• La-compagnie-des-menteurs.gif

     

    Résumé :

     

    1348.
    La peste s'abat sur l'Angleterre. Rites païens, sacrifices rituels et religieux : tous les moyens sont bons pour tenter de conjurer le sort. Dans le pays en proie à la panique et à l'anarchie, un petit groupe de neuf personnes réunies par le plus grand des hasards essaie de gagner le nord, afin d'échapper à la contagion. Bientôt, l'un d'eux est retrouvé pendu... Alors que la mort rôde, les survivants vont devoir résoudre l'énigme de ce décès avant qu'il ne soit trop tard...

     

    Coup de coeur

     

    Mon avis :

     

    J'ai beau retourner le problème de tous les côtés, je ne vois pas comment j'aurais pu ne pas céder à un résumé comme celui-ci. Un roman qui se déroule au Moyen-Age, des meurtres mystérieux, non, vraiment, je n'aurais pas pu ne pas prendre ce livre.

    Donc encore moins de raisons de regretter.

     

    Parce qu'il faut reconnaître que l'ambiance dans ce roman est tout simplement hallucinante. Dès les premières lignes, on est plongé dans l'univers sombre et difficile de cette époque. La Peste, déjà, qui atteint les premiers ports anglais au début du récit. Une Peste qui, comme on le sait aujourd'hui (du moins, avec autant de précision que possible), aurait décimé entre 30 à 50% de la population européenne sur une période de 5 ans. Et puis, la pluie. « Les récits de témoins affirment que 1348 a été une année particulièrement mauvaise, puisqu'il a plu chaque jour depuis la Saint-Jean jusqu'à Noël ». La Saint-Jean ayant lieu le 24 juin, on imagine aisément les dégâts que peut causer une telle abondance d'eau. Les récoltes pourrissent sur pied, le bois ne sèche pas.

     

    Nous voilà donc plongés dans un univers dur, extrêmement dur. Les personnages apprennent, par les rumeurs, par ce qu'ils constatent de visu, l'avancée de la maladie, créant une atmosphère oppressante à souhait.

    Il est d'ailleurs très intéressant de voir comment la population réagit. Pour certains, ce sont les étrangers qui ont amené la Peste en Angleterre. De ce fait, notre joyeuse compagnie est confrontée à l'animosité des villages qu'elle traverse. Il y a ceux qui accusent les Juifs, l'Eglise en première, et qui a recourt à certains procédés pour le moins douteux afin de les faire avouer leur faute. Les personnages voient les maisons condamnées, marquées pour signaler la présence de la maladie dans le foyer. Ils voient aussi, parfois, sur certaines portes, les traces visibles d'une personne enfermée à l'intérieur, condamnée à mourir avec le reste de sa famille, qui a tenté de s'échapper, sans doute épargnée par l'épidémie. Mais qui n'aura pas été épargnée par la faim.

     

    Les personnages, donc, qui ont chacun leur part d'ombre. Ils fuient, tous, un événement qu'ils taisent. Et s'ils se serrent les coudes pour suivre à cette période de leur vie, ils ne laissent pas pour autant échapper le moindre indice quant aux raisons qui les poussent à regagner le nord. Pour beaucoup, l'épidémie est un bon prétexte pour s'éloigner.

    Le narrateur, un camelot qui vend des reliques « authentiques », a l’œil pourtant bien affuté et c'est avec lui qu'on découvre, peu à peu, les divers secrets de chacun. Mais... mais les morts commencent à s'accumuler autour d'eux. Il y a ce loup qui les poursuit, qui hurle la nuit sans se laisser voir. Il y a Zophiel, cet homme parfaitement antipathique, qui exhibe une sirène pour gagner sa vie. Il y a Jofre, qui boit, qui parie, qui attire invariablement des soucis à la compagnie. Il y a Cygnus, le conteur, mi-homme mi-cygne. Il y a Adela, jeune femme sur le point d'accoucher. Et il y a Narigorm, cette gamine proprement effrayante. Et les morts s'accumulent autour d'eux...

     

    Jusqu'aux dernières pages, le récit réserve des surprises. Si le début est un peu lent, s'il y a certains passages qui semblent inutile, plus on avance, plus la tension monte, jusqu'au dénouement final.

    C'est un roman sombre et oppressant, qui se dévore jusqu'aux dernières pages. Une vraie découverte, un grand moment de lecture.


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    Résumé :

     

    Ce sont des signes étranges, tracés à la peinture noire sur des portes d'appartements, dans des immeubles situés d'un bout à l'autre de Paris.
    Une sorte de grand 4 inversé, muni de deux barres sur la branche basse. En dessous, trois lettres : CTL. A première vue, on pourrait croire à l'œuvre d'un tagueur. Le commissaire Adamsberg, lui, y décèle une menace sourde, un relent maléfique. De son côté, Joss Le Guern, le Crieur de la place Edgar-Quinet, se demande qui glisse dans sa boîte à messages d'incompréhensibles annonces accompagnées d'un paiement bien au-dessus du tarif.
    Un plaisantin ou un cinglé ? Certains textes sont en latin, d'autres semblent copiés dans des ouvrages vieux de plusieurs siècles. Mais tous prédisent le retour d'un fléau venu du fond des âges...

     

    Coup de coeur

     

    Mon avis :

     

    Aaaahhh !! Fred Vargas !! Mais pourquoi suis-je si bornée à m'arrêter à des préjugés ? J'aurais pu découvrir cette auteure bien plus tôt !

     

    Bon, le vrai défi, là, ça va être d'éviter de se contenter d'un « C'est génial ». Même si ça résumerait plutôt bien mon avis.

    Fred Vargas s'attaque une nouvelle fois aux mythes et aux croyances populaires. Après l'excellent L'homme à l'envers et le non moins excellent Un lieu incertain, elle nous dresse ici la peur primaire de la peste. Comme si l'Homme pouvait garder la peur d'un événement qu'il n'a jamais vécu.

     

    La galerie de personnages originaux est toujours là, de l'ancien marin et ex-taulard devenu crieur public à l'ancienne prostituée devenue protectrice d'une collocation. Toujours originaux, donc mais jamais trop.

    Le commissaire Adamsberg, toujours présent lui aussi, si atypique, si surprenant dans sa manière de procéder, tout simplement génial.

    Et puis, l'intrigue, comme toujours prenante. Et je suis toujours incapable de voir où elle veut nous mener.

    Et puis, bon, voilà quoi. C'est magique, on plonge dans un monde à la fois proche du notre et complètement différent. On adhère, on est pris au jeu, et on dévore littéralement le livre. Et à la fin, il reste toujours ce goût de « reviens-y ».

    Quant à ma résolution de ne pas lire tous les livres de Fred Vargas en trois mois, elle a déjà du plomb dans l'aile.


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  • porte du cachot

     

    Avec difficulté, tentant de masquer les preuves de ses cauchemars, il se lève et va ouvrir. C'est Pèire, visiblement agité, qui se tient sur le seuil.

    - Un gamin demande à te voir immédiatement.

    Il prend tout juste le temps de se passer un peu d'eau sur le visage, pour chasser les derniers relents de cauchemar, puis dévale les escaliers à la suite du tavernier. Il y a quelques ivrognes dans la salle principale, installés autour d'un jeu de dé. Ils ne leur prête aucune attention. Assis au comptoir, un gamin dévore une miche de pain et du jambon avec une telle frénésie qu'Elland hésite à l'interrompre. Il doit avoir six ou sept ans. Sa maigreur et l'état de ses habits confirment l'idée d'Elland : c'est bien un gamin des rues. Et il cesse de manger de lui-même lorsqu'il aperçoit le voleur. Glissant les victuailles dans ses poches, il descend souplement du tabouret bien trop haut pour lui et se précipite vers Elland. Puis, d'une voix frêle, il lui annonce :

    - J'dois t'emm'ner vers Osvan. Il va pas bien.

    Un simple hochement de tête et le voleur se précipite à la suite du gamin. Ils parcourent les ruelles à grande vitesse, sans s'inquiéter des badauds qui leur lancent des regards noirs quand ils les bousculent. S'enfonçant dans les dédales des ruelles, Elland ne quitte pas du regard son guide, au risque de se perdre. Peiné, il repense à Osvan, trempé et espère qu'il n'a pas attrapé un coup de froid. Et il regrette. Il regrette terriblement de ne pas avoir forcé Osvan à venir avec lui à la taverne, de ne pas lui avoir offert un repas chaud et un gîte quelques jours.

    Son guide s'avance dans les quartiers les plus sombres de la ville, où les immeubles ne sont que des taudis qui menacent de s'effondrer à tout instant. La misère est tellement présente qu'elle en est presque palpable. Et pourtant, les gens s'invectivent, les enfants jouent en riant, les hommes avinés font la cour aux femmes. L'oeil averti d'Elland repère quelques gamins, dispersés dans certaines zones stratégiques : les guetteurs. Ils approchent du repaire des gamins.

    Le gosse l'entraîne dans un immeuble délabré, passe directement dans la cour principale, puis se glisse dans une ouverture à peine assez grande pour Elland. Enfin, ils débouchent dans une immense cave, au plafond voûté. A côté de nombreuses paillasses disposées sur le sol, quelques affaires sont posées, sans doute les trésors des occupants. L'air est humide, suffoquant, et une odeur désagréable imprègne les lieux. Le sol est en terre battue : lors des grosses pluies d'automne, l'eau doit sans doute s’infiltrer jusque là. Le peu de lumière permettant de distinguer le décor provient de petites fenêtres, donnant sur les rues adjacentes.

    Il y a de nombreux gamins, malgré ce milieu d'après-midi. Certains dorment, roulés en boule sur leur paillasse. D'autres discutent, en chuchotant, à l'écart des dormeurs. Le guide ne laisse pas à Elland le temps de chercher du regard Osvan, il l'emmène directement vers une petite forme étendue de tout son long.

    La gorge d'Elland se noue à la vision du gamin. Ce n'est pas un coup de froid qui l'a terrassé. Son visage est boursouflé, couvert d'hématomes et de sang séché. Avec horreur, en enlevant le draps qui recouvre l'enfant, Elland découvre des marques similaires sur l'ensemble de son corps. Non, ce n'est pas une simple grippe. Il a été passé à tabac.

    Les plaies sont purulentes, rouges et brûlantes. Sa respiration est sifflante et ses lèvres sont desséchées. Osvan ne réagit même pas lorsque Elland passe une main douce dans ses cheveux, le seul endroit où il pense ne pas le blesser en le touchant. Une colère froide monte en lui et elle doit se percevoir dans sa voix quand il demande :


    - Qui lui a fait ça ?
    - Des adultes. J'sais pas qui.
    - Je l'emmène chez un médecin. Aide-moi.

    Le gamin hésite un instant, observe Elland comme s'il pouvait savoir, uniquement à son expression, s'il doit lui faire confiance ou non. Puis son regard se porte sur le blessé, et après avoir déglutit bruyamment, il hoche doucement la tête. Avec mille précautions, Elland enveloppe Osvan d'un drap puis le prend dans ses bras. Alors qu'il allait retourner à l'entrée par laquelle ils sont arrivés, le gamin lui fait signe de le suivre.

    Osvan ne pèse pas bien lourd, mais les précautions qu'Elland prend pour ne pas trop le secouer tirent sur ses muscles. Malgré cela, le gamin gémit doucement à chaque pas, faisant culpabiliser Elland. Ils arrivent devant une porte, dissimulée par un tissu raidi par la saleté. Le gamin avance plus lentement, lui indiquant sur quelle marche il peut poser le pied. Il le met également en garde : il ne doit surtout pas toucher les murs. Dans l'obscurité, Elland ne distingue rien mais il devine que les lieux sont piégés, pour dissuader tout intrus de s'introduire dans le repaire.

    Puis c'est une succession de portes, d'escaliers et de couloirs alambiqués qui leur permettre de rejoindre la rue. Bien loin de l'endroit où ils sont rentrés. Le gamin reste dans le renfoncement de la porte, hésitant. Quand Elland lui propose de l'accompagner, il refuse fermement.

    - Passe à la taverne quand tu veux, alors. Nous te donnerons des nouvelles.


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  • Les-deniers-du-Gevaudan.gif

     

     

    Résumé :

     

    En octobre 1363, dans le village cévenol de Marcouls, noyé de brouillard et de givre, les paysans luttent quotidiennement pour leur survie harcelés par les épidémies de peste, la guerre, les pillages, les rigueurs de l'hiver et les lourds tributs auxquels ils sont soumis.
    Lorsqu'un collecteur d'impôts est porté disparu, toute la communauté est immédiatement soupçonnée. Mais un jeune habitant du village, Barthélemy, sergent de justice obstiné et risque-tout, prend l'affaire en main avec l'aide de son amie, une guérisseuse aussi rebelle que talentueuse, la belle Ysabellis. Ils n'ont qu'une semaine pour découvrir la vérité, sans quoi, les habitants de la vallée seront passés à la terrible " question ", dans les geôles du château seigneurial...

     

    challenge polar historiques

     

    Coup de coeur

     

    Mon avis :

     

    Après l'excellent La chasse Sauvage , qui m'avait vraiment plu, je m'étais procurée les tomes précédents des enquêtes de Barthélemy. Et puis, comme une friandise qu'on adore, je les avais laissé de côté pour mieux les savourer plus tard.

    Le challenge Polars Historiques auquel je participe m'a fait cédé à la tentation et j'ai entamé Les Deniers du Gévaudan avec avidité. Et quel plaisir !

     

    Dès les premières pages, le ton est donné, terriblement réaliste. Nous sommes dans un petit village qui se prépare à l'hiver. Le Seigneur des lieux vient et interroge les habitants sur le passage du collecteur des impôts. Devant leur ignorance, et pour préserver le responsable de la collecte du village, le jeune Barthélemy se propose pour mener l'enquête. Et s'il n'obtient pas de résultats dans la semaine, les villageois seront « interrogés ». Et ils devront bien évidemment repayer les taxes.

     

    On imagine sans peine ce que signifie repayer les taxes quand les précédentes ont déjà largement compromis leurs chances de passer un hiver serein...

     

    Le roman se lit d'une traite. Les personnages sont tous terriblement attachants. L'auteur sait donner une consistance parfaitement crédible aux divers personnages et à cette vie de village, où rumeurs et ragots sont la principale source d'information. Barthélemy me plait énormément, pour son courage et son impertinence. Ysabelis est toute aussi attachante, indépendante comme elle est, maligne et pas toujours très respectueuse de la morale.

     

     

    L'enquête est vraiment bien menée et on suit avec avidité les pérégrinations du sergent jusqu'à découvrir le coupable. J'ai refermé ce livre avec le sourire aux lèvres, et une irrépressible envie de lire la suite. Je suis faible.

     

     

    Bon à savoir :

     

    L'auteur a un blog et le tient régulièrement à jour. Allez y faire un tour ;)


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  • Coeur-d-encre.gif

     

     

    Résumé :

     

    Meggie, douze ans, vit seule avec son père, Mo.
    Comme lui, elle a une passion pour les livres. Mais pourquoi Mo ne lit-il plus d'histoires à voix haute ? Ses livres auraient-ils un secret ? Leurs mots auraient-ils un pouvoir ? Un soir, un étrange personnage frappe à leur porte. Alors commence pour Meggie et Mo une extraordinaire aventure, encore plus folle que celles que racontent les livres. Et leur vie va changer pour toujours... Le premier tome d'une magnifique trilogie fantastique, par un célèbre auteur contemporain.
    Lire n'a jamais été aussi fascinant - et aussi dangereux.

     

    Perplexe

     

    Mon avis :

     

    Ce livre m'a été plus d'une fois conseillé pour sa qualité. Alors j'ai tenté le coup. Le bilan est plutôt mitigé.

     

    J'ai beaucoup aimé les idées de départ, à savoir la possibilité de donner vie aux personnages de roman rien qu'en lisant le roman à voix haute. De même, j'adore les deux personnages, Mo et Meggie. Leur amour pour les livres ne peut que me parler et me toucher. J'ai adoré la ''valise-essentiels'', qui contient les livres les plus importants pour Meggie, et qui ne la quitte jamais quand elle doit voyager.

     

    Et si l'idée de départ, à la base alléchante, m'a plu, la quantité infinie de possibilités qu'elle offre, et surtout l'impuissance de Mo pour contrôler la chose m'a quelque peu perturbé. Que deviennent les personnages du roman quand ils jaillissent dans notre monde ? Le roman se poursuit comme si de rien n'était ? Et quid des personnes qui sont happées par le livre ? De simples figurants dans le récit ?

    L'auteur est plutôt avar en explications et ça m'a perturbé. Un peu comme s'il en gardait sous le coude, au cas où.

     

    Et puis, l'intrigue en elle-même. Autant j'ai aimé les premières parties, où les personnages se mettent en place, où les méchants se dévoilent et il devient clair qu'ils doivent être éliminés. Autant, je l'avoue, j'ai eu du mal sur la longueur. Sans spoiler, disons que je trouve que l'auteur fait trop durer les choses. Plus rapide, plus percutant, voilà ce que j'aurais préféré.

     

    Alors oui, ce roman a été une bonne découverte, et j'ai globalement passé un bon moment. Mais je l'ai trouvé longuet, et un peu trop... facile. Dommage.


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  • judipich-savant-fou-19471.png

     

    - De moi ? Elle a dit quoi ?
    - Qu'elle ne s'attendait pas à te voir. Que tu étais un « élément surprenant ».

    Ils rangent les herbes dans leurs pots respectifs, mettent de côté les ustensiles sales, nettoient la table tandis que Théoliste raconte. D'après ce qu'il en a compris, Jehanne devait absolument quitter la ville, c'est pour cette raison qu'elle a trouvé refuge dans la tour maudite, au milieu de la forêt. L'ancienne demeure d'un de ses amis, d'après ce qu'il en a compris.

    Seule, isolée, terrifiée par ses poursuivants, elle a voulu renouer le contact avec ses créatures. Mais elle n'a qu'à moitié réussi, et une seule d'entre elles est venue. Théoliste raconte, avec amusement, la surprise qu'elle a eu en voyant un homme sur le dos d'Echidna. C'est pour ça qu'elle lui a lancé un sort, pour le réduire à l'impuissance et décider de la conduite à tenir. Et en le voyant là, inconscient, elle a estimé que c'était une trop belle occasion : elle s'en est servi de cobaye pour tester la salive des gargouilles.

    Théoliste s'emballe soudain, répétant à quel point cette salive est fascinante. Ses yeux brillent de curiosité et il s'agite, faisant de grand gestes. Elland, amusé, n'ose pas l'interrompre, même lorsque Jehanne sort de sa torpeur et vient leur prêter main forte.
    A eux trois, ils ont vite fait de tout ranger, tout nettoyer. Ne restent que les victimes de leurs expériences, ces meubles maltraités qui rejoindront le cimetière d'éclopés au grenier.

    Leur laissant un peu d'intimité pour faire un brin de toilette, Elland regagne son repaire. Cet intermède lui a permis de prendre un peu de recul sur l'enquête. Certes, ils n'ont pas encore retrouvé Ménandre mais au moins, ils avancent. Lentement, mais sûrement.
    Lui aussi fait un brin de toilette : certaines galeries étaient envahies par les toiles d'araignées, et l'odeur l'a suivi jusqu'ici, malgré celle, tenace, des expériences.

    Une fois prêt, il redescend à la salle principale, où l'attendent Pèire, Jehanne et Théoliste. Elland connaît trop de personnes qui souffrent de la faim pour gaspiller de la nourriture, mais le cœur n'y est pas. Le déjeuner a beau être délicieux, il pioche dedans, le ventre noué. Que peuvent-ils faire désormais pour retrouver Ménandre ? L'ambiance est lourde, autour de la table. Pèire est toujours grognon, Théoliste tente de se faire tout petit et semble lui aussi avoir l'appétit coupé. Quant à Jehanne, elle mange sans bruit, visiblement ravie d'avoir un bon plat sur table. De ce fait, ils déjeunent rapidement, dans un silence pesant. Une fois le repas terminé, Théoliste annonce qu'il a des patients à visiter. Jehanne, elle, regarde Pèire avec un air de chien battu, et ce dernier ne résiste pas : il lui promet de passer une partie de l'après-midi avec elle. Elland commence à ressentir de la fatigue, aussi indique-t-il à ses amis qu'il va se reposer quelques heures. Mais il ne leur dit pas qu'il espère que le sommeil lui apportera conseil, et qu'il aura plus d'idées pour mettre la main sur le gamin.

    Sa tanière lui semble presque étrangère : après être resté cloitré à l'intérieur pendant des journées entières, il n'y passe plus que quelques heures de temps en temps depuis l'enlèvement. Debout au milieu de la pièce, il n'arrive pas à se réjouir d'avoir un chez-lui sûr et accueillant. Ce sera pour plus tard, quand cette affaire sera terminée. Il s'avance jusqu'à la lucarne, d'où il aperçoit Echidna, figée, qui semble veiller sur la rue. S'ils doivent explorer tous les souterrains, ses moments de complicité avec la gargouille vont se réduire comme peau de chagrin. Cette certitude achève de le démoraliser et c'est en soupirant qu'il va s'allonger sur le lit. Il y a bien une chose qu'ils pourraient faire : capturer l'un des hommes de Tanorède et le faire parler, qu'importent les moyens déployés. Mais il ne peut pas se résoudre à recourir à la torture, pas après l'avoir vécue. Quand bien même il s'agit d'assassins et de voleur d'enfants. Il ne peut pas.

    Ses pensées tournent sans répit dans son esprit, toujours plus défaitistes, jusqu'à ce que le sommeil l'emporte. Mais ce n'est pas un sommeil calme et reposant : le Comain, comme toujours, est présent, accompagné par le gamin. Et c'est en sueur qu'il se redresse soudainement sur son lit, parcouru de frissons d'épouvante, le souffle court. Se prenant la tête entre les mains, il est sur le point de se laisser au désespoir quand des coups sont frappés à la porte.


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  • little-bird.gif

     

     

     

    Résumé :

     

    Après vingt-quatre années au bureau du shérif du comté d'Absaroka, Walt Longmire aspire à finir sa carrière en paix.
    Ses espoirs s'envolent quand on découvre le corps de Cody Pritchard près de la réserve cheyenne. Deux ans auparavant, Cody avait été un des quatre adolescents condamnés avec sursis pour le viol d'une jeune Indienne, un jugement qui avait avivé les tensions entre les deux communautés. Aujourd'hui, il semble que quelqu'un cherche à venger la jeune fille. Alors que se prépare un violent blizzard, Walt devra parcourir les vastes étendues du Wyoming sur la piste d'un assassin déterminé à parvenir à ses fins.
    Avec ce premier volet des aventures du shérif mélancolique et désabusé, Walt Longmire, Craig Johnson s'impose d'emblée parmi les plus grands.

     

    Coup de coeur

     

    Mon avis :

     

    J'avais un peu peur du cliché du vieux flic proche de la retraite mais le résumé, et le conseil d'une amie m'ont convaincus.

     

    Et je ne le regrette pas.

    J'ai beaucoup aimé l'atmosphère qui se dégage du livre. Ça vient déjà de l'environnement dans lequel se passe le roman. Prise de curiosité, je suis allée faire un tour sur internet pour mieux visualiser les paysages, et ça a été un vrai coup de cœur.

     

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    Et l'auteur intègre le froid, la tempête, la neige pour nous happer dans ce paysage de rêve.

    Et puis, bien sûr, il y a cette fresque sociale dépeinte avec beaucoup de savoir faire. Les relations compliquées entre les Indiens et les Blancs, cette ségrégation qui continue malgré les années qui passent.

    J'ai beaucoup aimé le meilleur ami de Longmire, l'auteur a su me toucher avec cet Indien. Les deux amis sont des vétérans de la guerre du Vietnam, et si l'auteur n'aborde le sujet que par petites touches, on sent bien à quel point ils ont été marqués par cette guerre.

     

    L'autre grand point positif à mon avis, c'est l'ironie cinglante dont fait preuve l'auteur. Le narrateur, Longmire, ne s'embarrasse jamais du politiquement correct et n'hésite pas à dire ce qu'il pense, toujours d'un ton mordant. C'est ce qui rend ce vieux flic si attachant. Ou même l'auto-dérision dont fait preuve le narrateur :

     

    «  Et puis, j'avais un rideau de douche. Je ne connais pas bien les lois de la physique dynamique qui font que le rideau de douche se colle à votre corps dès que vous ouvrez l'eau, mais comme ma cabine de douche était entourée de rideaux sur les quatre côtés, dès que j'ouvris le robinet, je me transformai en burrito de vinyl au shérif scellé sous vide »

     

    Et puis, bien sûr, il y a l'intrigue. Et là, on se pose plein de questions en même temps que le shérif. Si c'est vraiment une vengeance, peut-on réellement blâmer l'auteur de ce meurtre quand on sait la peine ridicule dont ont écopé les coupables ?

     

    Quoiqu'il en soit, ce fut une très belle découverte. Un roman envoûtant avec des personnages réellement attachants. Au point que je me demande si j'arriverais à patienter jusqu'à la sortie en poche du prochain opus.


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  • the-cryptkeeper

     

     

    Malgré la fenêtre ouverte, un nuage de fumée plane au dessus de Théoliste et Jehanne, comme annonciateur de funestes évènements. Une chaise gît, démembrée et noircie, dans un coin de la pièce. Ce qui était un lit confortable est devenu un gouffre calciné, encore fumant. Seule l'armoire, bien que étrangement penchée en arrière et légèrement striée de brûlures, tient encore debout. Autour d'une table miraculeusement intacte, se tiennent le guérisseur et Jehanne.

    Trop occupés, ils n'ont pas remarqué l'entrée des trois amis. Le visage noir de suie, les sourcils brûlés, les cheveux hirsutes, ils sont plongés dans l'élaboration d'une potion de leur invention. A intervalle régulier, Théoliste marmonne « Fascinant, c'est proprement fascinant ». Les trois comparses se regardent, atterrés. Qu'ont-ils fait en laissant les deux seuls ?

    Pèire s'éclaircit la voix, les faisant sursauter. Aussitôt, Théoliste s'approche, agité, et débite une succession de phrases sans queue ni tête, où revient un peu trop souvent le mot « fascinant ». Mais le regard du tavernier, brasier de fureur, lui fait rapidement reprendre ses esprits. Jehanne est allée s'accroupir contre le mur, et se balance lentement d'avant en arrière en marmonnant une étrange mélopée. Le guérisseur, lui, a le bon sens de paraître contrit, ne serait-ce qu'un peu. Et sous le regard insistant de Pèire, il explique :


    - Nous avons longuement parlé tous les deux. Elle m'a reparlé de la création des gargouilles. Puis nous avons abordé le sujet des plantes et des potions. Tu comprends, Pèire, je ne pouvais pas passer à côté d'une telle occasion ! Je devais savoir ! Alors, guidé par Jehanne, j'ai fait quelques essais pour trouver une potion efficace contre les douleurs. Et contre certaines maladies.

    Le silence de Pèire est éloquent. Visiblement, les « essais » ont été périlleux, et ont mis en danger sa taverne. Et ça ne lui plait pas. Théoliste en a conscience car il se justifie aussitôt :

    - Je voulais emmener Jehanne chez Anthelme : il a une pièce prévue pour les préparations diverses et variées. Une pièce qui ne craint rien. Mais elle n'a pas voulu. Elle a peur de sortir et de croiser des gardes. Je ne pouvais quand même pas la forcer, si ?
    - Non. Mais tu n'étais pas obligé de terrorisé mon personnel, de répandre une odeur de mort dans ma taverne et de saccager la pièce.

    Le silence s'installe quelques secondes. Le guérisseur se dandine sur ses pieds, la tête baissée, comme un gamin disputé pour sa bêtise. Elland, amusé, à le temps de voir que sa tunique, tendue sur son ventre imposant, est roussie. Mais la voix de Pèire le tire de sa contemplation :

    - Vous auriez pu vous tuer.

    Il ne rajoute rien, laissant la phrase flotter dans l'air au milieu du nuage de fumée. Voilà pourquoi il est en colère. Il a eu peur pour eux. Elland sait bien qu'il n'accorde qu'une faible importance au mobilier ou à l'odeur nauséabonde. Mais Théoliste est son ami, et Jehanne, bien qu'il ne la connaisse encore que par les yeux d'Echidna, compte déjà beaucoup pour lui. S'ils étaient rentrés et avaient découvert les corps sans vie de leurs amis...

    - Je suis désolé Pèire. Je remplacerai les meubles abîmés. Et nous ne ferons plus d'expérience sans prendre plus de précautions, je te le promets.

    Le concerné bougonne, ronchonne, mais n'insiste pas. Il se contente de lâcher :

    - Très bien. Nettoyez vos dégâts et faites un peu de toilette. On se retrouve pour déjeuner.

    Et sans ajouter rien de plus, il tourne les talons et redescend dans la salle principale. Thémus, étrangement discret, se contente de leur annoncer qu'il rentrer déjeuner avec sa femme, et qu'il sera de retour en début d'après-midi. Elland, lui, vient prêter main forte au guérisseur visiblement très affecté par la semonce. Il erre dans la chambre dévastée, perdu, mortifié. Jehanne, elle, n'a pas bougé et semble partie dans son monde. Alors Elland s'approche doucement de Théoliste et tente de le rassurer :

    - Il ne t'en veut pas vraiment, tu sais. Il a juste eu très peur.
    -C'était stupide. Je n'aurais jamais dû insister pour qu'on fasse des expériences. C'était … stupide.
    - Tu devais surveiller Jehanne et c'est ce que tu as fait. D'accord, elle n'était pas forcément très en sécurité, mais au moins, elle est toujours là. Et je suis sûr que tu as pu apprendre plein de choses avec elle.
    - Ça oui. Elle m'a parlé de toi.


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    Résumé :

     

    " Victor, mauvais sort, que fais-tu dehors ? " Depuis quatre mois, cette phrase accompagne des cercles bleus qui surgissent la nuit, tracés à la craie sur les trottoirs de Paris.
    Au centre de ces cercles, prisonniers, un débris, un déchet, un objet perdu : trombone, bougie, pince à épiler, patte de pigeon... Le phénomène fait les délices des journalistes et de quelques psychiatres qui théorisent un maniaque, un joueur. Le commissaire Adamsberg, lui, ne rit pas. Ces cercles et leur contenu hétéroclite sont de mauvais augure. Il le sait, il le sent : bientôt, de l'anodin saugrenu on passera au tragique.
    Il n'a pas tort. Un matin, c'est le cadavre d'une femme égorgée que l'on trouve au milieu d'un de ces cercles bleus.

     

    Sympa!

     

    Mon avis :

     

    C'est le troisième roman de Fred Vargas et le tout premier qui voit apparaître le commissaire Adamsberg. Comme je l'avais dans ma bibliothèque, que je l'avais lu il y a bien, bien longtemps, et que je souhaite découvrir tout l'univers de Fred Vargas, je me suis lancée.

     

    On sent déjà la patte de Vargas dans ce roman. Quel commissaire, dans la réalité ou dans la fiction, s'intéresserait à ces fameux cercles bleus ? Quel commissaire irait mandater le photographe pour qu'il consigne soigneusement chaque apparition ?

     

    On retrouve aussi la galerie de personnages qui m'ont fait tant aimé Vargas : des personnages marqués par la vie, riches, complexes, toujours originaux.

     

    L'intrigue est tout aussi savoureuse que les autres. Et comme toujours, j'ai été incapable de deviner le meurtrier à l'avance.

     

    Mais sa plume a largement évolué : les dialogues sont bien, mais moins percutants que dans les romans suivants. Les descriptions sont parfois un peu longues.

    Disons que j'ai trouvé la lecture un peu laborieuse, après avoir lu ses romans plus récents.

     

    Mais on sent tout de même la patte de Fred Vargas, et ça en fait un excellent livre.


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    http://www.livraddict.com/images/logos/livraddict_logo_big.png

     

     

     

    http://data0.eklablog.com/samlor-en-livre/mod_article4704216_11.jpg?2393

     

     

    Et voilà, je me lance dans mon tout premier challenge. Il s'agit donc de lire des polars historiques et de partager avec les autres participants nos avis, ainsi que nos découvertes (Je sens que ma résolution de baisser ma PaL va en pâtir )

     

    J'ai décidé de viser le niveau Fronsac, c'est-à-dire lire 10 romans historiques. Etant donné que ce challenge est illimité dans le temps, je ne prends pas trop de risques !

    Voici les romans que j'ai lu :

     
                                                                                                                            

                                                                            

                                                                      

     

     

            La-Chasse-Sauvage   Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles

     

     

     

      Le diable de GlasgowLe parchemin disparu de Maitre Richard

     

     

     

     

     

     

     

    La danse des illusions

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     L'énigme des Blancs-Manteaux 

     

     

     

     

    Car voici que le jour vient 

     

    Les guerriers fauves 

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le bûcher de Saint Enoch

     

    Coup de chien

    Le vampire de la rue des Pistoles 

     

    Spes Ultima Dea

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le sceau de Vladimir

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    L'homme masqué 

    La parure byzantine

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    ambre mortel

     

     

    D'une pierre deux coups  Echec au sénat

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La nuit des ondines

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La justice de l'inconscient 

     Absolution par le meurtre

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La nef des damnés

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le prix de l'hérésie

     

      Les enfants perdus de l'empire

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    L'étrangleur de Catet Street

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le maitre des gargouilles L'énigme du second prince

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le mystère de callander square 

     

     

     

    Le suaire de l'archevêque 

      Mort d'un trimardeur

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    L'espion du prince Oleg 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le Mystère Millow 

    La mort en embuscade..

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Un seigneur en otage

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La fourche du diable 

      Les fables de sang

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

      Le crime de Paragon Walk

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Les cinq royaumes 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Et voici les blogs des participants au challenge :

     

    Samlor, la créatrice du challenge

    Niveau Le Floch   : Ceinwin

    Niveau Le Floch  :  erine6

    Niveau Fronsac    :  Estellecalim
    Niveau ?                :  Juliah
    Niveau Le Floch   :  Marmeline

    Niveau Tan : Nathali

    Niveau Fronsac : Nono in the sky

    Niveau Fronsac : Auudrey

    Niveau Tan : Opaline

    Niveau Fronsac : Achille49

    Niveau Fronsac : Felina

    Niveau Le Floch : lecturevvv

    Niveau tan : Clemence

    Niveau Le Floch : Valou076

    Niveau le Floch : Valbouquine

    Niveau le Floch : argali

    Niveau Fronsac : Mazel

    Niveau Tan : George

    Niveau le Floch : milena19

    Niveau le Floch : nag


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