• Numero-Quatre.gif

     

     

     

    Résumé :

     

    Neuf d'entre nous sont venus sur Terre.
    Notre but était de grandir, de nous entraîner et de nous réunir pour ne faire plus qu'un afin de les combattre. Mais ils nous ont trouvés et nous ont pris en chasse les premiers. À présent, nous sommes tous en fuite. Nous nous cachons en permanence, pour que personne ne nous repère. Nous vivons parmi vous sans que vous vous en rendiez compte. Mais eux le savent. Ils ont attrapé Numéro Un en Malaisie. Numéro Deux en Angleterre. Et Numéro Trois au Kenya. Ils les ont tous tués.

    Je suis Numéro Quatre. Le prochain sur la liste.

     

    Pas convaincue

     

    Mon avis :

     

    J'ai été séduite par la couverture, le résumé qui semblait plutôt prometteur et original. Et au final, je suis plutôt mitigée.

     

    L'intrigue en elle-même est plutôt originale : ayant fuit sa planète d'origine, le héros tente de se construire une vie normale. Jusqu'à ce qu'il apprenne qu'il est le prochain sur la liste. Le résumé promettait un roman haletant, plein de suspens. Promesse tenue.

     

    J'ai aimé l'histoire, donc, même si je déplore que la première fille qu'il rencontre soit la bonne, celle qui fait chavirer son cœur et … sortez les violons, quoi. De même, le méchant du lycée, forcément, qui va l'empêcher de passer incognito, parce qu'il le provoque. Et le binoclard du lycée, paria parce qu'il a des passe-temps si différents des autres lycéens.

     

    La plume est agréable à lire, mais j'ai trouvé que le roman s’essoufflait un peu sur la dernière partie. Et j'ai trouvé que la construction manquait, elle, d'originalité. Le héros, parfaitement conscient qu'il ne doit pas se faire remarquer, qui, dès le premier jour, se bat avec le gros dur du lycée et devient le point d'attraction de tous. Le héros prêt à saborder sa couverture pour la fille qu'il aime. Prêt à tout expliquer au binoclard parce que bon, de toute façon, il est tellement space que personne ne le croira. Bref, si l'intrigue générale pouvait être intéressante, le déroulement en lui-même a un air de déjà-vu un peu trop prononcé.

     

    Une lecture distrayante, relativement prenante, mais qui n'est pas non plus inoubliable. Même si j'ai pu comprendre certaines motivations du héros, je n'ai jamais réellement eu peur pour lui, je n'ai jamais réellement frémit. Un peu trop convenu, là encore. Dommage.


    votre commentaire
  • 1488053510

     

     

    Ils sortent par derrière, où les attend Echidna. Elle jette un regard interrogateur à Elland, avant de se focaliser sur Pèire. Ils échangent silencieusement pendant quelques minutes, avant que la gargouille ne s'envole. Pèire, d'un ton rassurant, leur annonce qu'elle va patrouiller seule, en attendant qu'ils sortent de la taverne.

    En se rendant dans le quartier, plus animé, du Chaudron Fondu, Elland ne peut s'empêcher de penser qu'il s'éloigne d'Echidna. Quand ils n'étaient que tous les deux, elle était toute sa vie. Il pouvait passer des heures à la regarder figée et survoler la ville toute la nuit durant pour le simple plaisir d'être avec elle. Mais maintenant qu'il y a Pèire, Thémus, Théoliste et Ménandre, il a moins de temps à lui consacrer. Et elle lui manque terriblement. Dès qu'ils auront retrouvé le gamin, il prendra quelques jours pour n'être qu'avec elle et se faire pardonner de son absence.

    Ils arrivent déjà devant la taverne la plus renommée de Rivemorte. Située à l'angle d'un carrefour fréquenté, ses façades donnent sur les deux rues. Une porte pour chaque rue, afin de gérer le flot incessant de clients qui rentrent et qui sortent. Et devant chacune des portes, des gardes sont postés pour assurer la sécurité des clients et des riverains. Car dans cette taverne, l'alcool coule à flots et nombreuses étaient les escarmouches entre clients enivrés et badauds. Lorsque les cadavres se sont accumulés, le gouverneur a passé un accord avec le tenancier de la taverne, lui allouant ses hommes pour préserver la sécurité de tous.
    Les quatre gardes qui surveillent l'entrée sud détaillent longuement les trois amis avant de les laisser rentrer. C'est un poste envié, dans la garde, car ils n'ont pas à parcourir les rues dans tous les sens. Et la nourriture et la boisson sont aux frais de la taverne.

    L'intérieur de la taverne est immense. D'innombrables tables remplissent tout l'espace et le long des murs brûlent de multiples lanternes. Il leur faut de longues minutes avant de trouver une table libre. Dans un coin de la salle, un musicien essaie tant bien que mal de couvrir le brouhaha ambiant avec des rengaines populaires. Les serveuses, aux vêtements très suggestifs, vont et viennent entre les tables avec de grands sourires. Et bon nombre de clients n'ont d'yeux que pour elles. Plus tard dans la soirée, quand la Grand Tour Célestis aura annoncé les douze coups de minuit, des danseuses viendront enflammer les clients.

    Pèire et Elland s'absorbent dans l'observation, toute professionnelle évidemment, des serveuses. Théoliste, lui, scrute la foule à la recherche de Thémus et lorsqu'il l'aperçoit, lui fait signe de les rejoindre. Dès qu'il s'installe avec eux, Elland et Pèire reportent leur attention sur lui. Se penchant sur le plateau de bois, il leur annonce :

    - Tout est réglé. L'homme dont je vous parlais se dirige actuellement vers notre cible. Il a parfaitement compris la situation et connait toutes les questions à poser.
    - Et tu lui fais entièrement confiance ?
    - Oui Elland. Il aura toutes les réponses, sinon plus. Faisons bonne figure ici. Nous devons avoir l'air de nous amuser. On partira d'ici deux heures, c'est largement suffisant pour qu'il termine sa mission.

    L'arrivée d'une magnifique serveuse, aux cheveux bruns cascadant jusqu'en bas de son dos et aux prunelles envoûtantes, les interrompt. Elle prend leur commande et malgré son départ, ils ne reparlent pas du sujet qui les préoccupent : trop d'oreilles indiscrètes pourraient les entendre en dépit du vacarme ambiant.

    Théoliste engage la conversation, abordant un thème bien plus léger que d'habitude. Et les bières les aident à oublier, l'espace d'un moment, le sort du gamin. Elland était réticent à s'amuser alors que Ménandre risque sa vie. Mais cette solution est la plus sûre pour tous et il doit admettre qu'elle sera bien plus utile qu'une patrouille dans la ville. Et puis, il pourra toujours le faire une fois qu'ils seront sortis.

    La bière est fraîche et légère, et la serveuse toujours présente pour leur en proposer une nouvelle chope. L'alcool aidant, la conversation se fait plus frivole. Et bientôt, ils rient aux éclats, donnant parfaitement l'impression d'être un groupe d'amis venus boire et s'amuser après une longue journée de labeur.

    Les heures défilent, les chopes de bière également et c'est Thémus qui, dans un éclair de lucidité, réalise que le temps consacré à l'alibi est terminé. Ils prennent tout de même le temps de boire une dernière bière avant de payer et de se lever. La taverne est comble désormais mais le brouhaha semble s'être atténué. Une magie est à l’œuvre également : les lanternes semblent danser langoureusement le long des murs. Et le sol lui aussi accompagne d'un déhanché aguicheur la ritournelle jouée par le musicien. Le trajet jusqu'à la sortie est semé d'embuches qui apparaissent traîtreusement au dernier moment. C'est au prix de mille précautions et esquives qu'ils parviennent indemnes dans la rue.

    Les gardes leur jettent un regard désabusé, habitués qu'ils sont à voir des ivrognes tous les soirs. D'une démarche chaloupée, titubant joyeusement, les quatre compères s'avancent dans la rue, avec la ferme intention de regagner un endroit sûr pour essayer de mettre au point un plan d'action pour la nuit. C'est alors qu'une menace jaillit de l'obscurité, fondant sur eux à une vitesse inhumaine.

    votre commentaire
  • d2456c1f.jpg

     

    Novossibirsk, avril 1938

    Les branches cinglent son visage et ses bottes usées martèlent le sol gelé. Dans son esprit tourne en boucle l'ultime injonction : Fuis !
    Sa poitrine est depuis longtemps devenue un brasier incandescent. Chacun de ses muscles hurle de douleur à chaque enjambée. Mais Mikhail fuit. Il ne se retourne pas, ne veut pas savoir à quel point ses poursuivants sont proches. Il court toujours, éperdument, désespérément.

    Fuis ! Dans ce cri, terreur et désespoir se mêlaient. Les hommes du NKVD, la police secrète, les cernaient. Ils avaient été surpris dans une situation pour le moins compromettante. Nier était inutile. Seraient-ils torturés pour donner le nom de leurs semblables ?

    Son pied bute sur une racine, et il s'étale de tout son long, déchirant par la même occasion son pantalon en toile usé. C'est la panique qui lui permet de se relever et de reprendre sa course folle. Dmitri s'est sacrifié pour lui laisser de temps de s'échapper, il n'a pas le droit d'échouer.

    Il l'avait rencontré dans un café. Leurs regards s'étaient croisés, et le temps s'était figé autour d'eux. Pour ne pas éveiller les soupçons, Mikail avait rompu le contact visuel et était allé s'assoir comme si de rien n'était. Les yeux bleus saisissants de cet homme, ses mèches folles aussi blondes qu'un champ de blé, son visage carré : tout s'était gravé irrémédiablement dans sa mémoire.

    Les cris des chiens lancés à sa poursuite envahissent les sous-bois. Ses foulées se font plus rapides. Le froid mordant ne le glace même plus. Il doit s'en sortir. Mais il est à bout de forces et il sait pertinemment qu'il ne tiendra plus longtemps. Son cœur bat follement dans sa poitrine. Il garde les yeux fixés droit devant lui, droit devant ce qu'il espère être son salut. Sa liberté. Sa survie.

    Après sa journée de labeur à l'usine métallurgique, quand le besoin de contact devenait irrépressible, il allait à la ville. Un parapluie sous le bras, il traquait du regard d'autres hommes affublés du même accessoire. Un regard appuyé, et ils se suivaient dans un endroit isolé. Toujours un lieu lugubre, inutilisé. Ils ne restaient que le temps de partager caresses et baisers. Puis ils se séparaient comme si de rien n'était, frustrés par cette relation fugitive et interdite.

    Le sol se dérobe soudain sous ses pieds. La chute lui paraît interminable. En une fraction de seconde, il comprend : l'escarpement qu'il pensait anodin, masque une rivière en crue. Le choc avec l'eau glaciale lui coupe le souffle. Fébrile, il bat des jambes et des bras pour retrouver la surface. Une goulée d'air polaire le fait hoqueter. Paniqué, il se débat et réussi à garder la tête hors de l'eau. Mais ses forces l'abandonnent. La fonte des neiges a grossi la rivière, et le courant est bien trop puissant pour qu'il puisse regagner le rivage. Pour préserver ses forces, il se met sur le dos, espérant que le courant l'entraîne jusqu'à la berge.

    Et puis, un soir de novembre, il avait croisé Dmitri, un parapluie sous le bras. Ils s'étaient cachés dans une gare désaffectée et s'étaient aimés à l'abri des regards. Leur étreinte avait été si bouleversante qu'ils avaient rompu le secret et s'étaient présentés. Les mains douces de son amant caressait ses cheveux presque ras, et pour la première de sa vie, le nez dans le cou de son amant, Mikail murmura des mots d'amour.

    L'eau glaciale rend insensible ses jambes et ses bras. C'est avec le même détachement qu'il analyse sa situation. Il est un ennemi du peuple et il en est conscient. Sa sexualité n'engendrera jamais le moindre enfant : il est contre-productif. Il est coupable du crime de perversion fasciste et sera envoyé aux camps du Goulag, d'où personne ne revient.
    Il a pourtant essayé de toutes ses forces d'être normal. Il s'est marié, même, il y a deux ans, alors qu'il venait tout juste de fêter ses vingt ans. C'est une gentille fille, douce et jolie. Mais il ne ressent rien pour elle. Il a lutté, avec l'énergie du désespoir, contre ces penchants contre-nature. Aussi vainement que sa lutte actuelle pour survivre.

    Ils se sont aimés avec la folie du désespoir, conscients que chaque instant ensemble pouvait être le dernier. Ils se sont retrouvés, de plus en plus souvent, incapables de passer de l'autre. Et par amour, Dmitri lui a laissé le temps de fuir, mettant sa propre vie entre les mains du NKVD. Puisse-t-il avoir une mort rapide.

    Son corps entre en contact avec la glace qui recouvre la rive. Il doit sortir de l'eau, se mettre à l'abri. Il n'arrive plus à se relever, ne ressent plus aucun de ses membres. Il doit se sécher, se réchauffer, sous peine de mourir de froid. Mais après tout, peut-être est-ce un sort enviable. La mort ici et maintenant, plutôt que dans l'enfer des camps... Il retrouverait Dmitri dans la mort, et ils resteraient ensemble sans se cacher, sans avoir peur. Et c'est le sourire aux lèvres, empli d'espoir, qu'il se laisse glisser dans l'inconscience.


    2 commentaires
  • Indiana-Teller.jpg

     

     

    Résumé :

     

    Dans les interminables plaines du Montana s’étend le ranch des Lykos. Les voisins alentour sont loin de se douter que ses habitants sont les membres de l’un des clans de loups-garous les plus puissants d’Amérique du Nord. Parmi eux, un seul humain a sa place : Indiana Teller, 17 ans.

     

    J'ai aimé

     

    Mon avis :

     

    Je l'assume pleinement : je suis dans une période où j'ai envie de lire des histoires de loup-garous, que je préfère largement aux vampires. Et ce livre me faisait de l'oeil, sans savoir que l'auteure était celle des fameux Tara Duncan, que je n'ai jamais lu. Roman jeunesse, qu'importe, je me suis laissée tenter. Et je ne le regrette pas.

     

    Je ne dirai pas que c'est un livre révolutionnaire, ce n'est pas le cas. L'auteure surfe sur la vague actuelle : même s'ils sont en arrière-plan pour le moment, vampires, fées et autres créatures mythiques se côtoient plus ou moins. De même, le livre ne réserve pas réellement de surprises dans sa construction, assez classique.

     

    Mais ça a pris. La plume est très agréable, le ton employé par Indiana Teller, le narrateur, très plaisante et finalement assez drôle. Il n'y a pas la naïveté que je redoutais, du moins pas autant que prévu. J'aime beaucoup l'auto-dérision dont fait preuve le héros, sa manière de voir les choses et de gérer ses propres compétences face au pouvoir des loups.

     

    Son univers est assez sombre, assez complexe, et malgré ses envies de normalité, il reste un ado qui a les pieds sur terre. Certaines réactions sont plus immatures, certaines relations avec d'autres personnages plus agaçantes, mais globalement, on s'y attache.

     

    C'est un livre que j'ai dévoré, pas forcément pour son originalité, mais il est prenant. Pendant quelques heures, j'étais dans le Montana, derrière l'épaule d'Indiana, et c'est tout ce que je demande à un livre.

     

    Seul petit bémol : la série est prévue en quatre tomes, avec une sortie annuelle. Autrement dit, nous verrons la fin de l'histoire en 2014. Pas sûre que j'ai encore envie de lire ce genre d'histoire en 2014 ;)


    4 commentaires
  • Ruelle (2)

     

    Le soleil est sur le point de se coucher quand ils sortent dans la rue. Un agréable fumet se répand dans l'air, remplaçant provisoirement les odeurs de la rue. Dans les appartements, les dîners sont préparés, faisant rentrer au bercail hommes et enfants. Les trois amis marchent de front dans les ruelles, dans un silence relatif. Puis Elland laisse parler sa curiosité :

    - Comment ça se fait que Thémus se laisse mener à la baguette comme ça ?
    - C'est une longue histoire …
    - Raconte-la Pèire !
    - Il y a quelques années, quand Thémus commençait à étendre ses affaires, ses rivaux ont voulu couper court à ses ambitions.
    - Il m'en a parlé, oui. Ils avaient enlevé un de ses proches. Il les a tous massacrés.
    - Exactement. Le proche en question était sa femme, Sélina. Sous ses airs de matronne se cache un cœur en or. Et ce qui est certain, c'est que les deux s'aiment profondément. Mais elle n'a pas vraiment apprécié de se faire enlever. Nul ne sait ce qu'elle a subit dans sa courte captivité, mais Thémus a dû se faire pardonner. Là encore, leurs négociations sont restées privées. Mais le résultat est là. S'il est l'un des plus puissants malandrin de la ville, il fait profil bas chez lui.
    - Mais … Il parvient à garder son autorité sur ses hommes ?
    - Ils ne le savent pas tous. Il n'invite que les plus intimes dans son arrière-boutique, car il sait qu'elle considère cette pièce comme son territoire. Mais s'il doit traiter avec une personne en qui il a moins confiance, il reste dans son atelier, ou va ailleurs. Et puis, sachant ce dont il est capable, personne n'oserait rire de lui.
    - Il m'a toujours accepté dans son arrière-boutique, pourtant il n'avait aucune raison de me faire confiance puisqu'il me connaissait à peine.
    - C'est ce que tu crois. Thémus garde un œil sur tous les voleurs de la ville. Il n'y a que très peu de choses qui lui échappent. Il te savait solitaire, Elland. Il savait également que tes petites combines ne perturberaient pas ses affaires. Et puis, sa femme ne se fait entendre qu'en soirée, la plupart du temps, lorsqu'il oublie d'aller manger, trop occupé à vider les fonds de bouteilles avec ses complices.
    - Et toi, tu as tout de suite été invité dans l'arrière-boutique ?
    - Ça, c'est une histoire encore plus longue, Elland. Et nous sommes arrivés à l'Hermine. Je te la raconterai une prochaine fois.

    Les trois hommes s'engouffrent dans la taverne. La serveuse s'affaire, sous l’œil vigilant de la cuisinière. Elland serait bien resté à la salle principale, pour boire une petite bière, mais le guérisseur veut s'occuper de sa plaie. Ils se rendent donc dans la petite chambre, à l'étage, qui tient lieu d'infirmerie. Tandis que le guérisseur s'affaire, Elland leur demande :

    - Vous croyez que la solution de Thémus fonctionnera ?
    - Nous n'avons pas vraiment le choix. Mais comme le disait Théoliste, si ça ne fonctionne pas, nous pourrons toujours le suivre quand il sortira de chez lui. Il sera bien obligé de nous parler.

    Théoliste, bien qu'il soit appliqué à étaler le baume sur la joue du voleur, rajoute :

    - Et au pire, s'il a vraiment engagé ces hommes pour vous attaquer, il doit y avoir des allées et venues autour de la demeure. Si on n'arrive pas à l'atteindre lui, on pourra toujours s'en prendre à ses hommes.

    Pèire et Elland échangent un regard puis sourient largement. Ils ont bien fait d'accepter Théoliste dans leur mission : s'il a une apparence débonnaire, il est parfaitement capable de se montrer aussi sournois que leurs adversaires. Et ses idées sont précieuses. Le voleur immobilisé, et les dents serrées pour ne pas manifester la douleur qui irradie sur tout son visage, c'est Pèire qui se charge de congratuler le guérisseur. Et se surenchérir, en proposant une surveillance accrue de tout le pâté de maison. Avisant la douleur manifeste de son patient, et sa pâleur, le guérisseur lui ordonne de se reposer une heure avant d'aller à la taverne.

    Pèire, lui, doit aller donner des consignes à ses employés. Théoliste le suit, sous prétexte de ramener un bouillon au blessé. Mais les grognements de son estomac qui résonnent dans la pièce depuis de longues minutes laissent à penser qu'il en profitera pour dîner. Elland les regarde partir puis s'allonge sur le lit. Maintenant qu'il est au calme, il ressent la douleur de la bataille de la veille. Tant de choses se sont passées depuis qu'il a l'impression qu'elle remonte à plusieurs semaines. Mais ils doivent agir vite, très vite, au risque de perdre la trace de Ménandre. Il imagine le chenapan, assis à côté du lit, en train de vanter ses exploits. Il le revoit, la mine soucieuse, à Picsuif. Avec un pincement au cœur, Elland réalise à quel point il tient à lui. Mais avant qu'il ne ressasse ses angoisses, il sombre dans le néant.

    Une tape sur l'épaule le réveille en sursaut. Il reste à demi-assis un long moment, les yeux grands ouverts, le souffle court, couvert de sueur, essayant de repousser les cauchemars qui ont assailli son peu de sommeil. Avec tact, Théoliste le laisse reprendre ses esprits avant de lui tendre le fameux bol de bouillon promis. Quelques miettes parsèment encore sa tunique mais Elland n'a pas le cœur à lui faire remarquer. Et pour l'heure, une seule question l'inquiète :


    - Quelle heure est-il ?
    - Nous sommes dans les temps. Tu n'as dormi qu'une petite heure. Prépare-toi, et nous serons tout juste à l'heure pour aller à la taverne.

    Passant une main lasse sur son visage, Elland acquiesce. Le bouillon est tiède, aussi l'avale-t-il d'une traite avant de se lever. Il se prépare rapidement, puis les deux hommes rejoignent Pèire, derrière le comptoir, qui s'affaire. En les voyant arriver, le tavernier lâche son torchon, laisse les chopes tranquilles et les rejoint à grandes enjambées.

    votre commentaire
  •  

     

    TN-20100919225550-cf22a603

     

     

    C'est encore Thémus qui le tire en arrière, lui fait descendre les trois marches du perron et agite la main en direction des gardes dans un signe d'apaisement. Pendant ce temps, Elland écume rageusement son registre de jurons. Lorsqu'ils parviennent enfin dans un quartier plus familier, Elland explose, ivre de colère, furieux d'avoir été ainsi traité. Mais Pèire, calme, lui rappelle qu'ils sont encore à portée d'oreilles indiscrètes. Et qu'un séjour en geôles ne les aidera certainement pas à retrouver le gamin. Douché par l'évocation des cellules et de leur cuisant souvenir, Elland se calme aussitôt. Et les suit, sans broncher, jusqu'à l'atelier du cordonnier.

    Thémus déverrouille la porte d'entrée, puis leur fait signe d'avancer. L'un après l'autre, ils se faufilent dans la boutique aux fragrances de cuir. Puis, avec un geste devenu habituel, ils prennent place autour de la petite table, dans l'arrière-salle. Thémus leur apporte le remontant, qu'ils sirotent en silence. Elland finit par murmurer :


    - On n'y arrivera jamais.
    - Mais si !

    La voix de Pèire est vibrante de conviction, malgré la lueur dans son regard. Théoliste, dans un chuchotement de conspirateur, leur dit :

    - Si on ne peut pas le voir chez lui, on peut le faire à l'extérieur. Il n'y aura personne pour nous claquer la porte au nez. Et il sera devant le fait accompli.

    Un concert de hochement de tête lui répond. A la lueur de la chandelle allumée, dans cette petite pièce aux odeurs de cuir, ils semblent comploter. Et boire, car leurs verres sont déjà vides, et Thémus se fait un devoir de les remplir à nouveau. Mais Elland, réfléchissant longuement, finit par murmurer ses réticences :

    - Mais ça prendra combien de temps ?
    - Le temps qu'il faudra ! On ne se laissera pas avoir par ce bourgeois !
    - Et pendant ce temps, Ménandre croupit dans on-ne-sait quel repaire lugubre. On n'a qu'à retourner chez Guevois et forcer sa porte. Il est à coup sûr responsable de l'enlèvement. Si ça se trouve, il le retient prisonnier dans sa cave pour le forcer à faire d'affreuses choses.
    - Arrête Elland. Forcer sa porte, c'est beaucoup trop risqué. C'est une histoire à finir à Terregrise, ça. Tu sais aussi bien que moi que la garde veille tout particulièrement au confort des bourgeois de la ville. Et nos motivations, aussi légitimes qu'elles soient, ne pèseront pas bien lourd face à son énervement.

    Thémus marque encore un point. Dans le quartier bourgeois, ils sont à peine tolérés. S'ils provoquent une esclandre, la garde va se jeter sur eux. Le silence pesant retombe sur la petite salle. Le remontant remplit à nouveau les verres. L'alcool leur brûle agréablement la gorge, les aidant à s'éclaircir les idées et à trouver les ressources pour ne pas se laisser abattre. Finalement, Elland murmure :

    - Alors on peut tenter une infiltration discrète. On se glisse chez lui par les toits ou par l'arrière de la maison et on l'attend dans son salon. On peut aussi assommer ses domestiques pour être tranquilles.
    - Et une fois que tu repars, il lance toutes les patrouilles de la ville sur toi, rétorque Pèire.
    - Je serais masqué !
    - Mais tu seras le suspect principal. Il ne doit pas y avoir énormément de personnes qui souhaitent à tout prix lui parler ces jours-ci, ajoute Thémus.
    - Mais ce ne sont pas des preuves !

    Elland s'emballe, persuadé d'avoir trouvé la solution pour résoudre cette affaire. Il hausse malgré lui la voix et fait de grands gestes. Un sourire vient même éclairer son visage. Sourire qui disparaît en entendant Thémus :

    - Le Comain se chargera de te faire avouer.

    Un long frisson parcourt l'échine du voleur à cette évocation. Prenant une longue gorgée de liqueur, il se passe une main sur le crâne, essayant de trouver une idée. Et c'est finalement Thémus qui la murmure :

    - Un de mes associés est spécialisé dans ce genre d'exercice. Il sait être parfaitement discret et fait parler n'importe qui.
    - Sans violence ?
    - Sans trop de violence, disons.
    - Mais il ne connaît rien à l'affaire !
    - C'est vrai. Mais nous, pendant ce temps, on sera dans un endroit fréquenté et on se fera remarquer. Ils ne pourront pas nous accuser puisqu'on aura des témoins. Et on lui résumera la situation pour qu'il pose toutes les questions nécessaires.
    - Et s'il se fait attraper ?
    - Il sait être discret, je te l'ai dit Elland. Et s'il se fait avoir, je trouverai un moyen de le sortir des geôles. Mais c'est le moyen le plus efficace pour entrer en contact avec Guevois sans se faire arrêter.
    - Contacte-le Thémus ! Maintenant ! On lui explique la situation et il y va !

    Théoliste semble du même avis qu'Elland, et salue sa tirade en terminant cul-sec son verre. Pèire reste plus prudent, mais il acquiesce tout de même, conscient qu'ils n'ont pas énormément d'alternatives. Alors que Thémus allait répondre, sa femme surgit dans l'arrière-boutique, visiblement contrariée. Et le colosse semble rapetisser alors qu'elle expose ses griefs à vive voix, sans reprendre son souffle. Théoliste, Pèire et Elland, épargnés par le courroux divin, se relèvent discrètement. Thémus leur murmure qu'ils se retrouveront Au Chaudron Fondu à dix heures, juste avant qu'ils n'opèrent un repli stratégique.

    4 commentaires
  • Krine.gif

     

     

    Résumé :

     

    Londres, 1889.
    Le détective privé Hector Krine est chargé d'élucider une mystérieuse histoire de vols de cadavres. Son enquête le mène jusqu'au coeur des quartiers populaires de la capitale anglaise, où s'entassent les miséreux et les Grouillants, des créatures surnaturelles débarquées des quatre coins de l'Europe, fuyant les persécutions. Quand la nécromancienne Hécate, son amour de jeunesse, est assassinée, l'affaire prend pour Krine une tournure très personnelle.
    Qui est vraiment Matthew ? Que lui veulent cette meute de loups-garous et cet étrange colosse coiffé d'un chapeau melon ? Quels liens les unissent aux pilleurs de cercueils ? Pour le découvrir, Krine va devoir se confronter à son passé et accepter ses origines...

     

    J'ai aimé

     

    Mon avis :

     

    Il va vraiment falloir que je fasse quelque chose. Le mot loup-garou dans un résumé suffit à me faire céder et craquer pour un livre. Mais je ne sais pas si je suis encore récupérable, en fait.

     

    D'autant plus que je ne regrette absolument pas cet achat. Quand un encore-jeune auteur français écrit de la fantasy, on a envie de le soutenir. Surtout quand il en écrit d'aussi agréable à lire.

     

    Un style percutant, donc, rapide et efficace, pour mettre en scène un Londres des années 1890. Mais pas un Londres parfaitement authentique. J'ai aimé l'idée de faire de l'Angleterre un refuge pour les Grouillants, les créatures surnaturelles. J'ai aimé, même si ce n'est pas franchement d'une originalité à toute épreuve, le fait que ces créatures ne soient pas bien vues, même si elles vivent au grand jour. Exploitées, méprisées, elles tentent de survivre dans la ville.

    J'ai aimé également les allusions aux personnages devenus mythiques, qu'ils soient imaginaires ou réels. Je trouve très intéressant de les voir mis en scène dans un roman, même si l'auteur prend, parfois, des libertés à leur égard.

    A de nombreuses reprises, l'histoire est teintée d'un humour ironique que j'apprécie tout particulièrement et qui permet de faire retomber un peu la pression.

     

    J'ai également aimé les personnages. Krine, bien sûr : détective charismatique, pas toujours doué, pas toujours chanceux, mais à la détermination sans faille. J'ai aimé Matthew, ses réparties, sa maturité et son impertinence. Mais aussi sa fragilité. J'ai énormément aimé le Docteur Jekyll aussi. Le commissaire Petterson est du genre qu'on adore détester, même si ça ne fonctionne pas vraiment. Finalement, ses réactions sont parfois si pathétiques qu'il en devient touchant.

    Une palette de personnages touchants, donc. Pas bouleversants, pas à vous serrer le cœur, mais touchants. C'est déjà beaucoup.

     

    Je regrette un peu que l'intrigue, même si elle nous réserve quelques surprises, soit si « classique ». Certains éléments sont rapidement devinés, d'autres n'apportent pas de réelle surprise. Mais qu'importe. C'est bien amené, bien construit.

     

    Mention spéciale pour la post-face. J'ai beaucoup aimé la manière dont l'auteur prend la parole à la fin du roman, pour parler de sa vision des choses, des lieux et des personnages qui animent son récit. C'est une manière de plonger dans l'univers de l'auteur qui me plait beaucoup, d'en apprendre plus sur lui et sur ses inspirations.

     

    L'auteur laisse entendre qu'il y aura d'autres tomes. Et en fonction de ma pile de livres à lire, je pense que je pourrais encore bien céder....


    2 commentaires
  • Ruelle (2)

     

    L'homme, pourtant d'apparence robuste, a été battu à mort. Son visage est méconnaissable, ses membres raidis dans une posture douloureuse. Tout autour de lui sèchent d'immenses flaques de sang. La vieille femme, toute de noire vêtue, qui avait répondu aux questions d'Elland se tient assise sur une chaise, le menton sur la poitrine, comme endormie. Avec une douceur incongrue, le guérisseur lui relève délicatement la tête, dévoilant une entaille profonde qui court d'un côté à l'autre de sa gorge. Pèire s'est retiré dans le couloir, le visage pâle. Elland n'en mène pas bien large non plus. Thémus ordonne la fouille des lieux à la recherche d'indices permettant d'identifier les meurtriers. Pendant de longues minutes, avec minutie, ils examinent les possessions du couple. C'est avec un certain malaise qu'Elland découvre leurs économies, dissimulées dans un pot posé près du foyer. Lorsqu'il fait part de sa découverte aux autres, ils tombent d'accord sur le fait que ces meurtres ne sont pas dûs à un vol qui aurait mal tourné. Le voleur hésite un instant, gêné par l'idée de dérober les possessions des morts. Sauf que ces morts en question sont sans doute liés à l'enlèvement de Ménandre. Et qu'ils n'auront de toutes façons plus besoin d'argent, désormais. Alors il glisse dans ses poches la majorité des pièces, se promettant d'en donner une partie au gamin quand ils l'auront retrouvé. Si les autres l'ont vu faire, ils n'en soufflent pas un mot, aussi Elland reprend-il la fouille comme si de rien n'était. En vain. Rien ne permet d'identifier les assassins.

    Ils n'ont plus de raisons de rester ici plus longtemps, d'autant que la garde pourrait arriver à tout moment si un voisin l'a prévenue, suite à l'absence du couple. Pèire n'est que trop content de respirer l'air relativement pur de la ruelle. Sans se retourner, ils se dirigent vers l'atelier de Thémus, situé non loin.
    Dans l'intimité de l'arrière-boutique, devant un verre de liqueur, « pour se remonter », ils font le point sur la situation. D'après Théoliste, ils sont morts depuis moins d'une journée, ce qui incite Elland à penser qu'ils ont été tués peu de temps après leur visite. D'après Thémus, la femme a été égorgée en première, puis les attaquants s'en sont pris à l'homme. Les attaquants, oui, car d'après lui, ils étaient plusieurs.

    La piste de la vieille femme s'est envolée. Mais il reste celle de Tanorède. Et qui dit Tanorède dit Maelenn. Car c'est peut-être bien elle la clef de cette énigme. Et c'est peut-être bien lui, d'ailleurs, qui a ordonné le meurtre du couple, pour les faire taire à jamais. Ils terminent leur verres rapidement et se remettent en route. Et s'ils ont l'air pitoyables, au milieu des riches habitants du quartier, ils n'en prennent pas ombrage. Elland les conduit jusqu'à la porte richement ornée, se persuadant à mesure qu'il avance de la culpabilité du riche bourgeois. Après tout, comment un couple si modeste pourrait engager quatre hommes de main ?

    La chaleur est encore forte en cette fin d'après-midi. Les riches habitants du quartier commencent à sortir, après s'être protégés de la chaleur dans leurs luxueuses demeures. Elland jette un coup d'œil à ses compagnons : ils ont le visage hagard, leurs vêtements sont froissés, de mauvaise facture. Il sait avoir la même apparence, avec une longue balafre encore fraîche sur la joue en supplément. Ils ne peuvent pas passer inaperçus, mais qu'importe...

    C'est Elland qui frappe à la porte, presque avec délicatesse, comme s'il avait peur de l'abîmer. Dernière, ses amis l'attendent en formant, presque à leur insu, un demi-cercle protecteur, comme pour défendre ses arrières. C'est la même femme que la veille qui lui ouvre la porte, portant son éternel chignon. Cette fois encore, elle ne dit rien quant à leur apparence, ou leur nombre. Après avoir pris une longue inspiration, Elland lui annonce :

    - Bonjour, nous voudrions voir Tanorède Guevois, s'il vous plait.
    - Il n'est pas là.
    - Maelenn alors.
    - Elle n'est pas là non plus.
    - Est-ce que vous savez quand ils rentrent ?
    - Non. Mais ils ne veulent pas vous voir.
    - C'est-à-dire ?
    - Ce sont les consignes. Si vous vous présentez, je dois vous dire qu'ils ne veulent pas vous rencontrer.

    La femme arbore un visage fermé et sévère. Sa voix est froide, sans timbre, presque inhumaine. Pourtant, dans son regard, Elland croit deviner une lueur de compassion. Mais il s'en moque pas mal, de sa compassion. Il veut voir Tanorède et il ne laissera pas une domestique l'en empêcher. Sa voix se fait plus sèche lorsqu'il demande :

    - Et pourquoi ?
    - Parce qu'ils sont en plein préparatifs pour le mariage. Ils n'ont pas que ça à faire.
    - Ça ne prendra que quelques minutes. Nous devons les voir, c'est très important.
    - Ce sont les consignes.
    - Mais la vie d'un enfant est en jeu !

    La femme secoue doucement la tête, presque attendrie, et commence à fermer la porte. Elland, dans un geste réflexe, avance son pied sur le seuil. La femme lui murmure :

    - N'insistez pas, s'il vous plait.
    - La vie d'un enf...

    Une main puissante s'abat sur son épaule, celle de Thémus. Dans un chuchotement rauque, le colosse lui ordonne de retirer son pied. Se retournant pour lui demander ce qu'il lui prend, Elland remarque alors les quatre gardes qui ont interrompu leur patrouille pour les surveiller. Alors, piteusement, il retire son pied. La porte claque aussitôt, fermant à nouveau une piste pour retrouver le gamin.


    votre commentaire
  • the-cryptkeeper

     

    La dernière phrase, prononcée sur un ton parfaitement détaché, broie le cœur d'Elland dans un étau de glace. Immédiatement, l'image du corps sans vie du gamin, déposé parmi les immondices dans une quelconque ruelle lugubre, s'imprime dans son esprit. Une chape de silence s'est abattue autour de la table. Thémus semble enfin réaliser ce qu'il vient de dire, et s'agite sur son siège, mal à l'aise. C'est Pèire qui murmure, sur un ton qu'il veut convaincant :

    - Ils ont sans doute plus intérêt à le garder en vie.

    Mais personne n'ose abonder dans son sens. La déclaration de Thémus a jeté un froid sur la petite table, et le doute s'est insinué en chacun d'entre eux. Puis c'est Théoliste, dans un chuchotement rauque, qui partage à son tour ses inquiétudes :

    - Et j'espère que ce chenapan ne les poussera pas à bout.

    Secouant faiblement la tête, Elland lui répond :

    - Non. Il est en danger et il le sait sûrement. Il va sans doute essayer de se faire oublier.
    - Mais que vont-ils faire de lui ?
    - Personne ne peut répondre à cette question pour le moment. Par contre, ce qu'on peut faire, c'est retourner voir la vieille et l'interroger. Nous la ferons parler, affirme Thémus.
    - Et pour lui dire quoi ? « Excusez-moi, vous n'auriez pas enlevé un gamin, par hasard ? »

    Le regard que lance Thémus à Elland le foudroie sur place. Le colosse se passe une main dans les cheveux et lâche, désabusé :


    - C'est moi qui poserait les questions. Il vaudrait mieux que tu t'en abstiennes Elland. Et si cette piste ne mène nulle part, nous irons voir Guevois. Nous pourrons peut-être parler à Maelenn, il est possible qu'elle sache quelque chose.

    Le concerné hoche doucement la tête, vaincu. A aucun moment, l'idée de malmener cette femme ne dérange Elland. Après tout, si elle est liée à leur attaque et à l'enlèvement de Ménandre, elle n'a que ce qu'elle mérite. Impatients de découvrir le fin mot de cette histoire, ils décident de se rendre immédiatement chez elle. Ils prennent tout juste le temps de changer leurs vêtements tâchés de sang et de se laver un peu la figure, pour éviter d'attirer l'attention plus que nécessaire. Ils ne parlent pas beaucoup durant le trajet, se contentant de commenter les nouveaux produits disponibles chez l'épicier, le changement de propriétaire d'une minuscule boutique non loin de la place du marché. Mais le cœur n'est pas à la visite et ils ne traînent pas en chemin.

    Il n'y a pas âme qui vive dans la ruelle lugubre qu'Elland commence à bien connaître. Avec la chaleur de ce mois de juin, les immondices dégagent une odeur putride qui les prend à la gorge. La porte est fermée, comme toujours, et c'est avec fermeté que le voleur tambourine contre le battant. Mais personne ne répond. Elland s’accroupit pour extraire de sa botte ses crochets, mais Thémus le dépasse dans un grognement. Il suffit d'un puissant coup de pied pour que la porte jaillisse hors de ses gonds et vienne mourir contre le mur lépreux. L'obscurité règne à l'intérieur de la demeure et seul le soleil estival apporte un peu de lumière par l'ouverture béante.

    Un silence sinistre accueille cette entrée fracassante. Puis vient l'odeur, doucereuse et entêtante, quasiment masquée par la puanteur de la ruelle. Mais c'est une odeur qui ne trompe ni Théoliste ni Thémus. Ce dernier tire au clair l'épée qu'il a gardé à la ceinture. Avec prudence, ils avancent dans l'étroit couloir, jusqu'à atteindre ce qui semble être la salle principale. Une chandelle agonise, presque entièrement consumée. Elle révèle pourtant suffisamment de détails pour donner des hauts-le-coeur au voleur. Théoliste ouvre grand les volets, illuminant soudainement le drame. Les deux occupants de la maison gisent sur le sol, morts.

    votre commentaire
  • L-oeil-des-cieux.gif

     

     

    Résumé :

     

    Blue Perrineau est un membre actif de l'agence très spéciale de détectives Dirk & Steele.
    Spéciale ? Et comment ! Ses membres ont certaines... comment dire... particularités. Celle de Blue est d'être électrokinésiste. L'affaire qui se présente à lui n'est pas habituelle : son père, mourant, lui révèle l'existence de son demi-frère et lui demande de le retrouver. Facile, pour un détective, non ? Si seulement c'était aussi simple...

     

    Sympa!

     

    Mon avis :

     

    Je me suis laissée tenter par ce roman car le début de l'histoire se passe à Jakarta, où je suis allée l'année dernière. Oui, je sais, je suis faible. Bref.

     

    Je me suis rendue compte, un peu tard, que c'était le quatrième tome d'une série. Dont je n'ai, bien évidemment, jamais lu les premiers. Mais ça ne gêne en rien la lecture, bien au contraire : on comprend parfaitement la situation, les différents protagonistes. Au contraire, donc, car j'ai lu sur certains blogs que l'auteur a tendance à répéter un peu toujours les mêmes schémas. Du coup, je n'ai pas cette lassitude.

     

    Par contre, ce qui me gêne un peu, ce sont parfois les raccourcis qu'utilise l'auteur, comme le fait que Blue retrouve directement son frère. J'ai trouvé que ça se passait un peu trop rapidement, même si on se rend bien compte que l'important n'est pas la traque en elle-même mais ce qu'il se passe une fois qu'ils se sont retrouvés.

    Dans ce roman, encore une fois, se pose le problème du héros masculin qui découvre son âme soeur dès la première femme un tant soit peu intéressante dans le récit. Et c'est assez lassant, cette manie.

    Et autre bémol, l'utilisation trop répétitive, à mon goût, de termes vulgaire et grossiers. Pas énormément, certes, pas insoutenables, d'accord, mais je regrette toujours que l'auteur fasse le choix de ce langage alors qu'il y a tant de manière de s'exprimer autrement...

     

    Mais la plume est agréable, l'histoire est menée tambour battant et on ne s'ennuie pas un instant. Même si les personnages ne sont pas bouleversants, on se laisse prendre au jeu et on tourne les pages pour connaître la suite. Comme souvent, on se laisse entraîner par le rythme et on passe un moment, sans pour autant avoir la certitude d'avoir lu un roman absolument inoubliable. Mais on passe un bon moment, c'est l'essentiel, non ?


    votre commentaire