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La taverne est déserte, en ce milieu d'après-midi. Les habitants de Rivemorte vaquent à leurs occupations et délaissent la salle à manger plongée dans une pénombre et une fraîcheur bienvenue. Les mines sont graves quand les quatre hommes s'installent autour de la table. Pèire, retrouvant le visage que tous lui connaissent, se charge de préparer les brocs de bière et quelques tranches de pain et de charcuterie, qu'il amène sur la table. Mais l'appétit ne vient pas, et s'ils se désaltèrent longuement, ils ne touchent pas à la nourriture. C'est Théoliste qui finit par rompre le silence devenu pesant, en déclarant :
- Bon, reprenons depuis le début. Pour quelles raisons voudrait-on enlever un gamin comme lui ?
- Pour s'en débarrasser, tente Elland.
- Sauf qu'il n'a rien vu ni rien volé d'important, d'après Osvan.
- Pour s'enrichir, renchérit Pèire.
- Sauf que les esclavagistes n'y sont pour rien, et que les bouges sont surveillés. S'il réapparait, on le saura aussitôt.
C'est Thémus, qui, implacable, réfute toutes leurs hypothèses. Et alors qu'un sentiment de défaitisme menace de tous les emporter, c'est à nouveau lui qui reprend la parole :
- Je pense que cette histoire est liée à cette Maelenn. Vous avez dû mettre le doigt sur quelque chose de très important pour qu'ils déploient de tels moyens. Je suis persuadé que l'attaque dont vous avez été victime avait pour unique but de vous faire cesser définitivement vos recherches.
- Et tu penses que la vieille est impliquée ?
- J'en suis convaincu. Elle vous a envoyé à Picsuif, sans doute dans le but de vous décourager, ou au mieux, de vous faire perdre votre temps.
- Elle semblait vraiment sincère quand elle nous a assuré qu'elle ignorait où était Maelenn.
- Quand les intérêts sont suffisamment importants, jouer parfaitement la comédie devient indispensable. Elle n'en est peut-être pas à son coup d'essai. A moins qu'elle soit une excellente comédienne.
- Mais elle a nous envoyé chez Tanorède Guevois.
- En effet. Sans doute espérait-elle que vous renonciez. Aller questionner un noble, ce n'est pas un culot que s'autorise n'importe qui.
Plongeant le nez dans son broc de bière, Elland rougit. Maintenant que Thémus en parle, il doit bien se l'avouer : c'était incroyablement audacieux de se présenter chez un riche bourgeois pour l'interroger. Et c'est d'autant plus surprenant que ledit bourgeois ait accepté de les recevoir et de les renseigner sans s'offusquer d'un tel geste. Mais s'il tient vraiment à épouser Maelenn, c'est plutôt normal, non, qu'il ne méprise pas les plus pauvres ? Pèire semble suivre le même raisonnement, puisqu'il conclut :
- Et elle se doutait que Guevois l’enverrait promener. C'est à ce moment là qu'elle a ordonné à ses hommes de main d'agir.
- Sauf que Guévois l'a accueillit et lui a parlé du mariage, contrecarre Théoliste.
- Justement, à ce sujet. Pourquoi a-t-il dit ça ? Est-ce que c'est la vérité ? Ou est-ce qu'il est complice ? Demande Elland.
- Et surtout, pourquoi ont-ils enlevé Ménandre ? Qu'est ce qui peut bien justifier un tel acte ? S'interroge Pèire
- Je ne suis pas persuadé que c'était prévu. Ils ont envoyé quatre hommes vous suivre. D'après ce que tu nous a dit, ils n'ont pas hésité à vous attaquer et à utiliser leurs armes : ils avaient pris toutes les précautions nécessaires. Mais ils n'avaient pas prévu que vous vous sépareriez. Les hommes se sont donc divisés pour vous attraper tous les deux, ce qui t'a permis de t'en sortir. Je suis certain que l'enlèvement n'était pas prémédité. Ils voulaient se débarrasser de vous.
- Et ils ont échoué. Sauf qu'ils ont Ménandre maintenant.
- En effet. Et ils ignorent sans doute ce qu'ils doivent en faire. J'espère simplement qu'ils n'auront pas assez d'intérêts en jeu pour l'abattre de sang-froid.
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Résumé :
L'aventure commence il y a six mille ans...
L'Esprit du Mal s'est emparé d'un ours. Seul Torak, douze ans, peut le défier. La prophétie est formelle : il est Celui-qui-écoute. Il doit trouver la Montagne de l'Esprit du Monde pour rétablir l'harmonie entre les hommes, la nature et les animaux. Accompagné d'un jeune loup qui lui ressemble comme un frère, Torak s'engage dans la Forêt Profonde. Alors commence un étonnant périple au cœur d'une nature magique, à la fois fascinante et hostile...Mon avis :
J'ai beaucoup aimé l'idée d'avoir comme contexte la préhistoire, et c'est pour cette raison principalement que je me suis laissée tenter par ce roman.
La plume est très agréable, loin d'être simpliste comme on pourrait s'y attendre pour un roman jeunesse. De même, certains passages sont assez crus. Sans être difficiles à lire, ils prouvent tout de même que nous ne sommes pas au joyeux royaume des Bisounours.
Car la vie est difficile à cette époque, loin de tout notre confort moderne. L'auteur a su parfaitement nous plonger dans ces temps obscurs, où les croyances règnent en maître et rythment la vie des personnages. J'ai été très touchée par le respect qu'éprouve Torak à l'égard de la forêt, et le simple fait qu'ils ne tuent que pour survivre, qu'ils ne gâchent rien sur un animal, me touche, même si c'est une idée qui revient assez régulièrement. Si seulement notre monde à nous pouvait être encore régit par ce genre d'idées...
La plume de l'auteur est donc très agréable à lire et on suit avec plaisir les péripéties de nos héros. Loup est particulièrement attachant et j'ai adoré lire ses facéties.
Je regrette juste certaines facilités dans le scénario : la quête semble presque trop facile. Par contre, le rapport entre Torak et les autres clans est très intéressant et bien plus prenant.
J'ai passé d'excellents moments avec notre héros, et je lirai sans doute la suite, quand j'aurai réduit un peu l'imposante pile de livres qu'il me reste à lire ^^
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N.B. L'illustration est l'oeuvre de Damian Bajowski. Une galerie de ses oeuvres est présente ici : link
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Résumé :
Anna est un loup-garou.
Elle découvre un nouveau sens à son existence quand le fils du chef des siens débarque en ville pour réprimer les troubles au sein de la meute de Chicago et qu'il insuffle à Anna un courage qu'elle n'avait encore jamais ressentiMon avis :
J'aime beaucoup l'univers créé par Patricia Briggs et je n'ai pas hésité longtemps avant de me procurer et de lire ce ''tome 0''.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que Milady a tout fait pour rendre ce tome 0 aussi étoffé que possible : pages épaisses, police de caractère énorme. Mais on peine à atteindre les 120 pages.
Nous assistons donc à la rencontre en Charles et Anna, lorsqu'il vient pour mener l'enquête dans la meute de la louve. Les inter-relations entre les personnages sont très intéressantes, même si elles semblent rapides. Pendant ce tête à tête de deux jours, ils vont apprendre à se connaître, à se plaire. A vrai dire, l'enquête sur les agissements de la meute est presque reléguée au second plan, mais révèle quand même quelques surprises.
La plume de Patricia Briggs est toujours aussi agréable à suivre, toujours aussi plaisante. Mais ce tome 0 me laisse un arrière-goût amer dans la bouche.
Au delà de l'aspect purement marketing et commercial (et ça fonctionne, puisque je l'ai acheté), j'ai un peu l'impression de m'être fait avoir. Car l'histoire qu'elle nous raconte, elle en avait tracé les grandes lignes dans le tome 1.
Alors pourquoi ne pas avoir fait un vrai roman à partir de cette rencontre ? Pourquoi ne pas se contenter d'un tome 1 plus étoffé, plus complet sur cette rencontre ? Pourquoi avoir voulu passer si rapidement ce moment clef dans le premier tome, et nous sortir cet ersatz de nouvelle, trop vite pliée, trop peu consistante ? Tant qu'à avoir deux tomes, autant qu'ils soient plus équilibrés.
Mais quoiqu'il en soit, je l'ai lu dans la journée, et j'aime toujours autant l'univers et l'écriture. Sentiment mitigé, donc. Mais je me connais, je lirai la suite quand elle sortira
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Les 22, 23 et 24 avril, à Mons, en Belgique, se tient un festival. Et pas n'importe quel festival. Mais pour le découvrir, autant reprendre la présentation que les organisateurs ont fait sur le site :
"Après trois premières éditions couronnées de succès, Trolls & Légendes, le seul festival à regrouper tous les aspects de la Fantasy, de la littérature au jeu en passant par la musique, la bande dessinée, l’illustration et le cinéma, revient, avec un programme plus alléchant encore. Cet événement est organisé par l'asbl Trolls & Légendes, avec la collaboration de l'asbl Anthêsis et de la Cuvée des Trolls, la bière de la Fantasy. "
Voici le site en question : link
Bien trop loin de chez moi, je ne pourrais pas y aller. Mais rien n'empêche de savourer leur très beau site. Ce que j'ai le plus aimé, c'est la partie "Musique", dont voici le lien link. Des groupes très intéressants, proposant une musique comme j'en cherche souvent sans vraiment en trouver.
De même, sur le site, il y a les noms des auteurs et illustrateurs qui participent au festival, histoire d'en découvrir certains.
Je devrais donc me contenter du site, mais il vaut vraiment le détour. Peut-être dans deux ans ?
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- Pris sur le fait ! Lâche-le im...
Son cri du cœur meurt dans sa gorge. La stupéfaction le cloue sur place. Pèire, dans son élan, se cogne violemment dans son dos. Dans le petit salon chichement meublé, Théoliste se sépare d'un bond de la personne qu'il embrassait. De l'homme qui l'embrassait. Et si le second baisse la tête, rouge pivoine, et semble vouloir disparaître six pieds sous terre, le guérisseur, lui, tente des explications. Explications à peine compréhensibles, bafouillées et entrecoupées de justifications parfaitement incohérentes. Ce sont les pleurs d'un enfant qui ramènent les quatre hommes à la réalité. Pèire, d'un geste vif, ferme la porte derrière lui et pousse Elland jusqu'à la table. L'inconnu, lui, s'est précipité vers un berceau, d'où il soulève avec délicatesse un bébé. Et Théoliste marmonne sans discontinuer que sa vie est fichue, qu'il a tout perdu.
Elland peine à rassembler ses pensées pour les rendre cohérentes. Cet homme qu'il suspectait du pire quelques minutes plus tôt semble être coupable d'abus de discrétion pour rejoindre son amant. Il dévisage le guérisseur complètement paniqué, essayant de comprendre toutes les implications de cette découverte. Pèire semble être le plus à même de gérer la situation, car il déclare :
- Je suis désolé pour cette entrée fracassante. Nous sommes tous sur les nerfs, avec cette histoire, et nous avons imaginé le pire. Tu nous expliques autour d'un remontant, Théoliste ?
L'homme replet hoche vivement la tête et s'affaire soudain. Il dépose une bouteille d'eau de vie sur la table, ainsi que quatre petits verres qu'il remplit généreusement. Puis il fait signe à ses amis de s'asseoir autour de table. Son compagnon a calmé le nourrisson et s'assoit à son tour. Théoliste, penché vers son amant, lui murmure quelques explications. Anthelme hoche la tête régulièrement et l'inquiétude marque son visage. Comme le guérisseur, il doit avoir la quarantaine. Ses cheveux bouclés sont d'un brun intense. Mais ce sont ses yeux qui attirent l'attention : ils sont d'un vert saisissant et particulièrement expressifs. Lui aussi semble aimer la bonne chair, car tout comme son compagnon, il arbore de généreuses rondeurs. Les deux amants vident leurs verres avant de se resservir, puis Théoliste demande :
- Vous m'avez suivi, c'est ça ?
- Oui, nous t'avons repéré avec Echidna. Ton comportement était suspect. J'ai vraiment cru que tu étais mêlé à l'enlèvement de Ménandre.
- Non, bien sûr que non ! Je ne ferais jamais de mal au gamin ! Mais vous êtes doués, je n'avais rien remarqué.
- Tu as pris de sacrés risques, sachant que la ville serait passée au peigne fin cette nuit.
- Je l'avoue. Mais …. l'une de mes patiente est décédée hier après-midi et elle n'avait personne d'autre que cet enfant. Si je ne faisais rien, il allait mourir, ou finir à l'orphelinat. Anthelme et moi avons l'habitude de nous occuper d'enfants le temps de leur trouver un nouveau foyer.
L'intéressé hoche doucement la tête, gêné d'être ainsi mis en avant. Il jette un regard paniqué au guérisseur, avant de prendre une longue inspiration.Et c'est avec une voix douce qu'il explique :
- Je... je lui avais dit... de... de ne pas... prendre de risques … inutiles.... Sa... réputation est … tellement plus... importante.
D'un geste affectueux, Théoliste pose sa main sur celle de son amant, avant de la retirer vivement, comme s'il avait été brûlé. Jetant un regard en biais aux deux intrus, il murmure :
- Deux hommes ensemble, c'est... enfin, ce n'est pas très bien vu, vous comprenez. Si ça se sait, plus aucun homme ne voudra que je le soigne. C'est...
Les mots lui manquent pour exprimer ses craintes, alors c'est Anthelme qui, de sa voix douce, explique leur relation. La nécessité de se cacher, pour fuir les insultes, les moqueries, les actes de violence. Le besoin impératif de faire profil bas pour protéger l'homme public qu'est Théoliste. Avec beaucoup de pudeur, à demi-mot, il esquisse le portrait de leur amour caché, qui dure depuis dix ans maintenant. Et il ajoute, une fêlure dans la voix, qu'il espère que Pèire et Elland sauront se montrer discrets. Elland, le regard fixé sur le fond de son verre vide, réfléchit. Théoliste n'a jamais eu un regard ou un geste déplacé envers lui. Il lui a sauvé la vie, lorsqu'il l'a soigné après les geôles. Il a pansé ses plaies, sans poser de questions, après l'attaque de la ruelle. Mais il ne peut s'empêcher de grimacer en imaginant ces deux hommes former un couple. C'est... pas très normal, tout ça. Ils ne font rien de mal, il en est conscient, et ils semblent plutôt heureux. Alors il marmonne :
- Je suppose que c'est moins grave que ce que j'avais imaginé. Je veux dire, Théoliste n'a pas découpé Ménandre, n'est-ce pas ?
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Le presque-médecin semble ne pas les avoir vu, concentré sur le toit voisin. Son front couvert de sueur luit doucement, et ses yeux scrutent vainement les hauteurs. Puis il reprend sa course, inconscient des deux paires d'yeux qui le fixent. Dès qu'il a le dos tourné, Echidna s'envole à nouveau, et va déposer son complice dans une ruelle adjacente. La traque est finie pour elle. Mais pas pour Elland, dont les pensées sont braquées sur Théoliste. Pourquoi se comporte-t-il de la sorte ? Que cache-t-il ? Il était présent lors du conciliabule avec Thémus et Pèire. Il sait parfaitement que toute la ville est quadrillée. Alors qu'est-ce qui est si important pour qu'il s'aventure ainsi ?
Le cœur battant la chamade, Elland regagne la ruelle empruntée par Théoliste. Aussi discret qu'un murmure, il suit son guérisseur. Ce dernier connaît tout leur plan, toutes leurs avancées dans cette affaire. Et dans un éclair de lucidité, des dizaines d'incidents reviennent à l'esprit d'Elland : la tisane qui l'a plongé dans le sommeil, la filature pour connaître la cause de sa guérison, sa proximité à la taverne, son omniprésence, surtout quand on ne l'attend pas. Ses activités, qu'il ne détaille jamais. Son comportement, parfois étrange. Sa curiosité, insatiable. Théoliste les épiait. Il assemblait des informations sur eux, jusqu'à ce qu'il en ait récolté suffisamment pour passer à l'attaque. Dans son esprit, plus aucun doute n'est permis : Théoliste est directement lié à l'enlèvement de Ménandre. Peut-être l'a-t-il enlevé pour le soumettre à d'atroces expérimentations scientifiques ? Peut-être souhaite-t-il le tuer pour le découper afin d'étudier en profondeur le corps humain. Ou alors, il souhaite le revendre à un couple dont l'enfant est mort prématurément. Peut-être même qu'il souhaite l'échanger contre des informations. Pire : il souhaite le monnayer contre Echidna, afin d'utiliser sans fin sa salive cicatrisante !
Bouillonnant de rage, il traque cet ami devenu proie, dont le souffle court perce le silence de l'aurore. Il se retourne de plus en plus souvent, comme s'il touchait au but. Et le voleur le suit toujours, bien décidé à découvrir ses complices. Mais alors qu'il allait s'engager à sa suite dans une traverse, une énorme main se pose sur son épaule. Pèire. Elland n'a pas besoin de lui demander s'il a des informations supplémentaires, ses traits tirés expriment une déception indicible. Alors sans prendre le temps de parler, le voleur lui fait signe de se taire, et de le suivre, désignant du doigt la silhouette qui se faufile toujours de ruelles en traverses.
Du coin de l'oeil, Elland peut voir tour à tour la surprise, puis la colère se dessiner sur le visage du tavernier. L'incompréhension vient ensuite, rapidement remplacée par la déception. Ils se figent soudain : Théoliste vient de s'engouffrer dans une porte cochère. Avec un luxe de précautions, ils le suivent, et découvrent une cour intérieure, sombre et humide, percée de nombreuses portes. Le presque-médecin a disparu. Avec avidité, les deux amis scrutent chaque recoin, chaque porte, espérant y trouver un indice. Il leur est insupportable d'imaginer que ce criminel puisse leur avoir échappé. Pourtant Théoliste semble s'être volatilisé.
C'est Elland qui remarque le rai de lumière sous l'une des portes, tandis que les autres sont plongées dans l'obscurité. Silencieux comme la mort, il s'en approche et pose l'oreille contre le battant de bois. Deux voix étouffées se font entendre. Pèire est dans son dos et trépigne d'impatience. N'y tenant plus, il pose la main sur la poignée de la porte et la tourne doucement. En vain. Fermé à clef. Ce qui ne fait que renforcer les soupçons : dans ce quartier, les habitants sont trop pauvres pour verrouiller leurs portes, ils n'ont rien à voler.
Pèire semble être sur le point de défoncer la porte à grand coups de pied rageurs. Elland pose alors une main apaisante sur son épaule et lui fait signe de reculer. S'agenouillant devant la porte, il sort de sa botte deux longs crochets en métal, qu'il utilise régulièrement pour charmer les serrures et les faire s'ouvrir. Sa main gauche est bien trop capricieuse pour qu'il réussisse cet exercice délicat qui demande une grande précision. Aussi utilise-t-il sa bouche pour maintenir le premier crochet et la main droite pour faire jouer les chevilles. Un déclic à peine perceptible se fait entendre, et il se relève, triomphant. Déterminé à découvrir ce que leur cache le guérisseur, il range ses crochets et pose la main sur la poignée. C'est avec une pensée pour Ménandre, et les supplices que lui fait subir Théoliste, qu'il ouvre la porte d'un geste rageur.N.B. L'illustration est l'oeuvre de Damian Bajowski. Une galerie de ses oeuvres est présente ici : link
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