• Rivemorte, Chap.69

     

     

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    L'orage s'est enfin éloigné et laisse derrière lui des ruelles détrempées. Le ciel s'est légèrement éclaircit mais le soleil se cache toujours, sans doute par peur d'un retour inopiné de son ennemi. Les habitants vaquent à nouveau à leurs occupations, donnant l'impression que la ville reprend vie.

    C'est avec un frisson d'appréhension et des souvenirs plein la tête qu'Elland arrive, accompagné de ses amis, dans la ruelle de l'attaque. Les corps ont été emmenés il y a bien longtemps, et l'orage a lavé le sang qui marquait les pavés. Comme si elle était toujours là, Elland voit encore la petite chaussure abandonnée sur le sol. D'un geste machinal, le regard dans le vague, le voleur porte une main à sa joue désormais marquée à vie. Si seulement...

    Théoliste, dans un geste de soutien silencieux, vient se placer à ses côtés et pose une main sur son épaule. Il obtient, en guise de remerciement, un maigre sourire. Puis c'est Thémus qui brise le silence en annonçant que, pour une plus grande efficacité, ils devraient se séparer. Elland les conduit jusqu'au bout de la ruelle, par où l'homme est passé. Thémus et Pèire prennent la première ruelle à gauche, Théoliste et Elland celle de droite. Ils se donnent rendez-vous, à la tombée de la nuit, à l'Hermine Affamée, avant de se séparer.

    Pendant de longues heures, Elland et le guérisseur parcourent chaque pavé, interrogeant les passants, s'aventurant dans les cours intérieures, traquant la moindre piste, le moindre indice. Des indications, ils en ont bien eut quelque unes, mais elles ne menaient nulle part. Combien de fois ont-ils cru toucher au but, renseignés par une vieille femme ou un vendeur ambulant, qui leur assurait avoir vu quelque chose ? Pour, au final, ne trouver qu'une fausse piste...

    Finalement, c'est Théoliste qui, s'arrêtant pour acheter un sachet de noix décortiquées, leur permet de trouver un témoignage utile. La vendeuse, une jeune femme maigre comme un clou, leur dit avoir vu un homme portant un enfant dans ses bras. Mais l'enfant était endormi, ce qui lui avait paru bizarre en ce milieu d'après-midi. Elle l'avait vu partir en direction du quartier plus pauvre. Avidement, ils suivent ses indications. Puis c'est un ferratier qui, interrompant quelques minutes son dur labeur, leur dit avoir vu un homme portant un gamin endormi dans les bras.

    Tandis qu'ils s'avancent dans la direction indiquée, ils échangent leurs inquiétudes. Elland ne peut pas donner de description précise du ravisseur, les évènements formant un mélange flou dans sa mémoire, mais un homme, portant un gamin ressemblant à Ménandre dans ses bras, à cet endroit et à ce moment de la journée, il ne doit pas en avoir tant que ça. Ils sont donc presque sûrs qu'il s'agit de Ménandre. Mais pourquoi dormirait-il alors qu'il est en train de se faire enlever ? Le ravisseur l'a-t-il assommé ? Alors qu'il le portait et qu'il s'enfuyait ? Ou venait-il de lui tordre le cou pour aller se débarrasser du corps plus loin ? Mais personne n'avait retrouvé le corps d'un gamin... Le gardent-ils comme un odieux trophée ?

    A mesure qu'ils traversent les ruelles, ils interrogent passants et commerçants, essayant de faire taire leurs craintes. Une vieille femme, au sourire édenté, leur raconte avec tendresse avoir vu passer un père portant son enfant endormi dans les bras. Et elle se met à leur parler de son défunt mari, qui prenait toujours soin de leurs enfants quand le sommeil les surprenait. Si Théoliste, un sourire attendri sur le visage, boit chacun des mots de la vieille femme, Elland, lui, bouillonne. Ce n'est pas qu'il se fiche des souvenirs de la vieille femme mais il sent qu'ils se rapprochent du but. Et il est trop impatient pour ce genre de palabres. Arrachant le sac de noix décortiquées des mains du guérisseur, pour capter toute son attention, il lui rappelle qu'ils doivent le retrouver. Théoliste s'empresse d'acquiescer et le rejoint rapidement. Malicieux, le voleur grignote quelques noix avant de rendre l'objet de son larcin à son propriétaire éploré.

    Mais les plaisanteries et l'optimisme qu'ils affichaient à l'idée d'être sur une piste disparaissent rapidement. Ils sont pourtant dans un quartier relativement animé, mais personne ne peut les renseigner. Ils retournent sur leurs pas, interrogent encore et toujours, s'aventurent dans les immeubles et les cours intérieures. Mais plus personne ne les a vu. La piste s'arrête là. Le soleil, encore timide, se rapproche dangereusement de l'horizon et les deux amis poursuivent leur recherches jusqu'à ce qu'il ait disparu. Mais rien. Aucun indice.

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