• Rivemorte, Chap.61

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    Ils sortent par derrière, où les attend Echidna. Elle jette un regard interrogateur à Elland, avant de se focaliser sur Pèire. Ils échangent silencieusement pendant quelques minutes, avant que la gargouille ne s'envole. Pèire, d'un ton rassurant, leur annonce qu'elle va patrouiller seule, en attendant qu'ils sortent de la taverne.

    En se rendant dans le quartier, plus animé, du Chaudron Fondu, Elland ne peut s'empêcher de penser qu'il s'éloigne d'Echidna. Quand ils n'étaient que tous les deux, elle était toute sa vie. Il pouvait passer des heures à la regarder figée et survoler la ville toute la nuit durant pour le simple plaisir d'être avec elle. Mais maintenant qu'il y a Pèire, Thémus, Théoliste et Ménandre, il a moins de temps à lui consacrer. Et elle lui manque terriblement. Dès qu'ils auront retrouvé le gamin, il prendra quelques jours pour n'être qu'avec elle et se faire pardonner de son absence.

    Ils arrivent déjà devant la taverne la plus renommée de Rivemorte. Située à l'angle d'un carrefour fréquenté, ses façades donnent sur les deux rues. Une porte pour chaque rue, afin de gérer le flot incessant de clients qui rentrent et qui sortent. Et devant chacune des portes, des gardes sont postés pour assurer la sécurité des clients et des riverains. Car dans cette taverne, l'alcool coule à flots et nombreuses étaient les escarmouches entre clients enivrés et badauds. Lorsque les cadavres se sont accumulés, le gouverneur a passé un accord avec le tenancier de la taverne, lui allouant ses hommes pour préserver la sécurité de tous.
    Les quatre gardes qui surveillent l'entrée sud détaillent longuement les trois amis avant de les laisser rentrer. C'est un poste envié, dans la garde, car ils n'ont pas à parcourir les rues dans tous les sens. Et la nourriture et la boisson sont aux frais de la taverne.

    L'intérieur de la taverne est immense. D'innombrables tables remplissent tout l'espace et le long des murs brûlent de multiples lanternes. Il leur faut de longues minutes avant de trouver une table libre. Dans un coin de la salle, un musicien essaie tant bien que mal de couvrir le brouhaha ambiant avec des rengaines populaires. Les serveuses, aux vêtements très suggestifs, vont et viennent entre les tables avec de grands sourires. Et bon nombre de clients n'ont d'yeux que pour elles. Plus tard dans la soirée, quand la Grand Tour Célestis aura annoncé les douze coups de minuit, des danseuses viendront enflammer les clients.

    Pèire et Elland s'absorbent dans l'observation, toute professionnelle évidemment, des serveuses. Théoliste, lui, scrute la foule à la recherche de Thémus et lorsqu'il l'aperçoit, lui fait signe de les rejoindre. Dès qu'il s'installe avec eux, Elland et Pèire reportent leur attention sur lui. Se penchant sur le plateau de bois, il leur annonce :

    - Tout est réglé. L'homme dont je vous parlais se dirige actuellement vers notre cible. Il a parfaitement compris la situation et connait toutes les questions à poser.
    - Et tu lui fais entièrement confiance ?
    - Oui Elland. Il aura toutes les réponses, sinon plus. Faisons bonne figure ici. Nous devons avoir l'air de nous amuser. On partira d'ici deux heures, c'est largement suffisant pour qu'il termine sa mission.

    L'arrivée d'une magnifique serveuse, aux cheveux bruns cascadant jusqu'en bas de son dos et aux prunelles envoûtantes, les interrompt. Elle prend leur commande et malgré son départ, ils ne reparlent pas du sujet qui les préoccupent : trop d'oreilles indiscrètes pourraient les entendre en dépit du vacarme ambiant.

    Théoliste engage la conversation, abordant un thème bien plus léger que d'habitude. Et les bières les aident à oublier, l'espace d'un moment, le sort du gamin. Elland était réticent à s'amuser alors que Ménandre risque sa vie. Mais cette solution est la plus sûre pour tous et il doit admettre qu'elle sera bien plus utile qu'une patrouille dans la ville. Et puis, il pourra toujours le faire une fois qu'ils seront sortis.

    La bière est fraîche et légère, et la serveuse toujours présente pour leur en proposer une nouvelle chope. L'alcool aidant, la conversation se fait plus frivole. Et bientôt, ils rient aux éclats, donnant parfaitement l'impression d'être un groupe d'amis venus boire et s'amuser après une longue journée de labeur.

    Les heures défilent, les chopes de bière également et c'est Thémus qui, dans un éclair de lucidité, réalise que le temps consacré à l'alibi est terminé. Ils prennent tout de même le temps de boire une dernière bière avant de payer et de se lever. La taverne est comble désormais mais le brouhaha semble s'être atténué. Une magie est à l’œuvre également : les lanternes semblent danser langoureusement le long des murs. Et le sol lui aussi accompagne d'un déhanché aguicheur la ritournelle jouée par le musicien. Le trajet jusqu'à la sortie est semé d'embuches qui apparaissent traîtreusement au dernier moment. C'est au prix de mille précautions et esquives qu'ils parviennent indemnes dans la rue.

    Les gardes leur jettent un regard désabusé, habitués qu'ils sont à voir des ivrognes tous les soirs. D'une démarche chaloupée, titubant joyeusement, les quatre compères s'avancent dans la rue, avec la ferme intention de regagner un endroit sûr pour essayer de mettre au point un plan d'action pour la nuit. C'est alors qu'une menace jaillit de l'obscurité, fondant sur eux à une vitesse inhumaine.
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