• Ruelle

     

    Le concerné manque de s'étouffer et pâlit visiblement. C'est Pèire qui rattrape le coup, déformant les propos du voleur pour les rendre bien plus aimables. Elland bougonne, c'est facile pour Pèire, il doit connaître des gens comme Théoliste. Mais pour Elland, c'est la première fois qu'il a à faire à un couple de personnes du même sexe, et c'est plutôt déstabilisant. Théoliste ramène sa main sous la table, rapidement imité par Anthelme. Elland les observe, curieux, puis se met à rougir : leur intimité ne le concerne pas. L'air de rien, le guérisseur change habilement de sujet en demandant :

    - Alors la fouille de la ville n'a rien donné ?
    - Non, rien du tout. Ils pourraient être n'importe où. Il suffit qu'on tourne les talons et qu'ils traversent juste à ce moment là, et c'est fichu.
    - Sans compter qu'ils ne resteront sans doute pas dans la rue. Ils ont dû trouver refuge dans un abri le temps que les choses se tassent.

    La précision de Pèire décourage un peu plus le voleur. Il s'en doutait, bien sûr, mais prononcer ces mots à voix haute rend cette quasi-certitude tellement réelle...

    - Vous êtes allés voir au Moulin à Eau ?

    La question d'apparence anodine d'Anthelme jette un froid dans la pièce. Le Moulin à Eau, zone maudite entre toutes, se tient légèrement à l'écart de la ville. Si le gouverneur a aboli l'esclavage à Rivemorte, trop peu de villes voisines l'ont imité. Et ces marchands d'hommes se sont installés dans un moulin à eau inutilisé pour procéder à leur odieux trafic en toute impunité, hors d'atteinte de la milice et du gouverneur. Il n'est pas rare que les enfants livrés à eux-mêmes ou les jeunes filles qui tardent trop à rentrer chez elles disparaissent purement et simplement. Pour réapparaître, quelques semaines plus tard, enchaînés et voués à la servitude dans une ville lointaine.

    - Allons-y de ce pas !
    - Elland, calme-toi. Nous devons rentrer, prendre un peu de repos et manger un morceau. Ensuite, nous rassemblerons autant d'hommes que possible pour leur rendre visite. Si nous nous y rendons maintenant, nous n'aurons aucune chance de l'aider, s'il est vraiment là-bas. Et peut-être que Thémus a de nouvelles informations.

    Le voleur hoche doucement la tête, bercé par l'espoir de découvrir le petit bonhomme assis à une table de l'Hermine Affamée devant un solide petit-déjeuner. Théoliste hésite visiblement, avant de demander :

    - A quelle heure partez-vous ? J'aimerais me joindre à vous, si ça ne vous dérange pas. Mes compétences seraient peut-être utiles.
    - Nous partirons vers dix heures. Et j'espérais t'avoir avec nous pour cette mission.

    C'est Pèire qui a parlé et qui, en quelques mots, a définitivement rassuré le guérisseur. Son compagnon leur adresse un sourire soulagé et la tension quitte enfin le petit salon. Alors Pèire et Elland se lèvent, saluent les deux hommes et prennent congé.
    Sur le chemin du retour, le voleur est plongé dans ses pensées, ressassant les dernières informations qu'ils viennent d'apprendre et anticipant les nouvelles qu'apportera Thémus. Mais Thémus est bredouille, tout comme ses hommes. Lorsqu'ils se retrouvent autour d'un déjeuner frugal, auquel très peu font honneur, ils échangent leurs trouvailles. Et Elland, fatigué et encore troublé par sa découverte, laisse échapper :


    - Nous n'avons vu que Théoliste.
    - Comment ça, Théoliste ?
    - Et bien, il avait un comportement étrange alors …

    Elland se pince soudain les lèvres, réalisant enfin qu'il s'aventure sur une pente glissante, surtout grâce au coup de pied discret que Pèire vient de lui envoyer sur le tibia. Thémus esquisse un sourire, n'ayant bien évidemment pas manqué cette expression. Alors, amusé, il lui demande :

    - Il rejoignait Anthelme, c'est ça ? Et te connaissant, tu as sauté à pied joints dans le plat.
    - Je … euh... c'est-à-dire ?
    - Tu ignorais que Théoliste était en couple avec Anthelme, non ? Et je t'imagine bien manquer totalement de tact.

    Elland hausse les épaules et marmonne entre ses dents. Par vengeance, Pèire se garde bien de le sortir de ce mauvais pas et reste muet. Le sourire du cordonnier s'élargit jusqu'à devenir un rire grave. Puis un soudain éclair de lucidité fait frémir Elland, qui demande :

    - Parce que tu le savais, toi ?
    - Bien sûr. Peu de choses m'échappent. Et il n'est pas très discret.
    - Alors pourquoi ne pas le rassurer en lui disant que ça ne change rien ?

    Le cordonnier se rembrunit aussitôt et bougonne dans sa moustache qu'il n'aime pas trop aborder ce genre de sujet face à face. Un léger sourire vient étirer les lèvres du voleur : derrière son apparente indifférence, Thémus est mal à l'aise. Et ça le rassure, Elland, de ne pas être le seul à être embarrassé.

    Puis Pèire, étouffant un bâillement, leur rappelle avec tact que ce n'est qu'un détail de la vie privée de leur ami, et qu'ils ont bien plus important à traiter. Alors les trois hommes décident de s'accorder deux heures de sommeil, avant de repartir en chasse.

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    Les 22, 23 et 24 avril, à Mons, en Belgique, se tient un festival. Et pas n'importe quel festival. Mais pour le découvrir, autant reprendre la présentation que les organisateurs ont fait sur le site :

    "Après trois premières éditions couronnées de succès, Trolls & Légendes, le seul festival à regrouper tous les aspects de la Fantasy, de la littérature au jeu en passant par la musique, la bande dessinée, l’illustration et le cinéma, revient, avec un programme plus alléchant encore. Cet événement est organisé par l'asbl Trolls & Légendes, avec la collaboration de l'asbl Anthêsis et de la Cuvée des Trolls, la bière de la Fantasy. "

     

    Voici le site en question : link

     

    Bien trop loin de chez moi, je ne pourrais pas y aller. Mais rien n'empêche de savourer leur très beau site. Ce que j'ai le plus aimé, c'est la partie "Musique", dont voici le lien link. Des groupes très intéressants, proposant une musique comme j'en cherche souvent sans vraiment en trouver.

    De même, sur le site, il y a les noms des auteurs et illustrateurs qui participent au festival, histoire d'en découvrir certains.

    Je devrais donc me contenter du site, mais il vaut vraiment le détour. Peut-être dans deux ans ?


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  • ruelle médiévale

    - Pris sur le fait ! Lâche-le im...

    Son cri du cœur meurt dans sa gorge. La stupéfaction le cloue sur place. Pèire, dans son élan, se cogne violemment dans son dos. Dans le petit salon chichement meublé, Théoliste se sépare d'un bond de la personne qu'il embrassait. De l'homme qui l'embrassait. Et si le second baisse la tête, rouge pivoine, et semble vouloir disparaître six pieds sous terre, le guérisseur, lui, tente des explications. Explications à peine compréhensibles, bafouillées et entrecoupées de justifications parfaitement incohérentes. Ce sont les pleurs d'un enfant qui ramènent les quatre hommes à la réalité. Pèire, d'un geste vif, ferme la porte derrière lui et pousse Elland jusqu'à la table. L'inconnu, lui, s'est précipité vers un berceau, d'où il soulève avec délicatesse un bébé. Et Théoliste marmonne sans discontinuer que sa vie est fichue, qu'il a tout perdu.

    Elland peine à rassembler ses pensées pour les rendre cohérentes. Cet homme qu'il suspectait du pire quelques minutes plus tôt semble être coupable d'abus de discrétion pour rejoindre son amant. Il dévisage le guérisseur complètement paniqué, essayant de comprendre toutes les implications de cette découverte. Pèire semble être le plus à même de gérer la situation, car il déclare :

    - Je suis désolé pour cette entrée fracassante. Nous sommes tous sur les nerfs, avec cette histoire, et nous avons imaginé le pire. Tu nous expliques autour d'un remontant, Théoliste ?

    L'homme replet hoche vivement la tête et s'affaire soudain. Il dépose une bouteille d'eau de vie sur la table, ainsi que quatre petits verres qu'il remplit généreusement. Puis il fait signe à ses amis de s'asseoir autour de table. Son compagnon a calmé le nourrisson et s'assoit à son tour. Théoliste, penché vers son amant, lui murmure quelques explications. Anthelme hoche la tête régulièrement et l'inquiétude marque son visage. Comme le guérisseur, il doit avoir la quarantaine. Ses cheveux bouclés sont d'un brun intense. Mais ce sont ses yeux qui attirent l'attention : ils sont d'un vert saisissant et particulièrement expressifs. Lui aussi semble aimer la bonne chair, car tout comme son compagnon, il arbore de généreuses rondeurs. Les deux amants vident leurs verres avant de se resservir, puis Théoliste demande :

    - Vous m'avez suivi, c'est ça ?
    - Oui, nous t'avons repéré avec Echidna. Ton comportement était suspect. J'ai vraiment cru que tu étais mêlé à l'enlèvement de Ménandre.
    - Non, bien sûr que non ! Je ne ferais jamais de mal au gamin ! Mais vous êtes doués, je n'avais rien remarqué.
    - Tu as pris de sacrés risques, sachant que la ville serait passée au peigne fin cette nuit.
    - Je l'avoue. Mais …. l'une de mes patiente est décédée hier après-midi et elle n'avait personne d'autre que cet enfant. Si je ne faisais rien, il allait mourir, ou finir à l'orphelinat. Anthelme et moi avons l'habitude de nous occuper d'enfants le temps de leur trouver un nouveau foyer.

    L'intéressé hoche doucement la tête, gêné d'être ainsi mis en avant. Il jette un regard paniqué au guérisseur, avant de prendre une longue inspiration.Et c'est avec une voix douce qu'il explique :

    - Je... je lui avais dit... de... de ne pas... prendre de risques … inutiles.... Sa... réputation est … tellement plus... importante.

    D'un geste affectueux, Théoliste pose sa main sur celle de son amant, avant de la retirer vivement, comme s'il avait été brûlé. Jetant un regard en biais aux deux intrus, il murmure :

    - Deux hommes ensemble, c'est... enfin, ce n'est pas très bien vu, vous comprenez. Si ça se sait, plus aucun homme ne voudra que je le soigne. C'est...

    Les mots lui manquent pour exprimer ses craintes, alors c'est Anthelme qui, de sa voix douce, explique leur relation. La nécessité de se cacher, pour fuir les insultes, les moqueries, les actes de violence. Le besoin impératif de faire profil bas pour protéger l'homme public qu'est Théoliste. Avec beaucoup de pudeur, à demi-mot, il esquisse le portrait de leur amour caché, qui dure depuis dix ans maintenant. Et il ajoute, une fêlure dans la voix, qu'il espère que Pèire et Elland sauront se montrer discrets. Elland, le regard fixé sur le fond de son verre vide, réfléchit. Théoliste n'a jamais eu un regard ou un geste déplacé envers lui. Il lui a sauvé la vie, lorsqu'il l'a soigné après les geôles. Il a pansé ses plaies, sans poser de questions, après l'attaque de la ruelle. Mais il ne peut s'empêcher de grimacer en imaginant ces deux hommes former un couple. C'est... pas très normal, tout ça. Ils ne font rien de mal, il en est conscient, et ils semblent plutôt heureux. Alors il marmonne :

    - Je suppose que c'est moins grave que ce que j'avais imaginé. Je veux dire, Théoliste n'a pas découpé Ménandre, n'est-ce pas ?

     


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    Le presque-médecin semble ne pas les avoir vu, concentré sur le toit voisin. Son front couvert de sueur luit doucement, et ses yeux scrutent vainement les hauteurs. Puis il reprend sa course, inconscient des deux paires d'yeux qui le fixent. Dès qu'il a le dos tourné, Echidna s'envole à nouveau, et va déposer son complice dans une ruelle adjacente. La traque est finie pour elle. Mais pas pour Elland, dont les pensées sont braquées sur Théoliste. Pourquoi se comporte-t-il de la sorte ? Que cache-t-il ? Il était présent lors du conciliabule avec Thémus et Pèire. Il sait parfaitement que toute la ville est quadrillée. Alors qu'est-ce qui est si important pour qu'il s'aventure ainsi ?

    Le cœur battant la chamade, Elland regagne la ruelle empruntée par Théoliste. Aussi discret qu'un murmure, il suit son guérisseur. Ce dernier connaît tout leur plan, toutes leurs avancées dans cette affaire. Et dans un éclair de lucidité, des dizaines d'incidents reviennent à l'esprit d'Elland : la tisane qui l'a plongé dans le sommeil, la filature pour connaître la cause de sa guérison, sa proximité à la taverne, son omniprésence, surtout quand on ne l'attend pas. Ses activités, qu'il ne détaille jamais. Son comportement, parfois étrange. Sa curiosité, insatiable. Théoliste les épiait. Il assemblait des informations sur eux, jusqu'à ce qu'il en ait récolté suffisamment pour passer à l'attaque. Dans son esprit, plus aucun doute n'est permis : Théoliste est directement lié à l'enlèvement de Ménandre. Peut-être l'a-t-il enlevé pour le soumettre à d'atroces expérimentations scientifiques ? Peut-être souhaite-t-il le tuer pour le découper afin d'étudier en profondeur le corps humain. Ou alors, il souhaite le revendre à un couple dont l'enfant est mort prématurément. Peut-être même qu'il souhaite l'échanger contre des informations. Pire : il souhaite le monnayer contre Echidna, afin d'utiliser sans fin sa salive cicatrisante !

    Bouillonnant de rage, il traque cet ami devenu proie, dont le souffle court perce le silence de l'aurore. Il se retourne de plus en plus souvent, comme s'il touchait au but. Et le voleur le suit toujours, bien décidé à découvrir ses complices. Mais alors qu'il allait s'engager à sa suite dans une traverse, une énorme main se pose sur son épaule. Pèire. Elland n'a pas besoin de lui demander s'il a des informations supplémentaires, ses traits tirés expriment une déception indicible. Alors sans prendre le temps de parler, le voleur lui fait signe de se taire, et de le suivre, désignant du doigt la silhouette qui se faufile toujours de ruelles en traverses.

    Du coin de l'oeil, Elland peut voir tour à tour la surprise, puis la colère se dessiner sur le visage du tavernier. L'incompréhension vient ensuite, rapidement remplacée par la déception. Ils se figent soudain : Théoliste vient de s'engouffrer dans une porte cochère. Avec un luxe de précautions, ils le suivent, et découvrent une cour intérieure, sombre et humide, percée de nombreuses portes. Le presque-médecin a disparu. Avec avidité, les deux amis scrutent chaque recoin, chaque porte, espérant y trouver un indice. Il leur est insupportable d'imaginer que ce criminel puisse leur avoir échappé. Pourtant Théoliste semble s'être volatilisé.

    C'est Elland qui remarque le rai de lumière sous l'une des portes, tandis que les autres sont plongées dans l'obscurité. Silencieux comme la mort, il s'en approche et pose l'oreille contre le battant de bois. Deux voix étouffées se font entendre. Pèire est dans son dos et trépigne d'impatience. N'y tenant plus, il pose la main sur la poignée de la porte et la tourne doucement. En vain. Fermé à clef. Ce qui ne fait que renforcer les soupçons : dans ce quartier, les habitants sont trop pauvres pour verrouiller leurs portes, ils n'ont rien à voler.

    Pèire semble être sur le point de défoncer la porte à grand coups de pied rageurs. Elland pose alors une main apaisante sur son épaule et lui fait signe de reculer. S'agenouillant devant la porte, il sort de sa botte deux longs crochets en métal, qu'il utilise régulièrement pour charmer les serrures et les faire s'ouvrir. Sa main gauche est bien trop capricieuse pour qu'il réussisse cet exercice délicat qui demande une grande précision. Aussi utilise-t-il sa bouche pour maintenir le premier crochet et la main droite pour faire jouer les chevilles. Un déclic à peine perceptible se fait entendre, et il se relève, triomphant. Déterminé à découvrir ce que leur cache le guérisseur, il range ses crochets et pose la main sur la poignée. C'est avec une pensée pour Ménandre, et les supplices que lui fait subir Théoliste, qu'il ouvre la porte d'un geste rageur.

     

     

     

    N.B. L'illustration est l'oeuvre de Damian Bajowski. Une galerie de ses oeuvres est présente ici  : link


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    Résumé :

     

    Jonathan Harker, jeune notaire, est envoyé en Transylvanie pour rencontrer un client, le comte Dracula, nouveau propriétaire d’un domaine à Londres. à son arrivée, il découvre un pays mystérieux et menaçant, dont les habitants se signent au nom de Dracula. Malgré la bienveillance de son hôte, le jeune clerc ne peut qu’éprouver une angoisse grandissante. Très vite, il se rend à la terrifiante évidence : il est prisonnier d’un homme qui n’est pas un homme. Et qui partira bientôt hanter les nuits de Londres...

     

    Sympa!

     

    Mon avis :

     

    Je n'avais pas encore lu ce grand monument de la littérature, honte à moi. Voilà le tort réparé.

     

    Ce roman se présente sous forme épistolaire, c'est-à-dire de différents extraits de journaux tenus par les protagonistes et de lettres. Ça ne gêne en rien la lecture, bien au contraire, car on s'immerge parfaitement dans le vécu des personnages et on découvre leur vision des choses à mesure que l'histoire avance. C'était la première fois que je lisais un roman sous cette forme, et honnêtement, c'était un vrai plaisir à lire.

     

    J'ai été très impressionnée par les cinquante premières pages, qui racontent l'histoire de Jonathan Harker quand il est au château de Dracula. Pour un roman publié pour la première fois en 1897, le style littéraire est extrêmement moderne et c'est un réel plaisir à lire. Nous sommes dans le récit « fondateur » du mythe du vampire, et l'ignorance de Jonathan peut parfois porter à sourire. En effet, à aucun moment il ne sait mettre de nom sur ce qu'il voit.

     

    Viennent ensuite les récits des autres personnages. Et là, on sent bien qu'on a affaire à un roman ancien. Les différents protagonistes décrivent longuement les paysages, certaines actions, notamment Mina. Dans le cas du professeur Van Helsing, lorsqu'il s'exprime, il peut nous faire de longues longues palabres pour arriver à un fait.

     

    C'est donc bien différent des romans actuels que je peux lire, plus avares en longues descriptions et grande démonstrations. Plus difficile à lire, donc, mais pas inintéressant pour autant. En effet, on plonge dans cette période, aidés par l'écriture, et c'est réellement très enrichissant.

     

    Quant à l'intrigue... elle est géniale, le suspens dure jusqu'aux dernières pages et on s'est tellement attaché aux personnes qu'on tremble pour eux jusqu'à la dernière ligne.

     

    J'ai été très impressionnée également par la place que tient la religion dans ce roman. De nos jours, les romans sur les vampires passent sous silence toute cette partie. Trop souvent, le vampire est simplement un méchant, et si l'auteur aborde le thème du damné, il ne parle que rarement de l'autre versant, à savoir les bénédictions, les hosties, les croix, etc. Ou alors, il le fait de manière tellement systématique qu'on ne ressent pas la foi que doit avoir le personnage pour combattre le vampire. Autre époque, autre vision des choses. Mais quand on lit que les personnages remettent leur destin entre les mains de Dieu, qu'on soit croyant ou non, ça apporte une autre dimension au drame qui se joue.

    Cependant, comme l'indique la post-face, ce roman est tellement mythique que les auteurs qui souhaitent parler de cette créature se doivent d'être originaux … ou ils ne feront qu'une pâle copie du Maître.

     

    Un roman fondateur, un mythe vivant. Lu. A lire pour ceux qui ne l'ont pas encore fait.


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