait torturer ? Le Comain utilise la pince sur le supplicié, et un hurlement insoutenable résonne entre les murs. Un hurlement repris en écho par Elland lorsqu'il reconnaît la voix. Ménandre.
Il se réveille en sursaut, poussant un cri d'angoisse. Aussitôt Théoliste apparaît et le rassure d'une voix douce. Alors seulement, Elland remarque ce qui l'entoure. Il est toujours dans sa petite chambre de convalescent. Dehors, le soleil s'est réfugié depuis longtemps derrière l'horizon. Mais la petite pièce est vivement éclairée par de nombreuses chandelles aux lueurs vacillantes. Sa joue semble avoir été marquée au fer rouge tant elle est douloureuse, et chaque inspiration est difficile. Il se redresse lentement sur le lit. La chambre semble être transformée en quartier général. Pèire et Thémus sont assis autour de la table recouverte de plans et murmurent leurs idées d'action. Théoliste l'aide à se relever et à s'asseoir près des deux hommes, qui s'interrompent en le voyant. C'est Pèire qui l'interroge en premier :
- Comment tu te sens ?
- Vous m'avez drogué ! Nous avons perdu un temps fou !
- Absolument pas. Ton corps avait besoin de récupérer et toi de te calmer. Ce n'est pas en se précipitant que nous aurons les meilleurs résultats.
- Vous avez retrouvé Ménandre ?
- Non, pas encore. Mais on y travaille.
- Comment ?
- Toutes les gargouilles de la ville, soit une vingtaine environ, sont informées de l'enlèvement de Ménandre. Elles vont patrouiller toute la nuit avec leurs maîtres pour chercher le gamin, et repérer les mouvements suspects. De plus, quatre d'entre elles sont positionnées autour des portes de la ville. Elles scrutent les allées et venues pour empêcher le ravisseur de quitter la ville avec le petit. Durant la journée, ce sont des hommes de Thémus qui prendront le relais.
Elland hoche doucement la tête, satisfait de cette mesure. Vue du ciel, Rivemorte peut moins facilement dissimuler ses secrets. Il devine qu'elles ont reçu, par Pèire, une image très précise de Ménandre, et qu'elles sauront le reconnaître immédiatement. Théoliste lui apporte une nouvelle tisane, qu'il regarde avec méfiance. Ce dernier lui assure qu'il s'agit uniquement d'un anti-douleur. Pèire confirme et il se laisse convaincre. Sirotant lentement le liquide brûlant, il écoute désormais le cordonnier :
- Quant à moi, j'ai mis tous mes hommes en alerte. Ils surveillent tous les points stratégiques de la ville, patrouillent dans les tavernes et interrogent discrètement leurs contacts.
Thémus appuie ses dires en posant ses gros doigts sur la carte, marquant ainsi chaque point stratégique. C'est la première fois qu'Elland le voit hors de sa boutique, et il semble encore plus impressionnant dans la petite chambre. Un pli soucieux barre son front. Ses épaisses moustaches semblent en berne et tendent vers sa bouche aux lèvres pincées. Théoliste prend la parole à son tour et les informe qu'il a demandé à tous ses clients et tous ses fournisseurs de le prévenir s'ils constataient la moindre situation inhabituelle. Rassuré, Elland se laisse glisser un peu plus dans sa chaise et demande :
- Mais en attendant, on ne va tout de même pas rester les bras croisés ?
- Bien sûr que non.
- Vous proposez quoi ?
- Tu dois d'abord nous ré-expliquer ce qu'il s'est passé. N'oublie aucun détail, ça peut être très important.N.B. L'illustration est l'oeuvre de Damian Bajowski. Une galerie de ses oeuvres est présente ici : link
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Résumé :
Dans la ville brumeuse de Portland, Nora tente de mener une vie ordinaire depuis la mort violente de son père. Lors d'un cours de biologie, elle fait la connaissance de Patch. Il est séduisant, mystérieux, toutes les filles en sont folles, mais Nora est perplexe. Comment Patch peut-il en savoir autant sur son compte ? Pourquoi est-il toujours sur sa route quand elle cherche à l'éviter ?
Mon avis :
L'écriture n'est pas mauvaise. Simple, évocatrice, on suit les aventures du personnage sans être gêné par la plume de l'auteur.
L'intrigue en elle-même, pour ce que j'ai lu, n'est ni surprenante ni originale, mais bon, pour le savoir, il suffit de lire le résumé.
Ce qui m'a fait arrêter ma lecture, c'est surtout deux choses :
- Les clichés : Nora vit seule avec sa mère, donc, dans une maison isolée, perdue au milieu de nulle part. Comme de par hasard, il y a une sorte de micro-climat autour de ladite maison, et d'épaisses nappes de brouillard l'encerclent. Et comme de bien entendu, sa mère est toujours en déplacement, la laissant seule avec une employée de maison dont la présence est anecdotique. Ensuite, bien évidemment, le beau ténébreux, mystérieux, qui l'intrigue et l'effraie à la fois, et qu'elle rencontre en cours de bio. Et bien sûr, la meilleure amie, bourrée de clichés, qui a toujours des idées stupides, et que Nora suit toujours à la lettre.
- Les incohérences : c'est ce qui m'a fait reposer le bouquin, en fait, pour ne plus le retoucher. Donc Patch sait énormément de choses sur elle. Presque ce qu'elle pense. Elle en a la trouille, je ne sais pas combien de fois c'est répété dans le livre, mais c'est certain : ce mec lui fiche une trouille bleue.
Et pourtant, quand il la défie d'aller chercher des infos sur lui, dont elle a besoin pour un devoir à rendre (oserais-je dire "lol" ?), dans le bar le plus mal-famé de la ville, que fait-elle ? Elle y court !
Sans parler de l'histoire abracadabrantesque qui lui arrive au parc d'attraction. Elle laisse ses amis pour aller chercher des boissons, le sachant qui rôde dans les parages, et répond à son défi en allant faire un tour d'attraction avec celui qui la terrifie. Pour se rendre compte, à son retour, que ses amis ont disparus ! Zut alors ... elle n'a pas de voiture, et comme par hasard, son téléphone est coupé. Zut et re-zut, elle n'a pas d'autre choix que de rentrer avec lui ! Mais alors qu'elle nous fait tout un cinéma pour qu'une fois devant la maison, il ne rentre pas... il s'invite chez elle. Elle est pas contente du tout, mais elle le laisse aller préparer des tacos (re-lol). Bien sûr, quand elle le voit avec un grand couteau, elle a peur ! Il va la tuer ! Mais bon, comme il lui propose de partager son savoir culinaire, elle ne résiste pas. Et prépare des tacos avec lui...
Que fait sa meilleure amie quand Nora, très sérieuse, lui annonce que l'homme qu'elle convoite a été suspecté dans une affaire de meurtre ? Elle ne la croit pas, bien sûr.
Bref. L'auteur a peut-être dégoté une excellente excuse pour justifier ces comportements, mais je ne la lirai pas. S'énerver contre les comportements stupides de personnages de fiction, c'est dommage. Je dois avoir passé l'âge de lire ce genre de trucs...
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L'employée de maison est rapidement de retour, et les invite cette fois à la suivre jusqu'à un salon aussi grand que l'Hermine Affamée, où chaque objet suinte le luxe et l'opulence.
C'est un homme relativement jeune, à peine plus vieux qu'Elland, qui les attend dans un confortable sofa brodé d'or et d'argent, un verre d'absinthe à la main. Ses cheveux sont aussi blonds que ceux d'Elland sont noirs. Si les iris du voleur ressemblent à deux obsidiennes, ceux de Tanorède Guevois sont deux saphirs limpides. Ses vêtements sont impeccablement coupés dans une épaisse étoffe exotique. Le bourgeois les contemple de la tête aux pieds, sans leur offrir de s'asseoir. Rarement Elland s'était senti aussi misérable. Il refuse cependant de se laisser intimider, contrairement à Ménandre qui tente de se dissimuler derrière le voleur, et explique :
- Merci de nous recevoir. On nous a indiqué que vous auriez peut-être connaissance de l'endroit où se trouve Maelenn, une amie de Ménandre.
Il désigne le gamin qui se cache derrière lui d'un large geste de la main, le cœur battant à la chamade. Les iris glacés de leur interlocuteur s'éclairent soudain d'une lueur chaleureuse et un sourire vient illuminer son visage froid. Tanorède se relève vivement et s'exclame :
- C'est donc toi Ménandre ! Montre-toi un peu, que je te regarde de plus près !
Il dépose son verre sur un guéridon, et s'approche du gamin, qui s'est légèrement avancé, les joues rosies par l'embarras. Tanorède s'accroupit devant lui et dévisage longuement le jeune garçon avec un air de bienveillance infinie. Il lui explique :
- Maelenn m'a tellement parlé de toi ! Elle s'inquiétait de ne pas avoir de tes nouvelles.
- Vous la connaissez alors ?
- Bien sûr ! C'est ma future épouse !
Les yeux écarquillés, la bouche grande ouverte, Ménandre accuse le coup. Riant doucement de sa mine, le bourgeois reprend son verre et retourne s'asseoir. Puis avec nonchalance, les laissant toujours debout, il leur explique :
- Elle venait me livrer parfois et le charme a opéré. Dans les deux sens, semblerait-il, puisqu'elle a bien voulu de moi également. C'est véritablement une perle.
- Serait-il possible de la voir ?
C'est Elland qui a parlé, Ménandre, lui, en est parfaitement incapable. Encore sous le choc des révélations, il ne se remet que lentement. Mais à la question du voleur, il hoche vivement la tête, sans doute persuadé qu'il sera plus à l'aise avec son amie. L'homme esquisse un sourire contrit, et leur annonce :
- Elle n'est pas là actuellement. Elle est partie, accompagnée de ses suivantes, essayer sa robe de mariage. Et vous connaissez les femmes comme moi : le temps qu'elle trouve la robe de ses rêves, qu'elle papote avec ses amies et qu'elle déambule dans les boutiques, je doute qu'elle rentre avant la nuit.
Ménandre semble réellement déçu, et le voleur pose une main compatissante sur son épaule. Un peu agacé, Elland se demande s'il finira par rencontrer, un jour, cette fameuse Maelenn. Le silence s'abat sur le salon. C'est Tanorède qu'il le rompt en leur proposant :
- Et si vous veniez dîner avec nous ce soir ? Je suis persuadé qu'elle sera absolument ravie de vous avoir pour invités. Et vous pourriez parler du bon vieux temps toute la soirée !
Enfin, le visage du gamin s'éclaire de joie, et avant qu'Elland puisse dire le moindre mot, il accepte l'invitation. Le bourgeois sourit, visiblement ravi lui aussi. Puis, avec délicatesse, il leur indique qu'il a à faire, et qu'il les attend vers vingt heures.
Ménandre peine à retenir son excitation lorsqu'ils regagnent la Fontaine aux Dragons. Il trépigne d'impatience et s'interroge sur les vêtements à porter pour cette soirée extraordinaire. Elland, amusé, sourit en l'entendant. Lui aussi est agréablement surpris, pour d'autres raisons : il s'imaginait les bourgeois bien plus hautains. Il ne s'attendait certainement pas à une telle invitation. Mais si ce Tanorède Guevois compte épouser une roturière, il doit avoir l'esprit bien plus large que ses semblables. Quoiqu'il en soit, ils ont retrouvé Maelenn et la joie de Ménandre compense largement les efforts fournis.
Ils prennent le chemin le plus court pour rejoindre l'Hermine Affamée et annoncer la bonne nouvelle à Pèire. Bien malgré lui, Elland se demande également comment il doit se vêtir pour ne pas ressembler à un des employés. Non, en fait, à la réflexion, même les employés sont mieux habillés que lui. Soudain, un bruit inhabituel lui fait tendre l'oreille, malgré les bavardages incessants de Ménandre, et chasse définitivement ses réflexions. Se servant d'une enseigne impeccablement lustrée, il observe ce qu'il se passe derrière eux. Puis, alors qu'ils s'approchent des quartiers plus pauvres, il fait mine de regarder un étal. Son cœur s'emballe dans sa poitrine. Quatre hommes les suivent. Il reprend sa marche, comme si de rien n'était, mais s'arrête quelques pas plus loin et s'agenouille. Ménandre, qui remarque juste son manège, s'arrête à côté de lui. Dans un murmure, le voleur lui dit :
- Ne te retourne pas. Nous sommes suivis. Enfuis-toi dès que je te le dis.
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C'est long...
La ville est encore très loin, et lui, il a envie de rentrer chez lui, de manger quelques délices hors de prix, et d'aller s'étendre sur ses draps de soie. Mais ce fichu conducteur refuse de pousser les moteurs, au prétexte qu'ils ne résisteraient pas à une longue distance. Il se moque de lui, oui, c'est la seule explication. Et c'est uniquement parce qu'il est fainéant qu'il refuse d'aller plus vite. Dès son retour, enfin... une fois repus et reposé, il le fera renvoyer pour incompétence.
La neige a recouvert les paysages familiers de son hideuse couverture, et voyager devient un vrai calvaire. En plus, l'air est glacial et il s'en met plein les bas de pantalon quand il marche dedans. Il devrait acheter un larbin pour se faire porter à dos d'homme, dans ce genre de situation. Satisfait de cette brillante idée, il se cale le menton au creux de sa paume de main, et observe le paysage, écœuré par tant de blancheur immaculée.
L'une de ses suivantes, une petite sotte à peine capable de nouer un lacet, s'extasie, en compagnie d'une de ses semblables, du coucher de soleil qui se reflète sur la montagne et la pare d'une robe dorée. D'un claquement de langue agacé, il les fait taire, et elles se réfugient dans un coin, effrayées. Si seulement ces idiotes ne mettant pas temps de tant à rentrer, il leur ferait faire le chemin à pied à chaque fois, pour s'épargner leurs chuchotements insupportables.
Un rictus de mépris vient tordre son jeune visage, pourtant joli habituellement : sur le bas-côté, un homme marche en faisant valser dans les airs de ridicules bouts de bâtons enflammés. C'est à se demander quelle gueuse il espère séduire avec ce stratagème de bas-étage.
Bien malgré lui, il observe le va-nu-pied le temps que la caravane le dépasse. Cet imbécile est totalement concentré sur son jouet, comme si ces flammes pouvaient avoir un quelconque intérêt. Encore un bon à rien de rêveur, qui se pâme bêtement devant la moindre broutille.
D'un geste rageur, il tire d'un coup sec sur le rideau pour masquer ce pitoyable spectacle. Il a bien mieux à faire. Il regarde la moquette aux fleurs délicates, les lambris de bois qui tapissent les murs et le plafond de la caravane. Il s'ennuie. D'une voix autoritaire, il ordonne à une de ses suivantes de venir lui tenir compagnie, mais cette péronnelle se tasse sur elle-même et ne décroche pas un mot. Rageur, il l'a renvoie auprès de sa collègue, la menaçant de renvoi s'il les entend chuchoter. Puis avec brusquerie, il ouvre les rideaux. Un long soupir lui échappe. Il s'ennuie. La ville est encore si loin !
C'est long...
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Résumé :
Novembre, mois de la fête des morts.
Superstitions et traditions se mélangent, laissant le champ libre à l'imagination. la vie s'écoule paisiblement au val d'Amblavès jusqu'à l'arrivée d'un groupe de cavaliers. Masqués, ils chevauchent à travers le pays et sèment la désolation. Sont-ils des morts revenus de I'au-delà pour achever leur temps sur terre, les émissaires d'une sorcière ou des imposteurs profitant du climat de panique pour faire train basse sur le blé du val d'Amblavès ? Tous ont un avis et personne ne s'accorde.
Barthélémy, bayle du lieu, aura plus que jamais besoin de sa compagne Ysabellis et surtout de ses dons pour dénouer cette énigme. Mais saura-t-il la protéger ?
Mon avis :
Une jolie couverture, un résumé intéressant, et la faible créature que je suis cède à la tentation. Sans aucun regret !
Nous sommes plongés dans le Moyen-Âge, dans les années 1360, une époque difficile où un simple accouchement tue. Dès les premières lignes, le vocabulaire utilisé, le mode de vie des habitants de cette petite région nous fait vivre cette période marquante de l'histoire. Pour ce qui est du vocabulaire, un petit lexique à la fin du roman vient nous éclairer sur certains termes. Nous pénétrons dans la vie quotidienne, mais aussi les périodes spéciales, comme ce mois de la fête des morts. L'auteure nous entraîne dans cette époque aux mille superstitions, toutes plus fascinantes les unes que les autres. Lætitia Bourgeois étant docteur en histoire médiévale, on peut raisonnablement penser que les faits sont cohérents avec l'Histoire. Quoiqu'il en soit, cette plongée dans la vie médiévale est tout simplement géniale.
Viennent ensuite tout un florilège de personnages, du Bayle Barthélémy, en passant par sa femme et leurs proches. Et tous, avec leurs caractères bien établis, sont touchants. Comme ce jeune papa, qui attend, anxieux, devant la porte de sa maison, la naissance de son premier enfant. Certains personnages sont plus ambigus et tout au long du roman, on se demande de qui il retourne exactement.
L'intrigue est pour le moins intéressante, car on suit les évènements sous l'oeil du Bayle, qui a bien du mal à trouver des explications rationnelles. Le silence des témoins potentiels le pousse à penser au pire, au risque d'être la risée du château, où il doit rendre des comptes à son seigneur. De mystérieux vols ont lieu mais personne ne décrit les mêmes attaquants, ce qui plonge l'enquêteur dans la plus grande perplexité. Et nous aussi par la même occasion.
La plume de l'auteur est très agréable à lire. Un peu plus complexe que les romans que je peux lire d'habitude, mais ça donne un ton très adapté à l'histoire.
C'est un roman qui m'a beaucoup plu pour l'immersion totale dans cette période de l'histoire et pour les personnages très touchants. Ce livre est le quatrième tome des aventures de Barthélémy (comme d'habitude, j'ai commencé à l'envers) et je pense me procurer les précédents pour replonger dans ce monde.
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Résumé :
Dans un monde où la magie est une rareté, la maîtriser à un prix...
Hahp en fait le difficile apprentissage à l'académie. Dans sa classe, rares sont les élèves à passer toutes les épreuves. Les autres ne seront plus de ce monde pour les féliciter.
Autrefois, la magie était interdite. Jusqu'à ce que la jolie Sadima la ressuscite, grâce à ses aptitudes exceptionnelles. Mais saura-t-elle en faire bon usage ? Ses deux acolytes sont-ils dignes de confiance ou jouent-ils les apprentis sorciers ?
Et pourquoi, au nom de la magie, des enfants sont-ils affamés et enfermés dans le noir ?Mon avis :
C'est un roman estampillé jeunesse mais sa lecture est largement adaptée aux adultes. Il n'y a pas de raccourcis trop rapides, pas de situations trop simples comme on en trouve parfois dans cette catégorie.
Dès le début du livre, nous sommes happés par la course d'un jeune garçon. Ses émotions nous envahissent, nous serrent le cœur jusqu'à en devenir presque oppressantes. Et cette constance se répète tout au long. Ce sont des chapitres très courts, qui se succèdent sans répit, et il est très difficile de s'arrêter.
Les personnages, grâce à la plume très évocatrice de l'auteur, sont très touchants : quels qu'ils soient, on comprend leurs motivations, on suit leur parcours avec le cœur serré. Car dans ce roman, tout n'est que noirceur. Dès le début du roman, un jeune enfant implore l'aide d'une magicienne pour qu'elle sauve sa mère d'un accouchement difficile. Le père et le fils patientent, et lorsque la magicienne s'en va, elle leur assure que la mère et le nouveau-né vont bien. Ils la paient grassement, au risque de souffrir de famine dans l'hiver qui vient. Et quand ils rejoignent la mère, ils découvrent que leurs maigres possessions ont été volées par la magicienne, que la mère est morte, et le nouveau-né agonisant.
De même, quand le résumé parle d'enfants affamés, ce n'est que doux euphémisme. Dans cette école, il y a réellement des enfants qui meurent de faim.
La peur et la faim sont des sentiments qui marquent ce récit, si évocateurs qu'ils rendent la lecture difficile, oppressante. Et c'est finalement ce que je reproche à ce livre. L'intrigue suscite la curiosité, l'intérêt. Le suspens est là, et l'auteur place petit à petit à les éléments qui nous permettent de comprendre le monde qu'elle a imaginé. La plume est simple mais efficace. Mais ce monde est noir, terriblement noir. Aucune lueur d'espoir, où que ce soit. Aucun espoir de fin heureuse, d'après ce que j'ai deviné grâce aux indices disséminés un peu partout.
Je lirai tout de même le second tome, je pense. Pour voir si je me suis trompée ou pas. Mais je le ferai quand je serai capable d'appréhender ce monde sans en être tourneboulée.
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