• Rivemorte, Chap.7

    Manoir-Clamadinis.jpg
    Comme par enchantement, il retrouve le sourire, et un long frisson d'excitation remonte sa colonne vertébrale : il va s'amuser ! Ce manoir appartenait à la riche famille Clamadinis, aujourd'hui ruinée et exilée. Bien qu'il n'y ait plus grand chose dans les pièces inférieures, il reste toujours le grenier. Lors de sa dernière visite, il avait passé un temps fou à essayer d'amadouer la serrure afin d'y pénétrer, en vain. Echidna sait que ce défi lui changera les idée, et c'est précisément pour cette raison qu'elle l'a amené ici.
    Il ne craint pas de trouver les lieux saccagé : une terrible rumeur court sur ce manoir, comme quoi il serait hanté. Et ça le fait doucement rire. Car, malgré les heures qu'il a passé là dedans, et malgré la quantité indécente d'objets qu'il a pris pour les revendre, il n'a jamais eut le moindre problème. Il fait un clin d'œil à la gargouille avant de s'introduire dans la demeure. Les lieux n'ont pas changé : les lourds tapis sont recouverts d'une épaisse poussière qui n'en cache pas pour autant le luxe. Les tâches plus claires sur les murs sont témoins des tableaux qui ornaient le vestibule, avant la fuite des Clamadinis. Seuls les craquements des planchers rompent le silence religieux qui règne. L'odeur de renfermé le prend à la gorge les premières minutes, mais il s'y habitue très vite. Dans le salon, il n'y a plus rien à récupérer. Il ne reste qu'une misérable chaise, esseulée, dont la paille est en trop mauvais état pour que le plus stupide des voleurs daigne s'en encombrer.
    Sans perdre son temps à explorer les autres pièces du rez-de-chaussé qu'il sait vides, il grimpe rapidement les escaliers jusqu'à la porte close du grenier. Rien n'a changé. La fine corde de coton, quasiment invisible, qu'il avait tendu au ras d'une marche est toujours intacte, signe que personne n'a tenté de venir jusque là depuis son dernier passage. La serrure est toujours là, intacte, et elle le nargue méchamment.


    - Fais pas ta mijaurée, ma belle. Je t'aurais, quoique tu fasses pour me résister.

    Il lui décroche son plus beau sourire, et extirpe de ses multiples poches ses instruments de douce torture. Accroupi devant la porte, ses crochets bien en main, il entreprend minutieusement de faire céder l'ultime barrage. En vain. Le sourire enjôleur a cède sa place à un rictus sadique. Il l'aura !
    Et pourtant... non, il n'arrive pas à déverrouiller cette satanée serrure, comme si quelque chose d'anormal bloquait. Et alors qu'il la fixe avec son air le plus menaçant, il croit percevoir un sourire moqueur face à lui. Les doutes ne sont plus permis : elle se fiche de lui. Les yeux plissés, il la toise et assène :

    - Tu vas déguster, saleté.

    Il prend une longue inspiration, un peu de recul, et se jette sur la porte, épaule en avant. Et retombe misérablement sur le derrière, sans avoir ne serait-ce qu'ébranler la porte. Une bordée de jurons suit cet échec lamentable. Elland se relève en se massant l'épaule douloureuse, sous le regard goguenard de la serrure. Il examine les lieux afin d'y trouver une arme quelconque. Rien. Rien du tout. Piqué dans sa fierté, il ne prend pas la peine de descendre, sachant les autres pièces désespérément vides, et se penche à nouveau sur la serrure. Non, il n'y a rien à faire. Mais il refuse de laisser un vulgaire morceau de métal mettre à mal sa réputation. Bon, s'il n'y a rien dans la demeure, il y aura peut-être quelque chose dans le jardin ?

    Après un dernier regard menaçant en direction de la serrure victorieuse, il descend les escaliers puis s'aventure dehors. La lune est toujours aussi lumineuse, et lui permet de deviner les objets qui parsèment ce qui fut un magnifique parc. Il n'y a rien d'utile, à part quelques statues de pierres vieillissantes, qui risquent de se briser contre... Pierre !!


    - Echidna ?

    Un grondement proche le fait sursauter. Il la dévisage un instant, hésitant franchement à lui demander encore un service. Mais elle connaît ses secrets les plus intimes, et il lui voue une entière confiance. Alors, penaud, il lui demande :

    - J'aurais besoin d'un coup de main, ma belle. La serrure est inviolable.

    La commissure des lèvres de la gargouille se relève dans un sourire heureux, et elle s'élance dans la demeure. Elland a mis du temps à s'habituer à la grâce et à la souplesse de cette imposante masse de pierre. Il se précipite à la suite d'Echidna, impressionné par sa délicatesse : alors qu'il s'attendait à ce que l'intérieur soit ravagé par son passage, tout semble intact.
    Elle l'attend devant la porte, défiant la serrure du regard, qui soudainement n'en mène pas large. Arrivé à ses côté, le voleur l'interroge :


    - On dirait que quelque chose bloque la serrure et la porte. Tu as une idée pour rentrer ?

    Il se masse machinalement l'épaule toujours aussi douloureuse. Et comme si elle avait deviné la vaine tentative d'Elland, la gargouille sourit, presque moqueuse. Avant de s'élancer, tête baissée, sur l'huis de noyer. Et cette porte qui le narguait il y a peu gît désormais de guingois sur ses gonds, le battant réduit en petit bois d'allumage. Elland pousse un cri victorieux, tandis qu'Echidna l'attend au milieu des combles, l'air perplexe. Et le voleur en comprend rapidement la raison : le grenier est vide.
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  • Commentaires

    1
    La châtain
    Mercredi 3 Juillet 2013 à 14:59

    Rôôô, ça devient très intéressant ^.^

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