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    Résumé :

     

    Zinzi arbore un paresseux symbiotique sur le dos, une sale habitude de faire des arnaques et un talent rare pour trouver les choses perdues. Mais quand les flics lui confisquent sa dernière paie, elle doit se tourner vers le job qu’elle déteste le plus : retrouver les personnes disparues. Engagée par Odi Huron, un producteur renommé, pour retrouver une pop star pour ado disparue, elle pense avoir son ticket de sortie de Zoo City, la ville où les pires criminels d’Afrique du Sud et leurs compagnons animaliers symbiotiques tentent de survivre.
    Au lieu de cela, Zinzi doit s’enfoncer dans les bas-fonds de la ville, ravagés par la magie et la criminalité, où elle devra faire face aux sombres secrets de différentes vies passés… dont la sienne.

     

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    Mon avis :

     

    Ce livre traînait depuis longtemps dans ma PaL. Trop longtemps. Le challenge ABC 2012 était l'occasion rêvée de le dépoussiérer un peu et d'enfin découvrir ce qu'il cache entre ses pages.

    Et je ne le regrette pas un instant !

     

    C'est un roman sombre, où nous découvrons des criminels affublés d'un animal symbiotique : ils sont liés l'un à l'autre et ne peuvent s'éloigner. C'est une nouvelle sorte de racisme : en Afrique du Sud, les animalés sont exclus et suscitent des regards méfiants car l'animal prouve le passé criminel de la personne. Le roman est parsemé d'articles et de reportages sur ce phénomène, et on apprend par exemple qu'au Pakistan, le simple fait de se montrer avec un animal conduit à la prison. Après tout, s'il y a un animal, c'est qu'il y a un crime. Ne reste plus qu'à faire avouer le crime, et pour ça, il suffit de les éloigner l'un de l'autre, pour une torture aussi inédite qu'efficace.

     

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    Nous nous concentrons cependant sur Zinzi, en Afrique du Sud, qui vit dans un ghetto. Trouver un travail honnête relève du miracle, et c'est donc avec des petites magouilles qu'elle parvient à survivre tant bien que mal en retrouvant des objets perdus ou en arnaquant des gens. Et tout bascule.

     

    L'auteur nous entraîne avec brio dans une enquête pas comme les autres, et on se surprend à s'attacher à Zinzi et à son paresseux au fil des pages. Drogues, violence, haine, tout est servi avec savoir-faire. Aucune personnage n'est épargné : ils ont tous leur part sombre et on ne voit que ça d'eux. Même les relations amoureuses sont teintées d'obscurité : il ne faut pas s'attendre à des personnages qui se promettent un amour éternel. La magie est présente, sans occuper le devant de la scène. L'enquête est là aussi, sans oublier pour autant le personnage. C'est savamment dosé pour créer ce climat mal sain, parsemé de références très actuelles.

     

    C'est un roman un peu dérangeant, à part, qui en dit plus qu'il n'est écrit. Une lecture très intéressante !

     

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    Le soleil descend lentement vers l'horizon, laissant une ville brûlante. Les rues de la ville ont retrouvé leur animation habituelle mais le voleur n'y prête pas attention. Il n'a qu'une envie : retrouver ces hommes et leur faire passer l'envie de tabasser les gamins. Pèire est sans doute encore à la taverne, en compagnie de Jehanne. Thémus doit sûrement s'occuper de ses hommes, qui lui ont caché une information si importante. Et seul, il aura plus de chances de passer inaperçu. Surtout si les lieux sont gardés : la discrétion est la meilleure solution pour pénétrer dans l'enceinte du bâtiment. Et puis, si Ménandre vit un calvaire dans ces ateliers, il ne peut pas le laisser une seconde de plus là-bas.

    Il hésite, pourtant, ayant l'étrange impression de trahir ses amis en continuant cette enquête seule, sans leur en parler. Alors pour se donner bonne conscience, il se promet qu'il ne fera qu'un petit tour de reconnaissance. Et s'il découvre quelque chose, il ira chercher des renforts. Oui, voilà. Parfait. C'est ce qu'il va faire.

    Faisant brusquement demi-tour, il se dirige vers les ateliers d'un pas vif. Bien que natif de Rivemorte, et y ayant toujours vécu, il ne connaît pas bien cette partie de la ville. Trop de gardes, pas assez de bijoux. Alors il erre un moment dans les ruelles, ses pas rythmés par le lancinant vacarme des outils qui façonnent et modèlent d'innombrables objets. Personne ne le remarque : il se noie dans la foule d'ouvriers qui regagnent leurs logis après une dure journée de travail.

    Finalement, il parvient jusqu'à ces fameux ateliers. Un bâtiment imposant, percé de maigres fenêtres qui ne doivent laisser passer que trop peu de lumière. Au dessus de la porte principale, une enseigne arbore fièrement, en lettres noires, un nom quelconque. Qu'il est parfaitement incapable de déchiffrer, puisqu'il ne sait pas lire. C'est son instinct qu'il lui fait dire qu'il est au bon endroit. Et les renseignements précieux recueillis auprès d'un garde qui patrouillait.

    Il ne s'attarde pas devant la façade, poursuit sa route comme si de rien n'était. Lentement, il fait le tour des bâtiments, observant les allées et venues, remarquant chaque garde, chaque curieux qui pourrait contrecarrer ses plans. A l'arrière du bâtiment, un portail, large et haut, permet aux charrettes de faire entrer et sortir les marchandises. Le portail est ouvert, et laisse deviner une cour, juste assez grande pour que les attelages puissent tourner. Les lieux sont déserts. Après avoir jeté un coup d'œil sur la droite, puis sur la gauche, Elland s'avance dans la cour.

    Une large porte s'ouvre à droite de la cour. Le martèlement régulier se fait plus fort et le voleur peut distinguer, à la lueur du crépuscule, les ouvriers qui s'affairent encore. Il esquisse un sourire, s'empare d'un ballot, abandonné au sol contre un mur, et s'avance dans l'atelier. Des femmes, assises devant d'immenses tas de laine, la filent avec application. Et elles bavardent, encore et encore, répandant un brouhaha ponctué de rires aigus. Un rapide regard sur la pièce lui permet de voir qu'il n'y a que des femmes. Pas d'hommes, pas d'enfants. Quelques têtes se tournent d'abord dans sa direction, puis elles le remarquent. Elles l'apostrophent, commentent, dissertent sur son visage ou l'arrondi de son postérieur. Les joues brûlantes, il hâte le pas et traverse cette salle des tentations.

    Dans la salle suivante, aucun ouvrier ne lui accorde la moindre attention, occupés qu'ils sont à laver et à gratter de longues bandes de tissu. Il y a beaucoup d'hommes, quelques femmes mais aucun enfant. Tous travaillent dans un silence pesant. Elland poursuit sa route.

    Enfin, il arrive dans une salle vierge de toute présence humaine. Des ballots semblables à celui qu'il porte remplissent la pièce jusqu'au plafond. A côté d'une porte, d'immenses bassines de laine patientent.

    Une autre porte, ouverte, dévoile l'origine du martèlement : des hommes s'affairent autour de métiers à tisser, se lançant mutuellement des navettes qui heurtent le cadre en bois dans un bruit sourd. Mais Elland ne s'avance pas dans cette salle. C'est la porte fermée qui l'intrigue. Aussi se dirige-t-il vers elle, posant son ballot au milieu des autres.

    La poignée tourne, mais la porte ne s'ouvre pas. Fermée à clef. Pourtant, derrière le battant en bois, il devine un bruissement régulier, un clapotis entêtant. Si Ménandre est dans cet atelier, il est derrière la porte. Alors Elland, s'assurant que personne ne traîne dans les parages, prend ses outils. Et en quelques secondes, la serrure émet un soupir cliquetant. Sans plus attendre, il tourne la poignée et fait pivoter la porte. Et il a tout juste le temps d'apercevoir le contenu de la pièce qu'une voix résonne à côté de lui :


    - Qu'est ce que vous faites là ?


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    Résumé :

     

    Rome, 70 avant J.C.

    Membre d'une des plus puissantes familles plébéiennes de la ville, Décius Cécilius Métellus le Jeune a choisi, à son retour de la légion, de s'installer dans le quartier sordide de Subure pour y mener sa propre vie, loin de l'opulente domus familiale. Modeste enquêteur à la commission des Vingt-Six, il est sommé par ses supérieurs de conduire discrètement une délicate enquête sur une affaire de meurtre touchant à la sécurité de l'Etat.
    La victime, un homme d'affaires originaire d'Antioche, était liée à des personnages très influents de la cité...

     

    challenge polar historiques

     

    Mon avis :

     

    Toujours dans le cadre du challenge polar historique (décidément, quelle bonne idée de challenge!), je me suis lancée à la découverte de cet auteur. J'ai toujours aimé les romans se déroulant dans la Rome Antique, et comme je n'avais pas été spécialement emballée par Spes, ultima dea, j'espérais trouver un auteur ''valeur sûre'' pour cette époque. Je ne suis pas sûre que ça sera pour cette fois.

     

    L'aspect historique est très bien rendu, c'est vrai. On se retrouve plongé dans les méandres des ruelles des quartiers mal-famés de Rome avec un vrai plaisir. Mon principal soucis, c'est que l'auteur a fait plusieurs clins d'œil au lecteur, avec des «Cet homme, que l'histoire connaitra plus tard pour .. » qui m'horripilent. Je trouve que ça casse complètement l'immersion. Tout comme le fait que le narrateur s'adresse plus d'une fois au lecteur, heureusement qu'au début du roman.

     

    J'ai pourtant bien aimé voir la ramification dans Rome, les liens et les complots qui s'organisent pour assoir sa place au Sénat ou pour obtenir un avantage quelconque.

    J'ai apprécié Décius, et surtout le fait qu'il soit incorruptible. A mesure que son enquête avance, il remonte dans les strates de la société romaine mais il ne se laisse pas impressionner. Ni corrompre. Il poursuit son enquête, même sans preuves tangibles. Et il ne s'arrête pas sous prétexte qu'il s'intéresse aux hommes les plus puissants de la société.

    Et de même, j'ai apprécié la fin. Difficile d'en dire plus sans ôter tout le suspens, mais disons que je la trouve très crédible et parfaitement adaptée.

     

    Pour autant, je ne suis pas convaincue que je lirais la suite de ses aventures. A cause des clins d'œil aux lecteurs, d'abord, et ensuite parce que je n'ai pas ressenti ce ''coup de foudre'' pour Décius. Même si j'aimerais savoir ce qu'il lui arrivera plus tard, je ne me précipiterai pas sur la suite. Il n'y a pas eu cette alchimie qui fait qu'on a envie de suivre toutes ses aventures.

     

    Sympa!


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    Résumé :

     

    Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
    Eugène, monte-en-l'air patenté, dépouillait les riches intérieurs de la bourgeoisie parisienne, tandis que Slawomir faisait rimer ivrognerie avec philosophie. Et ce depuis belle lurette. Mais voilà que Grace est venue tout fiche par terre, une fois de plus. Pourquoi a-t-il fallu, primo, qu'elle se mette à la colle avec un milliardaire à la tête d'une secte de chasseurs de vampires psychiques, et, secundo, qu'elle lui révèle qu'elle et ses compères font partie de ce cercle très fermé ? La chasse a déjà commencé...

     

    image-blog-challenge 2012

     

    Mon avis :

     

    J'avais craqué pour le résumé de ce roman qui promettait de changer des histoires de vampire qu'on trouve actuellement. Le challenge ABC 2012 était l'occasion de le sortir de ma PaL. Et quel plaisir !

     

    Oubliez les beaux vampires ténébreux qui séduisent les midinettes. Oubliez la classe et la prestance des immortels. L'auteur nous offre une vision originale du vampire, revisitant le mythe et le mettant à sa sauce. Aucune effusion de sang dans ce roman, les vampires se nourrissent différemment et ça fait du bien.

     

    Nous avons ce trio de personnages, haut en couleur. Eugène, le narrateur, au langage pour le moins fleuri (et j'avoue, parfois, certains termes étaient franchement obscurs pour moi), qui vit en squattant les riches appartements de bourgeois partis en vacances, qui prélève son dû dans les coffres-forts tout en sachant parfaitement que la victime ne dira rien puisqu'il s'agit d'argent plus ou moins légal.

    Slawomir, alcoolique, SDF, mais éminemment intelligent et bien plus puissant qu'il ne le laisse paraître, qui prendra une dimension tout autre à mesure que l'histoire avance. Et Grace, femme fatale qui vit au crochet d'hommes riches, catastrophe ambulante mais qui sait manier ses charmes pour se faire pardonner.

     

    Leur routine bien réglée vole en éclats lorsque Grace parle un peu trop. Et si le narrateur peste contre elle, impossible de ne pas lire entre les lignes l'affection qui le lie à elle. S'ensuit alors une intrigue menée tambour battant, où action et rebondissement s'enchaînent dans une plume gouailleuse.

    L'auteur nous offre non seulement un mythe de vampires différent, mais aussi une légende concernant leurs traqueurs très intéressante. De même, c'est un vrai plaisir de voir certains personnages historiques pointer le bout de leur nez, tout comme certains éléments chimimques.

     

    L'auteur a vraiment su donner un cap radicalement différent aux romans de bit-lit actuels, avec des personnages originaux et hauts en couleur, et un mythe revu et corrigé.

    Ce fut une lecture très agréable !

     

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  • Skin-Trade.gif

     

     

    Résumé :

     

    Il fût un temps où cette ville était au centre du monde.
    Un temps où sa puissance se nourrissait du sang et du fer. Mais aujourd'hui elle n'est plus que rouille et elle attend la ruine. C'est un territoire parfait pour Willie Flambeaux et Randi Wade. Lui est agent de recouvrement, elle, détective. Mais lorsqu'une série de meurtres particulièrement atroces ensanglante cette ville qu'ils croyaient si bien connaître, ce n'est plus dans dans le labyrinthe des rues qu'ils auront à mener l'enquête, mais dans les recoins les plus sombres de leurs propres passés.
    Là où se cachent leurs plus grandes peurs.

     

    Mon avis :

     

    La saga du Trône de Fer, adaptée en série télé, fait beaucoup parler de G.R.R. Martin. Et même si j'y songe fortement depuis un bon moment, je ne me suis toujours pas mise à la lecture de cet immense cycle. Mais, pour avoir lu et adoré Riverdream, je savais que je pouvais foncer tête baissée. Sans aucun regret.

     

    Ce roman qui date de 1989 a très bien vieilli et a reçu le World Fantasy Award de la meilleure novella. Car c'est un roman très court, d'environ 170 pages. Court, mais efficace. Et comme pour Riverdream, ce roman nous rappellle que les auteurs n'ont pas attendu la vague de bit-lit pour s'intéresser aux mythes et légendes.

     

    On retrouve la touche de G.R.R. Martin, pour créer tout un panel de personnages qui ne laissent pas indifférents : ils ont tous leur personnalité et leur histoire, ce qui les rend très vivants.

    L'auteur nous fait grâce des stéréotypes qu'on lit actuellement dans la bit-lit, avec des loups-garous qui ne sont ni ténébreux, ni à faire se pâmer l'héroïne.

    Willie flambeaux est un personnage particulièrement intéressant, hypocondriaque, légèrement obsédé sur les bords, trouillard mais infiniment humain lorsqu'il doit aller recouvrer les dettes.

    Randi Wade est plus classique, comme personnage, mais terriblement vivante.

     

     

    L'intrigue est particulièrement bien menée et il est très difficile de reposer le livre. Je voulais savoir ce qu'il se passait, qui était coupable et pourquoi. Et le coupable n'est pas forcément celui qu'on croit.

    Si les crimes sont odieux, l'auteur nous épargne les détails les plus sordides et ne s'attarde pas plus que nécessaire dessus. C'est à l'image du roman, efficace.

     

    Et puis, il y a cette fin, magnifique. Difficile d'en dire plus sans spoiler, mais j'ai vraiment été bluffée par cette fin à la fois terrible et très cohérente.

     

    Cette lecture fut un vrai plaisir et confirme tout le bien que je pense de cet auteur. Et me pousse encore un peu plus vers le Trône de Fer.

     

    J'ai aimé


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  • vampire-sestina.jpg

     

    Le principe de ce duel de plume, c'est d'écrire sur un thème donné, avec certaines restrictions.

    Thème:
    Les vampires.

    Restrictions:

    - Les mots bisounours, mouette et vodka doivent être utilisés dans le texte.
    - un lien musical en relation avec le texte doit être inséré.

     



    La jeune fille avance vaillamment entre les tombes, les bras serrés autour de la poitrine. La lune presque pleine projette ses rayons blafards et les stèles s'étirent en de longues ombres torturées. Des nappes de brouillard se lovent dans les creux, entre les caveaux et au pied des arbres. Mais elle avance courageusement, son bisounours gothique cliquetant à chaque mouvement de balancier de son sac à main. Elle s'est faite belle, pour son rendez-vous : talons hauts, leggins couleur chair, mini-short en faux cuir, et petit haut au décolleté qui fait plus que suggérer ses formes rembourrées à grand renfort de coton.

    Un hibou hulule, tout proche. Elle sursaute et, nerveusement, lisse sa chevelure impeccablement brushée. Elle s'est habillée trop léger et l'air frais la fait frissonner. A moins que ce ne soit l'appréhension. Ses yeux lourdement maquillés fouillent l'obscurité pour déchiffrer les inscriptions des stèles. Voilà. L'ultime demeure d'Oscar Wilde. Elle s'immobilise et tourne lentement sur elle-même. Elle est un peu en avance. Un nouveau frisson la parcourt, mais c'est un frisson d'excitation. Dans une poignée de minutes, elle va le rencontrer. C'est le rêve de sa vie. Le moment le plus important de sa jeune existence.

    C'est au hasard des forums de discussion et des amis Facebook qu'elle a fait sa connaissance. Le courant est tout de suite passé entre eux, et après d'exquises heures de tchat, elle a réussi à découvrir sa véritable identité. Louis, né en 1348, sauvé de la Peste par une créature de la nuit. Elle se souvient précisément de l'euphorie qu'elle a ressenti : elle rencontrait enfin un semblable d'Edward.
    Ils ont discuté encore de longues heures avant qu'elle n'ose lui proposer de se rejoindre au Père Lachaise. Elle a poussé un cri strident quand, après d'âpres négociations, elle est parvenue à le convaincre. Et maintenant, immobile devant une tombe, elle écoute sonner les douze coups de minuit en priant pour qu'il vienne.

    La brume s'agite soudain, ondule et danse. Et subitement, Louis apparaît. Tout de noir vêtu, costume et redingote, hormis une cravate de soie pourpre, il est majestueux. Certes, un peu plus petit que ce qu'elle imaginait, et ses cheveux noirs cachent une partie de son visage. Mais son port est altier, son teint pâle vierge de tout défaut. Il lui sourit gentiment, laissant deviner ses canines. Elle pousse de petits cris jubilatoires et se précipite vers lui. Il recule d'un pas et son regard serein l'immobilise à quelques centimètres de lui. Avec une douceur infinie, sans se départir de son sourire séduisant, il lui caresse la joue. Puis lui murmure à l'oreille :

    - Tu es splendide.

    Il s'écarte à nouveau et fait apparaître par magie deux coupes, magnifiquement ouvragées. Il lui en offre une avant de désigner la tombe d'un élégant geste de la main. Elle s'y précipite et, une fois assise, se trémousse en observant chacun de ses gestes. Une bouteille surgit dans sa main. Gracieusement, il les sert puis la dépose entre eux.

    - Puisse cet élixir rendre cette entrevue inoubliable.

    L'heure est solennelle. La jeune fille se retient de trépigner et essaie de prendre un air aussi distingué que Louis pour entrechoquer leurs coupes. Ses yeux pétillent de bonheur lorsqu'ils rencontrent ceux, graves et sensuels, du vampire. Quand elle trempe ses lèvres dans le nectar, elle lui trouve un surprenant goût d'alcool, mais n'en souffle pas un mot. Son regard reste rivé dans celui du beau Louis. Il chuchote des paroles incompréhensibles mais qu'elle sait être des compliments. Elle glousse de plaisir et termine sa coupe d'un trait.

    - C'est vraiment trop génial !

    Il la ressert tandis qu'elle s'extasie. Il la caresse du regard tandis qu'elle boit, parle, boit et parle. Les mots deviennent peu à peu hésitants, la prononciation hasardeuse. L'hypnose fonctionne. Elle boit encore et toujours ce merveilleux élixir nommé vodka. Elle n'a plus conscience de ce qu'il se passe autour d'elle. Elle ne parle plus, incapable de formuler ne serait-ce que son prénom.

    Louis fait apparaître une nouvelle bouteille, qu'il lui tend. La servir devient fastidieux. Le sort la pousse à boire, encore, directement au goulot, même si la soif l'a désertée depuis belle lurette. Et soudain, elle s'écroule, ivre morte, sur la sépulture du dandy arrogant. Louis ricane et balaie d'un geste négligent les coupes achetées dans un boui-boui d'adorateurs de vampires. Puis il se précipite sur la gorge de la soularde. Oubliées, la grâce et la prestance. C'est avec voracité qu'il déchire la chair tendre et s'abreuve de son sang fortement alcoolisé.

    - Mouahahahahaha !

    Le sang chaud, mêlé à la vodka, est comme un coup de fouet. Arrachant sa cravate et ses habits trop chics pour être confortables, il titube entre lui tombes en beuglant « C'est à boire, à boire, à boire, c'est à boire qu'il nous faut ! »

    Gloussant de son ivresse, il parcourt les tombes, invective les morts, blasphème à faire pâlir Satan en personne et crache sur les stèles. Il bondit sur les pierres tombales, improvise un concours de rots, faisant trembler les croix, et mime des gestes obscènes sur la dépouille de la jeune fille en braillant les paroles de la chanson.

    Il s'affale soudain dans l'herbe humide. L'ivresse a été aussi intense que courte. Le prix à payer, quand on est un vampire. Même plus capable de picoler un bon coup. Et ça, ces abrutis d'adorateurs, ils y pensent pas. Il éclate de rire, revivant chaque seconde de cette petite heure d'extase alcoolique. Quel pied !

    Il reste de longues minutes allongé, nu comme un ver, ressassant ces sublimes instants. Après tout le mal qu'il s'est donné pour attirer la gourde dans son piège... Il glousse en pensant qu'elle a bien été une gourde, dans tous les sens du terme. Il a joué avec elle, l'a manipulé pour la faire venir ici et la faire boire. Parce que boire le sang d'une personne ivre morte est le seul moyen de se prendre une cuite, pour lui, désormais. Et parce que ces moments d'ivresses valent toutes les supercheries du monde. Il se redresse enfin et ramasse gobelets et bouteilles. Le corps peut bien rester ici, de toute façon, il n'a plus besoin d'elle maintenant.

    Il se dirige d'une démarche chaloupée vers un caveau. De là, il extirpe un vieux sac, où il prend ses frusques habituelles, trouées et raides de crasse, puis il y jette bouteilles et coupes. Enfin, il va récupérer la machine à brouillard qui lui a coûté une petite fortune mais qui lui rend bien service pour créer les situations. Plus loin, il récupère l'iPod et les enceintes, où passent en boucle les hululements de hiboux. La prochaine fois, c'est décidé, ce sera des cris de mouettes. C'est vrai, quoi, c'est flippant, les cris de mouettes. On dirait des cris humains.
    Et ça tombe bien, parce qu'il est en train de jouer au vampire timide avec une idiote du littoral. Bientôt, il pourra revivre cette extase. Bientôt ! Et pour ça, franchement, être un vampire, c'est d'enfer.

     

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  • Le double à lire

     

    Après un mois de disette, en janvier, où je n'ai eut que sept livres (soit plus de quatre fois moins que le mois de décembre, je ne m'en suis toujours pas remise), j'ai quatorze livres à lire en février. Pas si évident. Alors, verdict ?

     

     

     

    Livres lus en février : 14


     

    1. L'épopée de Gengis Khan, tome 2 : Le Seigneur des steppes, Conn Iggulden 

    2. Gheritarsih, Michel Robert

    3. Le sabre de sang, T.1, Thomas Geha

    4. Changelins T.1 : évolution, Sophie Dabat

    5. D'une pierre deux coups, Patricia Wentworth

    6. D'or que landes : ou l'étrange aventure d'Harvey Squire, Denis Bretin

    7. A comme association, T.1 : la pâle lumière des ténèbres, Erik L'Homme

    8. Les princes-marchands, T.1 : une affaire de famille, Charles Stross

    9. Skin Trade, G.R.R. Martin

    10. Dans les bois éternels, Fred Vargas

    11. Petits arrangements avec l'éternité, Eric Holstein

    12. Echec au Sénat, John Maddox Roberts

    13. Zoo City, Lauren Beukes

    14. Alice et la poupée indienne, Caroline Quine

     

     

     

    J'ai finalement réussi à lire 14 livres ce mois-ci, merci à la vague de froid ! J'ai joué un joker pour le dernier livre, très court, j'avoue. Mais vu le fail du mois de mars qui se profile, c'était une occasion inespérée de sauver au moins février, et de ne pas terminer avec -12.

     

     

     

    Livres obtenus en février : 22

     

     

    1.Le sang d'aphrodite, Elena Arseneva

    2. D'or que landes, ou l'étrange aventure d'Harvey Squire, Denis Bretin

    3. Le prix de l'hérésie,S.J. Parris

    4. Changelin, T.1 : évolution, Sophie Dabat

    5. A comme Association, T.1 : la pâle lumière des ténèbres, Erik L'Homme

    6. La nuit des ondines, Elena Arseneva

    7. Le croque-mort à la vie dure,Tim Cockey

    8. Au nord du monde, Marcel Theroux

    9. Les chevaliers d'émeraude, T.1 : le feu dans le ciel, Anne Robillard

    10. Skin Trade, G.R.R. Martin

    11. Mr. Shivers, Robert Jackson Bennett

    12. Le dernier hiver, Jean-Luc Marcastel

    13. Le baiser du rasoir, Daniel Plansky

    14. Le collège de magie, Caroline Stevermer

    15. Psi-Changeling, T.1, Nalini Singh

    16. L'inspecteur Studer, Friedrich Glauser

    17. La fourche du diable, Elena Arseneva

    18. L'énigme du manuscrits, Elena Arseneva

    19. L'homme au ventre de plomb, Jean-François Parot

    20. Absolution par le meurtre, Peter Treymane

    21. Féérie pour les ténèbres, Intégrale 1, Jérôme Noirez

    22. Féérie pour les ténèbres, Intégrale 2, Jérôme Noirez

     

     

     

    Ce qui me fait donc la broutille de 44 livres à lire en mars. Pour ma défense, j'ai trouvé beaucoup de livres d'occasion ! Alors déjà que j'ai du mal à résister quand les livres sont neufs...

    Alors, suspens, pourrais-je lire 44 livres en mars ?



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    Résumé :

     

    " Des fois, ça me gratte.
    Ça me gratte sur mon bras manquant, soixante-neuf ans plus tard. À un endroit bien précis, toujours le même, dit le vieux. Ma mère savait pourquoi : c'est la piqûre de l'araignée. Quand mon bras est parti, je n'avais pas fini de la gratter. Alors elle me démange toujours. C'est tout simple, c'est que le sentiment n'a pas fini sa vie. Et si on meurt ; avant d'avoir fini de vivre, c'est pareil. Les assassinés continuent à traîner dans le vide, des vengeances qui viennent nous démanger sans cesse."
    Se pourrait-il que le commissaire Adamsberg court après une ombre ?

     

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    Mon avis :

     

    Je dois avoir une bonne partie des romans de Fred Vargas, mais je ne les lis pas. Tout simplement parce que je sais qu'ensuite, ben, y'en aura plus. Et ça, c'est pas concevable. Donc je les garde dans un coin de ma PaL, je les chéris, et je les garde en cas de besoin.

    Et là, c'était une période de besoin : je voulais un excellent roman pour rebooster mon appétit livresque. Gagné.

     

    Plus le temps passe, plus je suis fascinée par le talent de cette auteur. Elle a un don impressionnant pour créer une galerie de personnages atypiques, originaux sans être impossibles. Elle rend ses personnages vivants, leur donne une douce folie parfaitement crédible et ô combien délectable.

    Et elle n'en oublie aucun : même les personnages qui n'apparaissent qu'une seule fois dans le roman ont cette aura un peu mystique, décalée, qui les rend si humains.

    Le commissariat est une galerie de personnages avec leurs petites manies et leurs travers secrets que tout le monde connaît. Même le chat a une personnalité.

     

    Et puis, il a l'intrigue, qui comme souvent part de rien, d'une ombre dans un cimetière. Il y a bien ces meurtres mais pour les autres services, ce n'est qu'un règlement de compte comme les autres.

    Adamsberg se bat pour garder cette enquête et c'est plutôt sympa de voir que les autres services ne lui font pas confiance : je trouve que ça rajoute encore à ce personnage décalé.

    Adamsberg est du genre à s'intéresser à la mort de cerfs, quand tout le monde s'en fiche complètement. Et puis, il a cette rêverie permanente, ces intuitions et sa manière de réfléchir complètement à part. Et terriblement addictive.

     

    «  Adamsberg n'avait jamais compris cette affaire de match (de foot). Si cela plaisait à des gars de lancer un ballon dans un but, ce qu'il pouvait très bien comprendre, à quoi bon installer tout exprès une autre bande de gars en face pour vous empêcher de lancer ce ballon dans le but ? Comme s'il n'existait pas, à l'état naturel, assez de gars sur terre qui vous empêchaient sans cesse de lancer vos ballons où cela vous chantait ».

     

    «  - Ah je n'en sais rien. Avec Robert, on ne fréquente pas trop. Les curés, c'est un peu comme les flics. Pas le droit de ceci, pas le droit de cela, ça ne va jamais comme ils veulent. »

     

    La plume de Vargas est douce et très immersive, elle nous plonge directement dans l'univers un peu ouaté, un peu surnaturel, un peu étrange, si passionnant.

    Et puis, franchement, ça m'énerve. L'auteur semblait partir sur la piste d'un coupable, et moi, je marmonnais entre mes dents « Mais non, arrête, c'est lui le coupable, évidemment ». Et en fait, pas du tout. C'est bien plus frustrant que de n'avoir aucune idée du coupable. C'est le sentiment de se faire berner et mener par le bout du nez. C'est … énervant. Mais génial.

     

    Bref. J'ai adoré cette lecture, c'est un vrai coup de cœur, que je recommande vivement. Un excellent Fred Vargas. Je suis fan.

     

    Coup de coeur


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    Résumé :

     

    Miriam Beckstein, jeune journaliste, découvre un moyen de pénétrer dans une autre dimension.
    Sur une Terre parallèle qui évoque notre Moyen Âge, elle appartient à une famille étrange : ses membres peuvent passer d’un univers à l’autre. Ce qui facilite certains commerces illicites, dont celui de la drogue. Dans leur monde, ses membres, constituant une mafia héréditaire, vivent en seigneurs. Le contraste entre les deux univers provoque un conflit entre les valeurs démocratiques de Myriam et la mentalité aristocratique et criminelle de sa famille retrouvée.

     

    Pas convaincue

     

    Mon avis :

     

    Ce roman me tentait depuis un bout de temps, mais c'est ma meilleure amie qui l'a adopté en premier. J'ai donc attendu qu'elle le lise pour lui emprunter. Et à vrai, je suis plutôt contente de ne pas l'avoir dans ma bibliothèque, ce roman.

     

    Les premiers chapitres m'ont plutôt plu, lorsque Miriam est confrontée à ses supérieurs, alors qu'elle  vient de découvrir un sujet explosif. De même, lorsqu'elle découvre cette nouvelle dimension, c'est une partie plutôt intéressante. L'ambiance oppressante est plutôt bien rendue.

     

    Mais c'est ensuite que j'ai décroché. Les gardes en armure médiévale, armés d'épée, et de mitraillette, ça me perturbe toujours, même si, dans ce cas, c'est plutôt cohérent et que je l'ai intégré dans la lecture.

    Sauf que j'ai trouvé que ça manquait un peu d'explications au sujet de ce monde, sur certains éléments, et plus globalement, sur les liens qui unissent ces deux mondes.

     

    Et puis, j'ai été très déçue par la réaction de Miriam. Elle se découvre donc une famille mafieuse, riche et puissante. Elle reste toujours dans ce microcosme : elle a vu un ou deux paysans et en conclut qu'ils vivent comme au Moyen-Âge : sa curiosité journalistique ne la pousse visiblement pas à en savoir plus sur leur mode de vie ou leur satisfaction. Et elle en déduit qu'elle doit les sauver en apportant la modernité, cherche à se faire de l'argent de manière plus légale. Mais ça m'a vraiment donné l'impression d'une ultra-libérale qui cherche à faire du profit sur le dos des habitants de ce monde, en leur imposant des changements alors qu'elle les connait à peine. Et moi qui suis écœurée par cet ultra-libéralisme qu'on subit tous les jours, je ne peux qu'être déçue de la voir réagir comme ça.

     

    J'ai trouvé certains passages vraiment longs et plus j'avançais dans la lecture, moins j'accrochais.

    C'est une lecture plutôt plaisante, mais elle ne m'a pas convaincue de lire la suite.


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    Résumé :

     

    De père en fils, les Squire exercent le métier de barbier, auquel revient la macabre obligation de raser les morts avant leur grand voyage vers l'au-delà.
    Parce qu'il a dix ans et qu'il est bien le fils de son père, c'est au tour du jeune Harvey d'assumer la charge de cet étrange métier. Par un soir de Noël 1862, alors que l'hiver et la nuit ont pris possession des landes et des bois qui cernent le village écossais de Drinsdale, Harvey Squire est envoyé au manoir des Fearnwood. Dans la demeure victorienne hantée de courants d'air et de tristes mélodies l'attend un secret dont l'origine remonte à l'antiquité de cette région âpre et sauvage, à ces temps très anciens où les légions romaines se chargèrent de construire le légendaire mur d'Hadrien...
    Mais c'est déjà trop dire que d'avoir dit tout cela.

     

    Mon avis :

     

    C'est suite au coup de cœur de Livr0ns-n0us que j'ai craqué, d'autant plus que le résumé me plaisait.

    J'ai tenu quelques mois, puis je me suis rendue dans ma librairie habituelle pour commander.

    Et mon avis est moins enthousiaste que celui de Livr0ns-n0us.

     

    J'ai beaucoup aimé le cadre de l'histoire, que ce soit l'époque ou le lieu. De même, j'ai beaucoup aimé toute la légende autour du mur d'Hadrien. Comme beaucoup de choses, je connais ce fameux mur et je connais les raisons de sa construction, mais je n'avais jamais lu de roman liés à cette construction justement.

    De même, j'aime beaucoup la partie fantastique qui, sans être trop poussée, fait partie intégrante du roman.

     

    Les personnages m'ont beaucoup plu, que ce soit le jeune Harvey Squire (difficile de ne pas avoir de l'empathie pour lui), Julius ou Boniface Swifft. Ils ont réellement une personnalité, un passé et des aspirations qui leur donne de la profondeur.

     

    L'intrigue est loin d'être évidente, même si on peut deviner certains éléments. J'ai suivi les découvertes de nos jeunes héros avec plaisir, me laissant porter par leur enquête.

    Mais c'est l'écriture qui m'a posé un peu soucis. Le vocabulaire est recherché, les phrases abondent de métaphore. A vrai dire, je n'ai pas trouvé la lecture fluide et ça m'a empêché d'avoir un réel coup de cœur, que ce soit pour les personnages ou pour l'intrigue.

     

    Ce fut tout de même une lecture plaisante, qui mériterait sans doute une relecture dans de meilleures dispositions !

     

    J'ai aimé


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