-
Aussi connue comme Loi de l'Emmerdement Maximum, ou Loi de la tartine beurrée, la Loi de Murphy est, avec le chaos, la relativité, et la mécanique quantique, une des plus grandes découvertes du siècle (rien que ça).
Loi d’Invocation de Murphy
Si vous invoquez Murphy contre vos ennemis, votre invocation se retournera contre vous.
Et si vous essayez de ruser en invoquant Murphy contre vous-même, ce sera le seul cas où votre invocation sera exaucée.
Supplément : Même si vous ne l’invoquez pas, Murphy se retournera de toute façon contre vous.
La plus connue, et ses développements :
Quand la tartine tombe, elle tombe du côté de la confiture.
Développement de Manson :
Une tartine de pain beurrée qui tombe sur le côté non beurré rebondit autant de fois qu’il le faut pour trouver son point d’équilibre idéal : côté beurré contre la moquette.
Lois de la Tartine beurrée de Barthe
I. Plus le beurre est tendre, plus la biscotte est friable.
II. Mettre deux biscottes une sur l’autre pour ne pas en briser une en la beurrant ne fait qu’augmenter les chances d’en briser deux d’un coup.
III. Si on essaie de rattraper une biscotte beurrée qui tombe, on ne réussit jamais qu’à la briser, se mettre du beurre plein la main et agrandir la zone de moquette tachée par tous les morceaux tombés évidemment coté beurre.Mais cette loi peut se vérifier dans moults domaines. En voici un florilège :
Loi du Café vivant de Thill
Art. 1. Une tasse de café n’est pas morte.
Art. 2. Une tasse de café reste généralement dans un état comatique.
Art. 3. Une tasse de café ne se réveille que sur un bureau plein de documents très importants.
Art. 4. Une tasse de café qui vient de se réveiller n’a pas encore l’habitude de marcher et tombe facilement en faisant gicler son sang brun sur les documents importants.
Loi de Bonux
Dans les produits qui offrent des cadeaux dans leurs paquets pour attirer les gogos (Bonux, Nesquik...), le cadeau est TOUJOURS au fond du paquet.
Loi de Miller
Il est impossible de savoir la profondeur d’une flaque d’eau tant que l’on n’a pas marché dedans.
Addition d’O’Toole à la Loi de Miller : Il est impossible de savoir la profondeur d’une bouche d’égoût ouverte tant que l’on n’est pas tombé dedans.
Généralisation de l’Addition d’O’Toole à la Loi de Miller : Les trous sont fait pour tomber dedans.
Loi de Shoes-Laces
C’est toujours quand on lace sa chaussure que le lacet casse.
Corollaires : Le risque de rupture du lacet est inversement proportionnel au temps qu’il nous reste avant d’être en retard. La probabilité que l’on ait un lacet de rechange est inversement proportionnelle au retard déjà engrangé.
Loi de Rohrhust de la Chaussure taquine
La chaussure planquée sous le lit est à une distance égale à la longueur de votre bras + 1 cm.
Lois de la Fin de Journée
Si un soir vous rentrez complètement crevé chez vous après une dure
journée de travail intense, alors l’une des propositions suivantes au moins (et la plupart du temps plus d’une) aura lieu :
i) Si vous avez envie de vous coller sans rien faire devant la télé, les piles de la télécommande seront mortes.
ii) Si vous voulez vous faire un petit casse-croûte sympa, le frigo sera vide.
iii) Si vous voulez vous couchez tout de suite, vos voisins du dessous choisiront ce jour là pour faire une fête (mettre la musique à fond, rigoler très fort, crier), déménager leur meubles ou planter des clous pour accrocher des tableaux.
iv) Si vous avez un chien, il sera très content de vous voir et vous tournera autour comme un fou pour jouer.
v) Si vous avez un chien et une femme, alors elle vous demandera de sortir le chien.
vi) Si vous avez une femme et pas de chien, alors elle vous demandera de sortir les poubelles.
vii) Si vous avez des parents, ils téléphoneront juste au moment où vous rentrez pour vous « ordonner » de venir chez eux voir votre arrière-grande-tante qui est de passage chez eux et qui demande de vos nouvelles.
viii) Si vous avez une petite amie, elle choisira ce moment pour traverser une période de grande angoisse existentielle que seul vous pouvez résoudre.
ix) Si vous avez deux petites amies (indépendamment l’une de l’autre), elles vous attendront de pied ferme, bien décidées à obtenir des explications sur cette situation.
x) Si vous avez un banquier, il y aura un message sur le répondeur vous annonçant le montant faramineux des agios pour votre découvert.
Théorème de Find
La probabilité de retrouver un objet égaré est nulle.
Elle croît de façon exponentielle dès qu’on n’en a plus besoin, sans qu’il soit nécessaire de chercher.
Loi du Truc Vert
La durée de vie d’une plante verte varie inversement proportionnellement à son prix et proportionnellement à sa laideur.
Lois du Jardinier amateur de Jeg
1. Si vous arrachez une mauvaise herbe, ce n’en est pas une !
Corollaire :
Si vous arrosez et mettez de l’engrais sur une plante, c’est une mauvaise herbe, en fait...
2. Les plantes ou arbustes que vous n’aimez pas poussent vite et reviennent d’année en année, alors que celles que vous aimez végètent ou meurent l’année suivante.
Moralité :
Plantes et arbustes n’aiment pas qu’on les aime.
Les plantes n’aiment que la haine.
Loi de la Sieste de Mougenez
C’est quand on choisit de faire sa sieste que le téléphone sonne.
Énigme de Kovac
Quand on fait un faux numéro, ça ne sonne jamais occupé.
Lois d’Archimède-Bell
I. Quand on plonge un corps dans une baignoire, le téléphone sonne.
II. Il sonne jusqu’à ce que vous vous précipitiez pour répondre et arrêtera généralement au moment où vous saisissez le combiné.
III. Sauf si c’est un démarcheur.
Loi du Zippo
La seule fois où une superbe fille vous demande du feu à la sortie d’un cours, votre briquet tombe en panne...
Celui du connard de l’amphi, qui est sorti en même tant que vous, marche parfaitement.
Exception : Vous n’aurez du feu que si vous êtes déjà casé.
Lois du Fumeur de Firwirr
I. Quand le prof est en retard à son cours et que vous vous allumez une cigarette en l’attendant, il choisit toujours cet instant pour apparaître et vous faire signe de rentrer dans l’amphi.
II. C’est toujours lorsque vous fumez la dernière cigarette de votre paquet, qu’une jolie fille vient vous en demander une.
III. Quand par politesse, vous demandez à la fin d’un bon repas si cela gêne quelqu’un que vous fumiez, il y en a toujours un qui dit oui.
IV. Quand vous êtes énervé et que vous avez besoin d’une cigarette, votre briquet ne s’allumera jamais du premier coup...
ni au deuxième... (il est sans doute vide)
V. Si vous avez une nouvelle copine, elle sera non fumeuse convaincue et vous demandera d’arrêter de fumer pour elle.
VI. Fumer provoque le cancer... (pas de bol, Murphy tu n’as vraiment aucune pitié )
Don Météorologique de Miod
Par temps variable, il suffit de prendre un parapluie avec soi pour qu’il ne pleuve pas, et de l’oublier pour qu’il pleuve.
Loi des Parapluies de Moine
Le jour où vous oublierez de prendre votre parapluie, la pluie ne vous oubliera pas.
Troisième Corollaire de la Loi de Gumperson
Vous pouvez jeter une allumette brûlée de la fenêtre de votre voiture et allumer un incendie de forêt, mais vous pouvez utiliser deux boîtes d’allumettes et une édition dominicale d’un journal sans pouvoir allumer un feu avec les bûches sèches dans votre cheminée.
Loi de Parée des Ampoules
Si une ampoule électrique vient à rendre l’âme, vous ne trouverez pas de modèle identique dans votre réserve.
S’il en existe une, elle est grillée aussi.
Loi des Caisses de Supermarché
La personne devant vous est toujours la plus molle du monde.
Extension : Et elle a pris le seul article qui ne porte pas de code barre.
Seconde Extension : Et sa Carte Bleue, son seul moyen de paiement, ne marche pas.
Loi de Scheiner
Quelque soit la caisse choisie, le client d’avant vous, ou même tout simplement vous, causera un problème (code barre manquant ou problème technique) qui vous fera perdre votre temps.
Les Théorèmes du Supermarché de Maurice
I. On se retrouve toujours derrière la vieille dame à moitié sourde qui a oublié de peser ses légumes.
II. Si par hasard elle y a pensé, par contre elle oublié de vous dire que la caisse fermait juste après elle.
III. Si vous avez échappé aux deux théorèmes précédents, c’est que l’un de vos articles n’a pas de prix et vous serez obligé d’attendre que « Monsieur Bernard » aille le vérifier (le prix).
Corollaire du Troisième Théorème :
Monsieur Bernard est toujours aux toilettes quand on l’appelle.
Loi des Grilles télévisuelles
Alors que la veille il n’avait rien de potable à regarder à la télé, le soir où il y a un bon programme sur une chaîne, une autre aura décidé de passer aussi un bon programme à la même heure.
Addendum : Si vous avez un bon magnétoscope (avec tout ce qu’il faut et qui marche), Murphy programmera de bonnes émissions sur TOUTES les chaînes.
Piège des Grilles Télévisuelles
Si en feuilletant le magazine télé vous vous écriez « Chic, je rève de voir ce film ! », alors :
- C’est sur une chaîne que vous ne captez pas ;
- Vous n’avez plus de cassette de magnétoscope disponible et les magasins sont fermés ;
- Vous devez sortir (soirée avec votre douce), un autre film génial passe à ce moment, et vous n’avez qu’un magnétoscope ;
- Vous faites une soirée télé avec votre douce, vous savez qu’elle n’aimera pas ledit film, mais il n’y a rien d’autre à la télé, donc vous sortez une cassette (et vous n’avez toujours pas de second magnétoscope) ;
- Il va y avoir une panne d’électricité ;
- Le relais d’antenne de la région va péter, et s’il n’est pas mort il y aura un orage qui brouillera tout ;
- Le programme sera interrompu par une information tellement importante que l’antenne sera reprise par les journaliste (quelle idée de déclencher des guerres pendant les films !) ;
- Vous serez appelé sur un plan ORSEC (et vous êtes un gentil secouriste) ;
- Vous avez décidé de changer l’aménagement de votre intérieur et une minute avant le film vous vous rendez compte que la prise d’antenne (ou péritel) est trop courte ;
- C’était le programme d’hier et ce film ne sera pas rediffusé avant une génération.
Loi radio-réveillatoire matinale de Rehby
Un radio-réveil ne capte distinctement la station que vous voulez que :
1) s’il est à l’autre bout de la pièce par rapport au lit
ou :
2) si vous gardez la main dessus.
Loi de Skyrock / Fun-radio-réveil / Jeg
Quelques animateurs très excités et très bien réveillés, qui hurlent dans votre radio-réveil alors que vous êtes encore assoupi, peuvent très facilement vous mettre de mauvaise humeur dès l’aube.
Postulat du Chat
Si le courant passe bien sur IRC avec une fille c’est sûrement un thon.
Corollaire du Chat
Si elle est carrément chaude, cherchez pas, c’est un mec !!!!
Loi de l’Élève studieux de Vranckx
Un élève studieux qui apprend ses leçons tous les jours n’est jamais interrogé par le prof, sauf le jour où matériellement il n’aura pas eu le temps de les apprendre.
Réciproque de la Loi de l’Élève studieux de Vranckx
Un élève systématiquement interrogé bien qu’il ne sache jamais ses leçons ne sera pas interrogé le jour où il la saura parfaitement.
Loi des Absences des Professeurs
La probabilité qu’un professeur soit présent est directement proportionnel à son indésirabilité.
Ajout : Il suffit de dire « Le prof est pas là » pour le faire apparaître comme par enchantement.
Addendum à l’Ajout : Dire « Le prof est là » dans le but de le rendre absent ne le rend pas absent.
Effet rétrochronologique de Bernadat
Le meilleur moyen de vous forcer à faire un travail la veille au soir du jour où vous devez le rendre est de vous le donner au moins un mois auparavant.
Handicap étudiant de Bain-Cornu
Tout devoir devant impérativement être rendu N jours plus tard nécessite invariablement N+1 jours de travail.
Lois des Révisions de Firwirr
I. En période d’examens, le nombre de bons films qui passent à la télévision est inversement proportionnel à l’état davancement de vos révisons.
Contraposée : Quand après avoir bossé 6 heures d’affilées vous faites une pause télé, il n’y a jamais rien d’intéressant (sauf si vous êtes un passionné de la technique de la pêche à la mouche en Haute-Garonne).
II. Quand, après avoir tourné en rond pendant une heure autour de votre bureau, en retardant toujours le moment fatidique de se mettre au boulot, vous vous y installez enfin, le téléphone sonne, c’est généralement un ami qui lui n’a pas d’examens et vous propose une sortie.
III. Quand, après une heure d’effort cérébral intense, vous finissez par comprendre le deuxième exercice de la matière, un ami vous téléphone pour lui expliquer justement cet exercice, et là vous vous rendez compte à ses questions pertinentes que vous n’avez en réalité rien compris.
IV. Après le deuxième exercice, il y en a plein d’autres.
Lois de la Capote anglaise
I. Si par sécurité et protection vous achetez des préservatifs en vue d’une éventuelle future potentielle possibilité, la précaution sera absolue, et l’occasion annulée.
II. Si l’occasion se présente, et que vous êtes équipé, l’objet sera poreux et finira en collier à la base du membre viril.
III. Si le dernier préservatif est inutilisable, la dame ne prenait pas ses précautions.
IV. En cas de relation stable, alors que vous pensez à vous en passer, la dame soit est affligée d’un virus, soit ne supporte pas la pilule, rendant le cellophane obligatoire.
Exception fréquente : Si la routine permet de s’en passer, il arrivera cependant un événement nécessitant l’utilisation temporaire du latex. La probabilité de le voir éclater est alors fonction de la perte d’habitude de l’outil, et inversement proportionnelle au désir d’enfant.
V. Une capote éclatée ne se remarque qu’après.
Loi de la Démangeaison subite
C’est à ces moments précis que votre œil vous démange :
- Vous posez un joint de silicone dans la salle de bain.
- Vous tapissez votre cuisine.
- Vous êtes en train de préparer un plat érythréen aux mille piments.
- Vous faîtes la vidange de la voiture.
- Vous creusez un trou pour votre nouveau géranium.
- Vous étalez de l’huile solaire sur le dos de votre moitié à la plage.
- Vous faites la vaisselle.
- Vous collez la pièce la plus minutieuse de votre plus belle maquette.
- Vous êtes en finale d’une compétition de tir à l’arc.
- Vous êtes sur une piste de ski avec des moufles énormes.
Vous retrouverez toutes les lois de Murphy sur ce site : http://www.courtois.cc/murphy/
votre commentaire -
-
-
-
Le réveil est difficile, pour le jeune voleur. C'est avec un arrière-goût amer qu'il se prépare et qu'il traverse le marché habituel. Il ne saurait expliquer cet étrange sentiment qui l'habite depuis qu'il est rentré chez lui hier. La coïncidence des armoiries le trouble, évidemment. Mais il ignore comment trouver les réponses aux multiples questions : il ne peut tout de même pas aller dénicher les Clamadinis dans leur exil pour leur demander ce qu'ils savent d'une ombrelle maléfique ?
Et puis, il y a cette femme, dans le médaillon, au regard troublant. Elle l'a poursuivi jusque dans ses rêves sans lui laisser une minute de répit. Et maintenant, alors qu'il se coule entre les badauds et qu'il salue la drapière qui rougit, comme d'habitude, il en viendrait presque à regretter son geste. Pourtant, il en a chapardé, des breloques, et certaines même plus précieuses encore. Il est entré dans l'intimité de nombreuses demeures, fouillant sans scrupules leurs possessions les plus personnelles. Alors pourquoi cette fois, il a tant de mal à le vivre ? Parce que ce sont les derniers fragments d'une vie noble et fière ? A cause du regard de la femme du médaillon ?
L'Hermine Affamée est déserte quand il y pénètre. Alwin est égal à lui-même, et ne lui décroche pas un mot en le servant. Qu'importe, Elland n'est de toutes façons pas d'humeur à discuter avec lui. Il s'est installé à la table du fond, et s'est plongé dans ses souvenirs. Moerteg. Ce même goût amer lui avait serré la gorge après le vol d'une vieille femme, d'apparence riche et noble. Ils en avaient ri à gorge déployée, dans leur repaire, un simple passage souterrain que personne n'empruntait jamais. Ils étaient fiers d'eux car leur rapine avait rapporté pas mal d'argent. Pour le gamin des rues, ça signifiait plusieurs repas décents, et peut-être même quelques nuits au chaud dans une auberge. Et pour Elland, c'était un exploit de plus à accrocher à son tableau de chasse, et un sacré pied-de-nez au paternel, qui nourrissait l'espoir de voir ses fils suivre sa trace. Et pourtant, quand il avait pris le chemin du retour jusqu'à la garnison, ce fameux goût amer lui avait rempli la bouche jusqu'à sécher toute salive.
Et à peine arrivé chez lui, il avait compris. Son paternel l'attendait devant la porte, furieux. Dire qu'il avait passé une abominable fin de soirée serait un euphémisme. Et ce n'était qu'un début.
La vieille femme s'était plainte à la garde, en fournissant une description détaillée et terriblement précise de ses voleurs. Et le paternel n'avait pas tardé à faire le rapprochement avec les sorties de son rejeton. Le lendemain, Moerteg fut arrêté. Par peur des coups et des geôles, il avait rejeté toute la faute sur Elland. Après une correction dont il en garde encore les traces aujourd'hui, son père l'avait jeté à la rue, en le menaçant du pire s'il osait revenir. Ce fut son ultime pied-de-nez au paternel. Et la dernière fois qu'il se lia d'amitié à un être doué de parole.
Alwin vient récupérer l'assiette désormais vide, sa manière polie de dire qu'il est temps pour Elland de libérer la table et d'aller traîner sa carcasse ailleurs. Maugréant, Elland sort de l'auberge, et se fond dans la masse de badauds et de chalands. Puis, flânant dans les ruelles, il se rend jusqu'à la minuscule boutique d'un cordonnier. Il en salue le propriétaire d'un geste de la tête avant de s'aventurer dans l'échoppe. Thémus, le propriétaire, est un solide gaillard de près de deux mètres, aux larges épaules. Son visage rude est en permanence plissé par des rides de mécontentement sur le front. Une épaisse moustache, aussi brune que ses cheveux courts, vient compléter l'image de cet avenant commerçant. A dire vrai, la première fois qu'Elland l'a vu, il a fait demi-tour. Parce qu'il fait vingt centimètres de moins que lui, et qu'il pèse sans doute une centaine de livres de moins, il ne se sentait pas de faire des affaires avec un tel colosse. Mais à l'époque, il était enfoui dans les problèmes jusqu'au cou, et il n'avait pas grand chose à perdre. Thémus fut une bonne surprise : peu commode, certes, mais aussi honnête qu'un receleur peut l'être. Confectionner des chausses n'est qu'un simple passe-temps pour lui, et aussi une excellente couverture pour dissimuler des activités moins honnêtes.
Thémus l'entraîne dans l'arrière boutique, et l'invite à s'asseoir. Autour d'un verre d'hydromel, ils discutent un moment affaire, avant que le cordonnier ne lui annonce :
- C'est la pagaille en ce moment. A cause de la guerre au Sud. Du coup, les gens sont plus frileux. J'arrive déjà pas à vendre les autres bijoux. Faudra attendre avant que je t'achète les tiens.
Elland hoche doucement la tête, avant de prendre une longue gorgée liquoreuse. Il cache toujours l'origine exacte des breloques qu'il ramène, même s'il se doute qu'un connaisseur comme Thémus peut aisément la deviner. Mais aujourd'hui, il n'a rien amené, il s'est contenté de décrire les bijoux. Et finalement, ce refus, ça l'arrange plutôt. Étrangement, il n'a pas envie de s'en séparer. Mais c'est la mine vaguement contrite du receleur qui lui met la puce à l'oreille. Ce colosse qui ne craint rien ni personne se dandine en se grattant le crâne, comme un gamin pris en faute. Aussitôt, Elland prend son air suspicieux, les yeux plissés et le menton en avant, et se penche vers Thémus.
- Baliverne ! Tu affabules ! Les habitants de Rivemorte se fichent bien de la guerre au Sud. Elle ne viendra jamais jusqu'à la capitale, ils le savent très bien. Et quand même, ça ne les empêchera pas d'acheter des babioles discrètes pour pouvoir placer leur argent en sécurité.
Le cordonnier pâlit, découvert, et toussote, gêné. S'il n'était pas si furieux de s'être fait mener en bateau, Elland le trouverait presque touchant. Mais il insiste :
- Tu m'as menti, Thémus. Moi qui t'estimais honnête !
Piqué au vif, ce dernier réplique :
- Je le suis. C'est toi, avec ton caractère de cochon, qui me force à te mentir, sinon tu ne m'aurais jamais écouté !
- J'écoute toujours les conseils. Dis-moi la vérité !
votre commentaire -
- C'est de l'arnaque !!
Bougonnant, Elland parcourt la longue pièce, lâchant généreusement une litanie de jurons. Il s'est donné tant de mal pour si peu !
Mais alors qu'il s'approche de l'extrémité du grenier, il repère un placard, encastré dans le mur. Echidna l'a suivi, et le regarde s'agenouiller devant une nouvelle serrure. Il avale sa salive, conscient que son honneur est en jeu et qu'il ne peut pas se permettre d'échouer encore une fois. Mais ce verrou-là n'est pas maléfique, et il ne lui faut qu'une poignée de secondes pour réussir à le déverouiller. Sans un grincement, la porte du placard s'ouvre et révèle ses richesses. Plusieurs boîtes à bijoux, de nombreux paquets de lettres soigneusement emballés, un peu d'argenterie, et tant d'autres trésors !
Sourcils froncés, il observe l'écusson qui orne l'une des boîtes à bijoux.
- Je connais ces armoiries, Echidna. Je les ai déjà vues quelque part. Mais pas ici. A Rivemorte. Sur un objet... l'ombrelle !! L'écusson qui ornait l'ombrelle portait exactement les mêmes armoiries !
Il se tourne vivement vers elle et poursuit sa réflexion à voix haute :
- Mais que faisait cette ombrelle si loin du manoir ? Ça fait au moins dix ans que les Clamadinis ont fuit la région ! Pourquoi apparait-elle maintenant ? Pourquoi à Rivemorte ? Crois-tu que c'est un signe du destin ?
Le regard que lui renvoie la gargouille est pour le moins dubitatif. Effectivement, si l'ombrelle était venue le chercher pour l'amener à ce trésor, elle ne l'aurait pas agressé comme elle l'a fait. Et puis, pourquoi s'intéressait-elle à lui ? Il secoue doucement la tête, et vide prestement le contenu des diverses boîtes, qu'il range dans ses poches. Il aura le temps de réfléchir à tout ça quand il sera en sécurité chez lui. Sans perdre une seconde de plus, il s'empare de tous les objets qu'il trouve. Il conserve également une petite boîte magnifiquement ouvragée, mais laisse les autres, trop volumineuses, dans le placard. Puis il en referme soigneusement la porte, espérant que personne n'aura l'idée de braver les ''esprits'' pour explorer les lieux, et s'emparer de ce qu'il reste du trésor.
Puis, chargé comme un animal de bât, il redescend rapidement dans le jardin, suivi de près par Echidna. En quelques battements d'ailes, ils s'éloignent déjà du lieu du crime pour rejoindre leur antre. Ce succès chasse définitivement l'humeur morose du voleur, qui ne cesse de remercier la gargouille durant tout le vol, visiblement indifférent aux facéties de son amie.
Enfin en sécurité dans sa chambre mansardée, il dépose son butin sur le lit. Echidna est repartie avec la bénédiction d'Elland. Cette fois encore, elle lui a rendu un sacré service. Il trie rapidement les bijoux, séparant ceux ornés de l'écusson et les autres, plus facilement revendables. Curieux, il examine chacun d'entre eux avec admiration. Comment se fait-il que les Clamadinis sont partis sans ces trésors ? Et pourquoi ne pas les avoir revendus quand ils avaient des problèmes d'argent ? L'or, l'argent, les diamants, et une multitude de pierres précieuses sont étalées devant lui. Certes, ils n'auraient peut-être pas pu régler tous leurs problèmes, mais la vente de ces babioles rapporterait une fortune ! Ses explorations s'interrompent soudainement lorsqu'il ouvre un petit pendentif en médaillon : à l'intérieur se trouve un portrait, minuscule, mais parfaitement conservé. Et la femme qui pose, il la connait, il en est certain. Du moins, ce visage lui dit quelque chose. Mais il a beau fouiller dans sa mémoire, il n'arrive pas à se souvenir de qui elle est.
Au loin, les cloches de la Grand Tour Célestis sonnent les quatre heures du matin, lui faisant soudainement prendre conscience de sa fatigue. Il soulève une latte du plancher, et y dépose son butin, au côté d'une bourse bien rebondie : il n'est pas dépensier, et ses rapines lui rapportent beaucoup d'argent. A vrai dire, il pourrait ne plus voler pendant des mois sans avoir à se serrer la ceinture. Mais voilà, sans maraude, il n'est rien. Sa récolte du soir bien planquée, il va se coucher. Il gardera les plus belles pièces pour lui, c'est décidé. Et avant qu'il ne puisse formuler une autre pensée cohérente, il s'écroule dans les bras de Morphée.
votre commentaire -
-
La lune se reflète sur les tuiles d'ardoises encore humides de l'averse récente. Echidna plane paresseusement au-dessus de la ville, avant de se poser gracieusement sur le toit de la cathédrale. Elland descend souplement, laissant sa main caresser la peau rugueuse de sa complice. Ils échangent un long regard puis elle reprend son envol pour vaquer à ses occupations. Elland se doute bien qu'elle va massacrer du bétail, voire même un innocent imprudent, qui serait sorti en cette nuit glaciale. L'ombrelle a été dévorée il y a trois jours, et, bien que statue le jour, la gargouille demeure un être vivant la nuit, ayant besoin de se nourrir. A dire vrai, il préfère ne pas s'attarder sur cet aspect de sa complice. Tout le monde a le droit à un peu d'intimité, non ?
Assis sur le faîte du toit, les genoux ramenés contre lui pour préserver sa chaleur corporelle, il observe rêveusement la ville endormie. Rivemorte... Qui aurait pu prédire qu'il vivrait ici ?
Il est né dans une petite bourgade, des dizaines de lieues plus au sud. Jusqu'à ses quinze ans, il a vécu à la caserne, grâce, ou à cause, de son paternel garde de la ville. Entouré de ses frères et soeurs, sous le regard bienveillant de sa mère, il avait tout pour être heureux. En théorie. Car la proximité de cette fichue garde lui donnait des angoisses insupportables. L'autorité, la loi, l'austérité, la rigueur qui contaminaient jusqu'aux draps de chacun des appartements de la caserne lui pesaient. L'oppressaient. D'aussi loin qu'il se souvienne, il avait toujours eu besoin de courir, de se faufiler à l'insu de tous dans les lieux qui lui étaient interdits. Très jeune, il avait commencé à ''emprunter'' de menus objets. Ce n'était pas leur valeur qui l'intéressait, ni même leur beauté. Pour dire, il avait même ''emprunté'' le ceinturon du garde en chef. Quelle rigolade, le lendemain, quand ses jurons avaient réveillé toute la caserne ! Enfin bref. Il ''empruntait'' uniquement pour sentir l'adrénaline se déverser dans ses veines comme un torrent fougueux. Pour se sentir vivant.
Les nuages se déversent à nouveau sur Rivemorte, comme le reflet des émotions du voleur. C'était à cette époque qu'il avait rencontré Moerteg, son premier ami hors de la caserne. Il fréquentait les autres enfants de gardes, certes, mais finalement, l'austérité et la rigueur avait déteint sur eux, et il n'appréciait pas vraiment leur compagnie. Il avait rencontré Moerteg dans les rues, bien loin de la caserne, un soir où il avait faussé compagnie à sa famille. Elland s'était aventuré dans les ruelles sombres de la vieille ville, où il avait croisé cet enfant, à peine plus âgé que lui mais bien plus chétif, qui dormait sous un porche.
Un bruissement d'ailes l'extirpe sans ménagement de ses souvenirs. Echidna vient se poser devant lui, et l'observe un instant, sourcils froncés, avant de s'approcher. Parce qu'elle a deviné sa peine, elle pose sa large mâchoire sur l'épaule du voleur et lui souffle doucement dans le cou, comme pour lui montrer qu'elle est là, et qu'elle ne l'abandonnera pas. Dans le secret des ténèbres, il laisse son chagrin s'exprimer sans honte.
La gargouille attend patiemment, laissant parfois échapper un geste affectueux. Lorsqu'il se calme enfin, il lui raconte d'une voix rauque, brisée par les sanglots, sa rencontre avec Moerteg, leurs premiers pas l'un vers l'autre. Leur complicité, aussi soudaine qu'inattendue. Et rapidement, leurs tribulations, toutes plus rocambolesques les unes que les autres. Comme si quelqu'un avait ouvert des vannes invisibles à l'oeil nu, ses souvenirs se déversent dans l'air nocturne sans répit.
Echidna l'interrompt alors qu'il s'apprête à décrire les évènements qui ont mis fin à cette amitié. Elle a senti, dans sa voix déjà fragile, les prémices de futurs sanglots. Avec une douceur inouïe, elle l'attrape par le col, et le soulève pour l'installer sur son dos. Et d'un mouvement puissant, elle prend son envol.
Cette fois, le vol n'a rien d'une promenade de santé. La gargouille prend un malin plaisir à raser les toits, à plonger de manière vertigineuse avant de se redresser lorsque le sol est si proche qu'il pourrait presque le toucher en tendant le bras. Tant qu'il se focalise sur son estomac, et qu'il lutte pour ne pas tomber, il ne pense pas aux mauvais souvenirs. Car elle les connait, ces mauvais souvenirs. Il lui raconte à chaque fois qu'il est mélancolique. Ce n'est certes pas fréquent, mais ce ne sont pas des histoires qu'on oublie. Elle ne le ménage pas un seul instant jusqu'à ce qu'ils arrivent devant un manoir qui semble abandonné, à quelques lieux de la ville. Elle se pose dans l'herbe humide, et le regard qu'elle lui lance semble rieur.
votre commentaire -
Douché, habillé, j'avais déjà pris mon petit déjeuner et j'avais fait mes exercices matinaux lorsque retentirent les premières notes de musique annonçant les informations de sept heures.
La voix de la journaliste était grave et tendue. Je redoutais qu'elle nous annonce le pire depuis de nombreux jours. Inéluctable, la situation ne pouvait qu'empirer.
D'une voix fêlée, elle annonça que les troupes ennemies marchaient en direction de notre ville. Elle poursuivit, d'un ton qui se voulait calme, mais qui n'y parvenait pas tout à fait, en nous faisant les dernières recommandations d'usage : se terrer à l'abri, avec des provisions, et se cacher. Il était trop tard pour fuir. Et fuir où ?
Dans un grondement sourd qui fit trembler les fenêtres, des avions ennemis nous survolèrent.
La suite de ses paroles se fondit peu à peu dans le vide : j'étais entraîné par un flot de souvenirs. La guerre s'était déclenchée des années auparavant, suite au manque de pétrole. Et les gouvernements avaient eu beau trouver des solutions alternatives, ce ne fut pas suffisant. Le pays voisin au nôtre nous avait toujours voué une haine féroce, et le fait qu'il nous restât un peu d'or noir avait été une raison suffisante pour déclencher les hostilités. La lutte avait été âpre et les morts se comptaient par milliers. Mais malgré tous les efforts de notre armée, l'ennemi s'avançait vers la capitale. Nos anciens alliés avaient bien trop à faire pour contenir leurs populations mécontentes, et se mêler à une guerre les auraient affaiblis. Nous étions seuls.
Les chars d'assaut qui envahissaient notre ville faisaient trembler le sol, rendant palpable la menace qui pesait sur nous.
“Le champ de bataille ne fait que révéler à l'homme sa folie et son désespoir, et la victoire n'est jamais que l'illusion des philosophes et des sots. “ William Faulkner. Cet homme avait vécu des décénies auparavant, mais la sagesse traverse le temps sans s'étioler.
C'était la folie, la haine et la cupidité des hommes qui marchaient sur nous. Que pouvions-nous faire face à ce trio infernal ? Nous étions perdus, et bien malgré moi, un étau compressait ma poitrine.
Je passais un doigt nerveux sous le col de mon pull, comme s'il menaçait de m'étouffer. Quel espoir nous restait-il ?
Des cris se faisaient désormais entendre dans les rues, ponctués par des coups de feu. Ce qui restait notre armée luttait contre l'envahisseur, tant bien que mal.
Je redressai le menton, me dressant face à la fenêtre aveuglée par les volets clos. Et alors que l'angoisse me serrait la gorge auparavant, je fus soudain presque apaisé. Nous ne pouvions les vaincre, mais leur montrer le meilleur de l'humanité, nous le pouvions. Oui, nous pouvions parfaitement leur montrer ce que signifie se battre pour la justice. Pour l'honneur. Pour ses frères. Pour sa patrie. Pour le droit de vivre libres.
Tournant rapidement des talons, je m'habillais pour sortir, non sans avoir pris l'arme que m'avait offert un vieil ami lorsque les troubles avaient éclaté. Et, silencieux comme un murmure, je descendis dans la rue. Je me déplaçais dans les ombres, discret, invisible. A quelques mètres de moi passèrent les soldats à pied, lourdement armés de leurs mitraillettes. L'Histoire se répète, fous que nous sommes d'oublier les leçons du passé.
Plus loin, le combat faisait rage. Et je devinais, non loin de moi, des familles entières cachées dans les caves. Pour être libres ! Je m'avançai au milieu de la chaussée, et d'un cri, interpelai nos ennemis, mon arme pointée sur eux.
Surpris, ils le furent incontestablement, et c'était bien la raison de mon geste de folie. J'en profitai alors pour vider mon chargeur sur eux, et dans la confusion qui suivi, je vis plusieurs corps s'effondrer. Alors ils eurent une réaction cohérente, et leurs mitraillettes se tournèrent vers moi. Et ce fut le néant.
Deux anges, tout de blanc vêtus, étaient penchés sur moi, soucieux. Je leur adressais un sourire hébété. Mon sacrifice n'avait pas été vain. L'un deux, de toute sa douceur, posa une main sur mon front.
- Tout va bien, monsieur.
L'autre s'éloigna légèrement, et je l'entendis parler dans une radio crachotante.
- On a un vétéran de l'armée, en pleine crise de démence. Il vient de tuer trois hommes. Nous attendons des renforts.
Des anges parlant dans une radio crachotante... Voilà de quoi tuer un mythe.
votre commentaire