• Rivemorte, Chap.18

     
    Dès lors, leurs journées sont rythmées par de longues ballades en forêt, cadre propice aux confidences pour Ménandre. Même Elland, oubliant l'âge du garçon, se livre parfois, cédant à l'apaisement qu'offre la confiance. Et lorsque les mots se font rares, ils s'entraînent pendant de longues heures au maniement d'épées et de dagues en bois. Ménandre est un élève très doué, qui avait déjà de l'expérience. Sa petite taille lui est très utile et il est particulièrement agile. Mais si Elland est son professeur pour les armes, c'est le gamin qui l'aide à progresser dans l'art difficile du vol à la tire.
    Les soirées et les nuits sont consacrées à Echidna. Ils volent de longues heures autour du repaire, allant parfois jusqu'au bout de la forêt, où l'on peut apercevoir, lorsque le ciel est clair et la lune resplendissante, de petits villages nichés au creux de la vallée. La potion offerte par Pèire leur a ouvert des nouveaux horizons. Désormais Elland connait mieux sa gargouille, et il n'hésite plus à se livrer à elle. Il l'interroge aussi, sur ce qu'elle ressent et ce qu'elle souhaite. Et même si elle ne parle pas, ni dans son esprit ni à voix haute, il la comprend parfaitement.

    Il fuit Isaïde comme la peste. Elle a réussi à le coincer plusieurs fois, et le voleur se demande sérieusement si elle ne serait pas un suppôt de Satan : systématiquement, elle le surprend dans une situation délicate. Comme la fois où il a déchiré un pantalon en voulant l'étendre sur une belle branche haute. Belle, certes, mais fragile. Trop fragile pour supporter son poids lorsqu'il a voulu y accrocher son linge.
    Elle a réussi à le surprendre également lorsqu'à peine sorti du lac, nu comme le jour de sa naissance, frigorifié, il essayait d'enfiler sa chemise. Sa peau humide avait pris en otage l'arrière du vêtement, et le premier bouton, sadiquement fermé, l'empêchait de passer la tête. La voix moqueuse de la fille de joie lui avait proposé de le soustraire au terrible péril qu'il courrait. Quant aux autres cas, Elland préfère ne pas y penser.
    Les repas sont pris en commun, bien qu'Elland reste la plupart du temps silencieux. Il ne s'efforce pas de connaître les autres. Même s'ils sont tous des hors-la-loi, et qu'ils devraient avoir des affinités, il n'arrive pas à leur faire confiance. Et il n'aime pas s'immiscer dans un groupe déjà formé.

    Les jours s'écoulent lentement, bercés par ces quelques activités qui ne satisfont pas pour autant le voleur, qui trépigne d'impatience. Depuis le temps, les gardes devraient s'être fait une raison, et avoir abandonné leurs recherches. Il se surprend souvent à songer à son retour à Rivemorte. Aller chez lui, d'abord, pour s'assurer que rien n'a bougé et mettre les bijoux, qu'il porte constamment sur lui, en sécurité dans leur cachette habituelle. Après, aller saluer la jeune drapière. Peut-être même lui offrir une jolie brioche encore tiède. Et puis, se rendre à l'Hermine Affamée, manger un bon ragoût bien chaud. Ensuite, aller voir Thémus, s'assurer qu'il va bien, et prendre des nouvelles des arrestations.

    Lorsqu'ils rentrent à la grotte, ce soir-là, un terrible vacarme couvre presque le tumulte de la cascade. Les hors-la-loi sont rassemblés dans le couloir principal. Passant un bras autour des épaules de Ménandre, pour le protéger en cas de besoin, Elland s'avance au milieu de la foule. Des grondements sourds proviennent de la salle des gargouilles. Inquiet pour Echidna, Elland joue des coudes pour voir ce qu'il se passe. Pèire, en première ligne, est totalement impuissant et s'agite vainement. Dans la caverne, un indescriptible chaos règne. C'est une mêlée de crocs, de griffes, d'ailes et de prunelles rougeoyantes. Le combat est titanesque, toutes en ont pris part. Incapable d'y mettre un terme, Pèire marmonne des « trop de promiscuité », « ne supportent plus l'enfermement », « j'aurais dû trouver une ville sûre ». A la veine qui pulse sur son front, Elland devine qu'il essaie, par télépathie, de mettre un terme à la bagarre, en vain. Un inconscient fend la foule de badauds et s'approche des gargouilles. Qu'espère-t-il bien faire, face à ces monstres furieux ? Leur tapoter sur l'épaule et leur demander poliment d'arrêter ? Il s'approche trop près et ignore les mises en gardes de Pèire. Une énorme paire de crocs acérés lui frôle le coude, manquant de lui arracher le bras. Il semble alors seulement prendre conscience du danger et se recule précipitamment.


    - Elles sont déchaînées. N'essayez pas de les approcher, elles ne vous reconnaitront pas, les prévient Pèire.

    Pétrifié par la surprise et la peur, Elland cherche Echidna dans la masse. Il aperçoit, le temps d'un clignement d'œil, une corne familière, qui disparaît rapidement dans la mêlée. Les grognements font trembler la roche. Parfois, l'une d'entre elle se voit propulsée hors du champ de bataille et s'écrase lourdement contre la paroi. Aussitôt, elle retourne au combat, griffes et cornes en avant. Qu'a-t-il bien pu se passer pour qu'elles en arrivent là ? Comment les séparer ? Quand des chiens se battent, des coups de bâton ou des seaux d'eau parviennent à les séparer. Mais là ? Elles ne s'apercevront même pas qu'ils tentent de mettre un terme à la bagarre...
    Blotti contre Elland, le gamin tremble de peur. Tous les visages sont graves et reflètent l'impuissance qu'ils ressentent. Comment arrêter une douzaine de gargouilles enragées qui se battent comme des chiffonniers ?

    votre commentaire
  • Large_Gargoyle_wall_mount.JPG

     

     

    Lorsqu'il se réveille le lendemain, Ménandre a disparu et Echidna est toujours là, allongée devant l'entrée. Figée. Pourtant, il n'y a pas de soleil ici !
    Intrigué, il quitte la pièce à la recherche de celui qui pourra le renseigner. Il trouve Pèire dans ce qui s'avère être la salle commune : tous les réfugiés sont en train de déjeuner. Visiblement, ils ont tous l'habitude de veiller une partie de la nuit. Se réveiller à midi ne semble pas être inopportun ici.
    Ils ne s'interrompent pas longtemps à son arrivée, et poursuivent leurs conversations. Elland accepte avec un sourire la nourriture que Ménandre lui tend, et rentre dans le cercle pour manger, sans pour autant s'insinuer dans les discussions.
    Il se sent mal à l'aise ici. Il n'a jamais réellement fréquenté les autres hors-la-loi, étant par nature méfiant. Et son visage est exposé aux yeux de tous.
    Discrètement, il observe les hommes et les femmes qui forment cette étrange assemblée. S'ils sont d'âges différents, de carrures et d'apparences variées, ils ont en commun un visage marqué par la clandestinité et l'inquiétude. De minuscules ridules, à la commissure de leurs lèvres et de leurs yeux en sont la preuve irréfutable. Et pourtant, ils discutent comme si de rien n'était. Isaïde est là également, elle lui a offert un sourire charmeur avant de l'ignorer totalement.
    Ces inconnus, là, qui déjeunent tranquillement, l'ont vu dans la pire des situation possible. Vulnérable, ridicule. Inconscient. Jamais il ne pourra donner suffisamment le change pour passer pour un voleur digne de ce nom. Pour eux, il restera à jamais le crétin qui s'est vautré au sol avec sa lessive à peine sèche.

    Elland sent son cœur s'emballer et ses mains devenir moites. Dans l'indifférence générale, un étau invisible s'est emparé de sa poitrine et la presse jusqu'à rendre sa respiration laborieuse. Il se redresse d'un geste brusque, laissant sur place les reliefs de son repas, le cœur au bord des lèvres, et quitte précipitamment la caverne.

    Il trouve refuge au pied d'un immense arbre, dont les racines s'abreuvent directement au lac. Tant pis pour la discussion avec Pèire. Il devait fuir les autres. Peu à peu, l'étau se desserre. Elland passe une main dans ses cheveux, les yeux rivés sur le sol inégal. Une fichue crise d'angoisse. Il vient d'avoir une fichue crise d'angoisse après seulement une journée entière dans ce refuge. La proximité des autres le gêne, réellement, physiquement. Savoir que n'importe qui peut s'approcher de lui quand il dort, quand il mange, le perturbe. Vivre constamment entouré, avoir à porter un masque, à être sans cesse sur le qui-vive. Il ne tiendra jamais un mois. Il va craquer avant, c'est certain. Il va demander à Echidna de le ramener à Rivemorte, et cette satanée tête de mule va refuser. Et il ne lui restera plus qu'à se jeter dans le lac pour mettre fin à ses souffrances.

    Une pierre plate rompt le silence environnant en ricochant, à de nombreuses reprises, sur la surface limpide. Non loin, un Ménandre faussement concentré sur le résultat de son lancer fait son possible pour avoir l'air innocent. Elland laisse échapper un grognement de mécontentement. Il voulait être seul ! Mais il éprouve une étrange affection pour le garnement. Alors quand le gamin s'approche de lui, penaud et s'accroupit sur une racine apparente, il le laisse faire. Ménandre murmure :


    - Tu as l'air triste.
    - Un peu, répond le voleur dans un semblant de sourire. Rivemorte me manque. Le brouhaha du marché me manque. Ma solitude me manque.
    - Moi aussi, j'aimerais bien être encore là-bas. Mais je ne veux pas aller à Terregrise.
    - Ce n'est assurément pas un endroit pour toi. Tu es bien plus en sécurité ici. Tu te promènes souvent dans les alentours ?
    - Oui. Je ne connais pas les autres, à part Pèire. Et je ne les aime pas beaucoup.
    - Pourquoi ?
    - Je préfère être tout seul. Alors je viens ici.

    Le silence retombe sur le lac. Ils laissent leurs regards se perdre dans leurs pensées, pas vraiment joyeuses. Deux solitaires, contraints à vivre en huis-clos. Se sentant obligé de changer la conversation, Elland demande :

    - Comment tu as connu Pèire ?
    - Il a … enfin, il avait une taverne dans la rue où je suis le plus souvent, marmonne le gamin après un long silence. Et... enfin, il m'a surpris pendant que je cherchais à manger.

    Les gestes plus brusques du garnement trahissent sa nervosité. Elland imagine sans peine la terreur qui avait dû s'emparer de lui quand il s'était retrouvé face au colosse.

    - Il m'a attrapé par le bras, et m'a traîné dans les cuisines. Je croyais qu'il allait me battre, mais... en fait, il m'a donné une écuelle pleine de potage encore chaud, et du pain croustillant. Et quand je n'arrive pas à trouver de quoi manger, je vais le voir. Il me donne toujours quelque chose. En hiver, il veut que je reste dormir.
    - Et tu ne veux pas ?
    - Non. Il me fait un peu peur, rajoute Ménandre après une courte pause. Il est si grand ! Et ses mains sont larges comme des battoirs. Toi, par exemple, tu ne fais pas du tout peur. Mais lui...

    Elland se pince les lèvres pour ne pas réagir à l'affront. Il fait tout son possible pour avoir l'air à la fois inoffensif aux yeux des gardes et menaçant au regard des autres. Et voilà qu'en une petite phrase négligemment jetée en l'air, Ménandre casse tout. Et pourtant... La candeur du mioche est désarmante. Il n'avait sans doute aucune mauvaise intention. Voilà. Il ne peut décemment pas lui en vouloir d'avoir exprimé son opinion. Quoique...
    Comme s'il avait senti l'hésitation du voleur, Ménandre poursuit hâtivement.


    - Mais les gardes ont mis le feu à sa taverne. Alors il ne pourra plus m'aider.
    - Il n'y a personne d'autre qui t'aide ? Interroge Elland, pour oublier la petite pique.
    - Si. Il y a Maelenn aussi. Elle me donne des vêtements, et même une couverture, au début de l'hiver. Mais elle ne me laisse jamais rentrer, parce qu'elle vit avec d'autres gens. Et puis, elle ne peut pas me donner à manger. Mais elle est très gentille.
    - Elle est jolie ?

    Les joues de Ménandre s'empourprent, et il hoche vivement la tête pour toute réponse. Elland lui ébouriffe gentiment les cheveux, amusé par sa réaction. Cette fois, c'est Ménandre qui change de sujet, en lui proposant d'aller découvrir la forêt. Alors qu'ils déambulent entre les arbres, Ménandre devient plus loquace, et raconte ses plus beaux butins. Sa spécialité, c'est de faire les poches aux passants étourdis. La plupart du temps, ça lui permet de vivre presque normalement.. Mais parfois, ce n'est pas un bon jour et il doit se serrer la ceinture.
    Ce gamin, à qui il fallait arracher la moindre information, se met à bavarder comme une pie. Elland l'écoute attentivement, un large sourire attendri sur les lèvres. Le soleil s'incline à l'horizon lorsqu'ils arrivent devant la cascade. La journée a filé sans qu'aucun d'eux ne s'en aperçoive.


    votre commentaire
  • 9782290025024.jpg

     

    Résumé :

     

    Encore affectée par la mort de sa cousine fae, Sookie rencontre d'autres problèmes : l'arrivée du créateur d'Eric, un Romain de l'Antiquité , accompagné du tsarévitch Alexis Romanov, sauvé des Bolchéviques, mais vampire...

     

    Dead

     

    Mon avis :

     

    Oserais-je dire ''Ouf ! Enfin terminé'' ?

     

    Reprenons du début. J'avais entendu parler de cette série '' Pas prise de tête et sympa à lire'', et je m'étais laissée tenter, histoire de changer un peu de registre. Et j'avais dévoré la série, au rythme effrené d'un roman tous les deux jours. Les personnages, bien que parfois agaçants, ne me laissaient pas indifférente. Il y avait beaucoup d'action, des enquêtes, des combats, de la magie. Ce que j'aime, en somme. Et puis, comme j'étais arrivée au terme des tomes parus en français, j'ai bien dû me résigner à attendre la suite. Donc à lire d'autres choses. Ce fut peut-être ma première erreur. Car si la série se lit facilement, et reste malgré tout plaisante, elle est loin d'être absolument fantastique. Et s'oublie assez rapidement.

     

    Quand j'ai vu la sortie du tome 10, j'ai cédé à la tentation. La première page commence par un mot de l'éditeur qui explique que dans le soucis de satisfaire les fans *toussote*, ils ont décidé de revoir la traduction. Chaque nom a été ''restitué fidèlement''. La bonne blague. Je n'avais pas lu la série depuis plus de six mois, et honnêtement, les personnages secondaires m'étaient complètement sortis de la tête. Et donc, après neuf tomes, voilà que les personnages changent de nom. Et J'ai Lu n'a pas eu l'idée de faire un récapitulatif des modifications, et de mettre les anciens noms. Ben non, voyons, pourquoi faire ? Tout le monde n'a pas lu les deux versions. Tout le monde ne fréquente pas assidument les forums de fans. En fait, tout le monde n'est pas fan, tout simplement.

    Donc pour ceux qui ne reconnaissent pas, qu'ils se débrouillent.

     

    Après les évènements du tome 9, on peut aisément comprendre que ce n'est pas la grande forme pour Sookie. Qu'elle a besoin de faire un break. Pourquoi l'auteur nous a infligé la lecture de cette période alors ?

    Attention, je ne dis pas que je me fiche du sort de l'héroïne. Sauf que bon, voilà quoi. Sookie qui réfléchit en mangeant du pain à la pomme. Sookie qui va à l'église. Sookie qui prend sa douche. Les trois quart du bouquin racontent sa vie quotidienne. Et on ne voit pas du tout où l'auteur veut nous mener. En clair, j'ai lutté pour finir ce livre. Et bien sûr, tout s'enchaîne sur les cinquante dernières pages, avec des intrigues tirées par les cheveux et une fin presque bâclée.

    Le couple de Sookie sonne faux. D'accord, on a le droit à leurs ''occupations'' mais je n'ai jamais ressenti leur amour l'un pour l'autre. Je trouve que ce tome manque de sentiments et d'action. Les personnages ont perdu de leur saveur. La plupart des personnages secondaires sont en couples et attendent un enfant (du moins, c'est ce que j'ai ressenti), et ça donne une étrange impression de soap américain.

    Sans compter le nombre de fois où Sookie évote l'héritage qu'elle attend. Même si je comprends bien qu'elle galère financièrement, franchement, faire passer la douleur du deuil après l'héritage lui donne juste l'air d'être avide et vénale.

     

    Bref, je n'attendais pas grand chose de ce tome, car je suis passée à d'autres lectures, que je préfère. Et pourtant, je suis déçue, car je n'ai pas retrouvé ce qui m'avait plu dans les tomes précédents. Et quand le tome 11 sortira, je pense que je réfléchirai à deux fois avant de me laisser tenter.


    votre commentaire
  • Rivemorte, Chap.16

    Un profond sentiment de tristesse teinte cette période, étroitement mêlé à l'incompréhension. Puis c'est une vague de soulagement qui s'empare d'elle lorsqu'il fait un premier pas vers elle. Il se présente gauchement, Elland. Il lui sourit. Elle rayonne de bonheur. Le temps passe, apportant chaque jour de petites joies et de grandes aventures. Et si Elland râle parce qu'elle joue à raser les murs, elle sait qu'il aime ça, malgré tout.

    L'effet de la potion se dissipe, ne laissant qu'un intense sentiment d'amour, si profond qu'il semble s'ancrer dans son cœur à tout jamais.
    Pèire est parti sans qu'aucun d'eux ne s'en aperçoive. Echidna le dévisage un long moment avec ses yeux si expressifs, puis se relève. Et pour la première fois depuis qu'ils se connaissent, elle lui fait cérémonieusement signe de monter sur son dos. Il n'hésite pas un instant, et s'il noue les bras autour de son cou, ce n'est pas uniquement pour assurer sa prise. Elle joue avec lui, flirtant avec la surface du lac, puis s'envole presque à la verticale le long des arbres qui le borde. Mais rien ne pourrait gâcher ce moment de complicité pure. Sous l'oeil bienveillant de la lune, ils ne deviennent plus qu'un, planant au dessus de la forêt dans une communion parfaite. Ils effleurent les pentes escarpées de la montagne où subsistent les dernières traces de neige et tutoient les nuages qui parsèment le ciel nocturne.
    Ce moment de grâce prend fin bien trop rapidement au goût d'Elland, lorsqu'Echidna rebrousse chemin pour regagner la cascade. Les premières lueurs de l'aube tentent de percer la chape obscure qui s'est étendue sur la forêt.

    Lorsqu'elle atterrit sur la plage du lac, il la remercie longuement, pour la promenade mais également pour avoir été à ses côtés pendant ces dernières années. Puis ils regagnent la sécurité des grottes.
    Une jeune femme aux cheveux de feu et aux magnifiques yeux verts cherche visiblement quelqu'un : elle marche le long du couloir, et inspecte du regard chaque cavité avant de repartir à grand renfort de gestes expressifs. Sa longue robe virevolte au gré de ses recherches. Quand elle aperçoit le voleur du coin de l'oeil, elle se retourne vivement et s'exclame :


    - Ah ! Te voilà !
    - Euh... ben oui.
    - Je ne pensais pas que votre escapade durerait si longtemps.
    - Euh... ben si, ne parvient qu'à bredouiller un Elland tout intimidé par l'assurance de la jeune femme et qui tente vainement de diriger son regard ailleurs que dans son profond décolleté.
    - Je suis Isaïde. Tes vêtements sont secs.

    Il devient soudain rouge pivoine en repensant à son arrivée mouvementée. D'autant plus que c'est elle qui s'est occupée de ce qu'il a de plus personnel. C'est comme une violation de son intimité, de la part d'une inconnue certes jolie, mais terriblement intimidante.

    - Tu … tu étais là quand... nous sommes arrivés ?
    - On était tous là. Vous n'avez pas été des plus discrets. Et je dois avouer qu'on a bien ri en te voyant étalé par terre sous une couche de vêtements trempés.

    La chaleur des joues gagne soudain le cou et les oreilles d'Elland. Ses cheveux, ébouriffés par le vol, lui offrent un maigre rempart face à l'oeil moqueur d'Isaïde. Il envie presque la drapière, qui réussi à masquer complètement sa gêne, elle. L'éclat de rire cristallin de la jeune femme résonne dans le souterrain.

    - Il est timide !

    Incapable de prononcer un mot sous les moqueries, il se réfugie vivement dans la pièce où il a dormi. L'alvéole de roche est faiblement éclairée par la lueur dansante d'une torche accrochée contre la paroi. Ménandre est toujours là, roulé en boule à même le sol dans un recoin. La furie ne les a pas suivi, et c'est sous le regard perplexe d'Echidna qu'Elland va chercher la couverture de sa paillasse pour l'étendre sur le petit corps endormi. Le gamin se redresse en sursaut et prend presque aussitôt une posture défensive, la tête entre les bras. D'une voix douce et apaisante, Elland le rassure autant que possible, avec une patience infinie. Finalement, Ménandre s'allonge, blotti dans la couverture, et retourne entre les bras de Morphée.

    Elland se redresse et se dirige vers sa paillasse. Juste à côté, ses vêtements sont soigneusement pliés. Elland reste immobile un instant, songeur. Pourquoi cette femme le met-il si mal à l'aise ? Parce qu'elle semble si assurée ? Si … envahissante ?
    A côté des vêtements, un simple pain et une nouvelle chope. Il réalise alors qu'il est affamé, son dernier repas remontant à la veille. Il mastique lentement le dîner frugal, le regard perdu sur la petite forme endormie. Elland prend le temps de l'observer plus en détail. Son visage mince est finement dessiné. Ses cheveux hirsutes sont étalés sur le sol comme une auréole brune. Il est trop petit, trop mince pour son âge.
    Elland s'assoit sur sa paillasse, et vide ses poches. Après un examen rapide, il soupire de soulagement : tout est là, il ne manque rien. C'est avec la promesse muette d'Echidna de veiller sur eux deux qu'il s'allonge, et qu'il s'endort.

    votre commentaire
  •  

     

    Rivemorte, Chap.15

     

     

    - Il ne t'avait rien expliqué. Et ce genre de choses n'est pas instinctif.
    - Elle doit m'en vouloir terriblement.

    Comme si elle l'avait entendu, Echidna traverse soudainement la cascade pour venir se poser à côté d'Elland, dégoulinante d'eau. Et cette créature, qu'il avait tant craint au début, qui l'effrayait au delà de l'avouable, s'allonge près de lui, et pose son imposante mâchoire sur les cuisses de son maître, tout en prenant garde à ne pas peser trop lourd. Machinalement, il la gratte derrière l'oreille. Un ronronnement sourd berce la nuit, sous le regard attendri de Pèire.

    - Elle t'aime beaucoup.
    - Pèire, comment vous communiquez avec elle ?
    - J'attendais cette question, répond ce dernier dans un sourire. J'utilise le même moyen qu'elles : on communique par la pensée.

    Cette notion le laisse pour le moins perplexe. Quelle sorcellerie est-ce là ? Devant la mine sceptique d'Elland, il poursuit :

    - C'est un don rare, lié directement à ma fonction. Je suis plus ou moins celui qui s'occupe d'élever les gargouilles et de gérer l'adoption. Et je sers également de trait d'union entre les deux.
    - J'ignorais qu'un tel métier existait.
    - Très peu de personnes en connaissent l'existence. En réalité, ce n'est pas un métier, mais une vocation. Je suis né pour ça, avec ces dons bien précis, uniquement dans ce but. J'ai connu Echidna bébé, par exemple.

    Stupéfait, Elland tourne son regard vers sa complice. Ce monstre de pierre, un adorable bébé ? Il a beau essayé de l'imaginer, il n'y parvient pas.

    - Je croyais qu'elles... enfin, qu'elles étaient toujours comme ça.
    - Non, bien sûr que non, lui explique Pèire, après un léger rire. Elles naissent, comme toutes les autres créatures, et elles grandissent également. Elles ne peuvent pas être malades, mais elles finissent par mourir, comme tous les êtres vivants : soit suite à un accident, soit de vieillesse. Bien qu'elles vivent très longtemps. Echidna est très jeune pour son espèce, mais elle a déjà quarante ans.

    La concernée redresse la tête et lance un regard offusqué à Pèire, qui a osé dévoilé son âge. Assommé par les révélations, Elland demeure silencieux, incapable de quitter sa gargouille des yeux. Finalement, il pose la première question qui lui vient à l'esprit :

    - Mais... et vous ?
    - Moi ?
    - Comment pouvez-vous vous en occuper si elles vivent bien plus longtemps que nous ?
    - Je vis presque aussi longtemps qu'elles.

    Le voleur le dévisage, comme s'il le voyait pour la première fois, comme s'il pouvait avoir l'assurance qu'il ne lui ment pas. Comme si ce don pouvait se lire sur les traits de sa figure. Mais voyant que l'entreprise est vouée à l'échec, il détourne les yeux pour les poser sur sa complice. Echidna, bébé ? Elland l'imagine avec de minuscules cornes, une bouille toute mignonne, des ailes à peine formées. Il sourit tendrement, sans même s'en rendre compte. Pèire fouille un instant dans ses poches avant de lui tendre un flacon :

    - Tiens, bois ça.

    Suspicieux, Elland observe le long tube de verre rempli d'un liquide verdâtre. Puis il interroge son interlocuteur du regard sans cacher sa méfiance. Un léger rire lui répond, avant que l'homme ne lui dise :

    - Fais-moi confiance. Ce n'est pas du poison, c'est juste pour t'aider.
    - M'aider à quoi ?
    - A communiquer avec elle. C'est ta seule occasion, car ce genre de préparation coûte une fortune.

    Echidna lui lance un regard rassurant, et c'est pour cette raison qu'il accepte de prendre la fiole et d'en boire le contenu. Le goût est infect ! Et rien n'a changé... Le lac reflète toujours les rayons de la lune, les chouettes ululent toujours, Pèire sourit toujours...

    - Et moi, je suis là !

    Cette voix ! Elle vient de l'intérieur. Rien n'a bougé, mais la voix a résonné, il en est persuadé. Echidna semble presque sourire. Et alors qu'il s'apprête à lui poser une question stupide, une déferlante d'images et de sensations se rue dans son esprit. Il revit, à travers les yeux même d'Echidna, les étapes importantes de sa vie.
    Pèire, plus jeune, un sourire attendri sur le visage est penché au dessus d'elle, comme un père protecteur. Une sensation de confort absolu, de chaleur et de satiété le remplit. Puis c'est un jeune homme qui se penche sur elle. Son visage poupin, ses boucles brunes et ses yeux bleus émerveillés la mettent en confiance. Il lui parle doucement. Pèire aussi lui explique des notions qu'elle ne comprend pas encore. Puis l'inconnu l'emmène. Un dernier regard pour un Pèire triste.
    Cet inconnu, son Maître, qui l'emmène dans ses frasques nocturnes. L'ivresse du vol pour échapper aux gardes. Les parties de cache-cache. L'amusement, enfin, quand elle peut lui faire peur en rasant de trop près les toits ou les murs. Mais lui n'apprécie pas. Au début, il lui prête beaucoup d'attention, comme un enfant ravi par son dernier cadeau. Mais le temps passe et le cadeau lasse. Son maître ne s'intéresse à elle que lorsqu'il en a besoin. Le reste du temps, il l'ignore.
    Une partie de chasse, alors que l'estomac crie famine et que les flocons de neige tombent sans répit. La solitude. L'ennui. L'indifférence. Le mépris.
    Son Maître a vieilli, et il porte souvent la main à son ventre. Il est plus lent pour courir dans les ruelles et sur les tuiles. Quand il glisse, quand il se fait attraper par la garde, ce ne peut être que de la faute d'Echidna, saleté de gargouille qui n'est bonne à rien.
    Elle sent que le mal lui ronge les entrailles. Elle s'en inquiète, car que deviendra-t-elle si son maître n'est plus ? Il a passé du temps à surveiller un homme. Jusqu'au jour où il l'a attaqué. Elle n'a compris qu'après, grâce aux autres gargouilles qui ont vu passé son ancien maître. Avec le butin arraché aux mains de l'inconnu, il est allé s'installer à la campagne pour y finir ses jours. La vendre a été doublement bénéfique pour lui : avoir de l'argent, et s'en débarrasser.
    L'inconnu devient son nouveau Maître. Il a peur d'elle, elle le voit bien. Mais que pourrait-elle bien y faire ? Elle fait tout pour se faire aimer de lui, elle anticipe ses demandes, se montre présente pour lui prouver qu'elle ne l'abandonnera pas. Mais il la fuit toujours, se méfiant d'elle...


    votre commentaire
  • 9782360510122-G.jpg

     

    Résumé :

     

    En mettant fin au règne brutal et millénaire du tyran, ils ont réalisé l’impossible.
     À présent, Vin la gamine des rues devenue Fille-des-Brumes, et Elend Venture, le jeune noble idéaliste, doivent construire un nouveau gouvernement sur les cendres de l’Empire. Mais trois armées menées par des factions hostiles, dont celle des monstrueux koloss, font le siège de Luthadel. Alors que l’étau se resserre, une légende évoquant le mystérieux Puits de l’Ascension leur offre une lueur d’espoir. 
    Et si tuer le Seigneur Maître avait été la partie la plus facile ?

     

    J'ai aimé

     

    Mon avis :

     

    Je guettais avec impatience la sortie de ce second opus tant j'avais été fascinée par le premier tome. Et malgré les plus de sept cent pages, et les vingt-cinq euros que coûtent ce petit bijou, je me suis jetée dessus.

     

    C'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé Vin, Elland, et toute la bande à Kelsier. La situation a bien évolué, et après la victoire suit une réalité plus sombre.Il s'est écoulé un an depuis la fin du premier tome, et alors qu'on pourrait s'attendre à une vie tout en rose et en festivités, la réalité est tout autre. Pas si facile que ça de poursuivre leur action. Les personnages ont mûri et gagnent encore en profondeur.On les retrouve tous avec joie.

     

    Au fur et à mesure qu'avancent les pages, l'auteur rajoute des complications à une situation déjà difficile. J'en suis même venue à me demander quand il allait s'arrêter. N'en jetez plus.

    Et comme pour le premier tome, on parcourt, fasciné, la moindre des lignes. Il y a quelques longueurs, c'est vrai, mais elles ne sont pas un frein à la lecture. Certains personnages, à peine effleurés lors du premier tome, prennent de l'ampleur. D'autres arrivent. D'autres partent. La magie si originale est toujours là et l'auteur poursuit sur sa lancée en l'enrichissant. L'histoire est complexe mais parfaitement cohérente et compréhensible. Au delà de la fiction en elle-même, l'auteur dessine des idées intéressantes et qui font réfléchir. Il parvient à nous convaincre de ce qu'il fait et avance. Et on suit.

     

    Mais on sent le tome de transition, même s'il est dense et complet. Le niveau est toujours très élevé, et je ne doute pas un seul instant que c'est un auteur dont on entendra longtemps parler, mais le coup de foudre a été moins net que pour le premier tome. On ne s'ennuie pas un seul instant mais la fin nous laisse sur notre faim. C'est un tome qui appelle la suite.  On veut en savoir plus, on découvrir le fin mot de l'histoire. Je veux la suite ! :'(

     

    Bon à savoir :

     

    Un extrait est toujours disponible ici même : link


    votre commentaire
  • book_cover_l_empire_ultime-_tome_1___fils-des-brumes_52212_.jpg

     

     

    Titre : L'Empire Ultime, Fils-des-Brumes T.1

    Auteur : Brandon Sanderson

     

    Résumé :

     

    Les brumes règnent sur la nuit, 
    Le Seigneur Maître sur le monde.

     

    Vin ne connait de l’Empire Ultime que les brumes de Luthadel, les pluies de cendre et le regard d’acier des Grands Inquisiteurs. Depuis plus de 1000 ans, le Seigneur Maître gouverne les hommes par la terreur. Seuls les nobles pratiquent l’allomancie, la précieuse magie des métaux. 
    Mais Vin n’est pas une adolescente comme les autres. Et le jour où sa route croise celle de Kelsier, le plus célèbre voleur de l’Empire, elle est entraînée dans un combat sans merci. Car Kelsier, revenu de l’enfer, nourrit un projet fou : renverser l’Empire.

     

     

    Coup de coeur

     

     

    Mon avis :

     

    C'est mon coup de coeur fantasy de l'année. Voire peut-être même plus.

    Le personnage de Vin est particulièrement attachant, et nombreuses sont ses réflexions qui m'ont touchées. Son comportement dans l'ensemble du livre m'a parlé, et de ce fait, m'a émue.Kelsier et la bande sont également très touchants, à la fois drôles, forts et vulnérables.Et de même, la plupart des autres personnages ne nous laissent pas indifférents, qu'on les aime ou qu'on les déteste.

     

    L'unviers est original avec cette ville gigantesque, et bien sûr, le Seigneur Maître. Je ne tiens pas à spoiler, mais l'auteur nous réserve bon nombre de surprises le concernant. Et la magie est tout autant originale. Elle est expliquée, clairement. On en découvre les rouages, et elle semble presque évidente. C'est un joli coup de maître que d'avoir réussi à faire une magie plausible et compréhensible, sans éviter les explications trop poussées, comme c'est trop souvent le cas dans les romans de fantasy.

     

    Et l'intrigue en elle-même est tout simplement géniale. L'auteur nous embarque dans la rebellion, et on se laisse porter comme un fétu de paille dans un ruisseau en crue. Il nous mène où il veut, et nous n'y voyons que du feu.

    Et l'un des points forts de ce roman, c'est que la fin, bien qu'elle laisse encore bon nombre de questions en suspens, met un point final à l'intrigue principale. Autrement dit, on peut se contenter de lire ce roman sans avoir à se ronger les ongles en attendant la suite.

     

    On pourra sans doute lui trouver des défauts. Le prix du roman peut être un frein, c'est vrai, mais l'histoire compense largement ce point faible. Une fois qu'on l'a commencé, on tourne avidement les pages jusqu'au dénouement final. Attention aux nuits blanches !

     

    Bon à savoir : Un extrait est disponible sur le site de l'éditeur, ici même : link


    2 commentaires
  • 9782811202699.jpg                         9782811202798.jpg

     

     

     

    Titre : Les dossiers Dresden.

    Auteur : Jim Butcher

    Résumés :


    Tome 1 :

    Enquêtes paranormales.
    Consultations & conseils.
    Prix attractifs.

    Tous les bons magiciens s’appellent Harry, et Harry Dresden est le meilleur. Techniquement, c’est même le seul dans sa « catégorie » : lorsque la police de Chicago est sur une affaire qui la dépasse, c’est vers lui qu’elle se tourne. Car notre monde regorge de choses étranges et magiques… et la plupart ne s’entendent pas très bien avec les humains. La magie, ça vous flingue un gars en moins de deux !

     

    Tome 2 : Les affaires ne vont pas fort. Elles sont même en arrêt maladie ! Chicago devrait regorger d’affaires juteuses pour le seul magicien de l’annuaire, et pourtant, l’agenda d’Harry est aussi vide que le crâne d’un zombie. Ah, enfin un meurtre ! Enfin, si on peut dire… La police a besoin d’Harry pour élucider un cas très particulier : un corps en charpie, d’étranges empreintes griffues, la pleine lune… ça ne vous dit rien ?

     

      Sympa!

    ~~~~~~~~~~~~~

     

    Mon avis :

     

    Je n'ai lu que les deux premiers tomes pour l'instant, aussi est-il difficile de se faire un avis sur la série dans sa globalité. Mais deux tomes suffisent pour se faire une bonne idée.

     

    Ce sont des romans plaisants à lire, on se laisse vite entraîner par l'intrigue toujours complexe et pleine de rebondissements. En terme de créatures fantastiques et d'étrange, nous sommes servis, ne serait-ce que grâce à Harry Dresden et son univers, qui change agréablement des héroïnes un peu cruches.

     

    Mais je n'ai pas accroché plus que ça dans la mesure où Harry me laisse relativement de marbre. Il est l'un des meilleurs magiciens mais ça ne se ressent pas vraiment dans les romans. Non pas que j'aimerais un magicien imbu de lui-même et qui aime montrer ses sorts, mais disons que sa magie est trop peu présente à mon goût. De même, il est parfois considéré comme "caustique", et ça non plus, je ne l'ai pas vraiment retrouvé. Il y a quelques grossièretés qui me gênent plus qu'elles n'apportent de causticité. Son humour me laisse souvent de marbre aussi (mais j'avoue que j'ai un sens de l'humour un peu particulier) . Pourtant, c'est un personnage attachant, avec ses états d'âmes, ses difficultés, sa vulnérabilité.

     

    Un point qui me dérange également, c'est la francisation des termes. On sait que l'intrigue se déroule à Chicago, et pourtant, certaines expressions font référence au Président de la République, au trou de la Sécu, de l'IGS, des boeufs-carottes, ou d'autres aspects typiquement français. Et autant je peux comprendre cette envie de franciser les expressions, autant je trouve que ça gâche l'immersion et que ça donne une impression totalement décalée. Surtout qu'on connaît suffisamment les Etats-Unis pour reconnaître les termes employés, ou, à défaut, accepter une note en bas de page.

     

    Une série agréable à lire, donc, même si je ne me jetterais pas sur les prochains tomes.

     

    Bon à savoir : Cette série a été adaptée à la télévision. Diffusée au Canada et en Belgique, elle n'a jamais montré le bout de son nez en France.

     

    Perplexe


    votre commentaire
  • http://ekladata.com/8Vbykv4rVQaUBbKde-FhpIn3VQI.jpg

     

     

    Terme étrange pour un phénomène relativement récent et qui a pris pas mal d'ampleur.

     

    L'appelation "Bit lit" est typiquement française, et n'existe pas aux Etats-Unis. Elle est constituée du verbe anglais to bite, qui signifie mordre, et du mot littérature. Les deux, condensés, donnent le terme bit-lit.

     

    C'est un sous-genre de la fantasy urbaine : l'intrigue se déroule dans une ville quelconque, connue ou non. Les personnages impliqués sont souvent de jeunes adultes, voire des adolescents. Et au milieu de ces univers que nous connaissons bien viennent se greffer diverses créatures fantastiques : des vampires, des loups-garous, des fées, etc, etc. 

     

    On trouve un peu de tout dans ce sous-genre, de la romance la plus guimauveuse aux aventures plus complexes mais toujours teintées de romance. Les séries les plus connues sont Twilight, de Stephenie Meyer; Anita Blake, de Laurell K. Hamilton; Trueblood, de Charlaine Harris.

    La série télévisée, et les romans qui en ont été inspirés, de Buffy contre les vampiressont également considérés comme étant de la bit-lit.

     

    A condition de bien choisir, on peut trouver des romans intéressants qui, sans être des chefs-d'oeuvres, permettent de passer un agréable moment et de s'évader.


    votre commentaire
  •  

     

     

    Les cumulus déversent paresseusement une pluie fine, assombrissant encore le ciel crépusculaire. Des dizaines, voire des centaines de personnes sont pourtant massées devant les imposantes portes closes de la salle de concert. Et elles ne se soucient visiblement pas de la pluie, pas plus que de la bise froide qui fait voler les papiers abandonnés au sol et décoiffe les hordes d'ados qui piaffent d'impatience en attendant l'heure H.

    Irina est collée contre une barrière métallique et essaye de préserver son espace vital, qu'une foule toujours plus nombreuse tente de lui ravir. Arrivée parmi les premières, elle occupe une place idéale. Elle est venue seule, contrairement à la majorité, et attend sans manifester la moindre impatience. Vêtue de sa plus jolie robe mauve, et confortablement chaussée, Irina s'invente déjà la rencontre tant espérée. Un peu plus vieille que la plupart des fans, elle ne se manifestera pas en hurlant et en jetant ses sous-vêtements sur scène. Et pourtant, elle espère toujours qu'il la remarque.

    Une déferlante d'impatience parcourt la place bondée. Irina jette un oeil sur sa montre, avant d'esquisser un mince sourire. Plus qu'un quart d'heure. Elle a pris sa journée de repos, prétextant une vieille tante à visiter. Pour rien au monde elle n'aurait voulu que ses confrères apprennent sa lubie. Ils penseraient sans aucun doute qu'elle est trop vieille pour ces idioties, même à trente et un ans, et ils n'auraient pas tout à fait tort. Oui mais voilà, elle ne l'a pas choisi.

    La première fois qu'elle a vu Max Sanders, c'était au journal télévisé, qui faisait une chronique sur sa tournée mondiale. Il avait un beau sourire, et avait joué son numéro de charme. Durant l'interview, elle ne l'avait qu'à peine écouté, tant elle était fascinée par ses yeux. Elle avait décelé dans ses prunelles une lueur surprenante, un zeste de mélancolie qui l'avait troublée. Alors elle s'était informée, sur internet, dans les revues. Elle avait tout appris de lui, tout aimé. Bien sûr, il est bel homme mais ce n'est pas cela qui l'attire. C'est cette faille en lui, qu'elle discerne à travers les paroles de ses chansons et qu'elle décèle dans sa démarche. Un je-ne-sais-quoi qui la touche au plus profond d'elle-même, et qui ne prend pas à en compte son apparente froideur. Car il semble froid avec ceux qui l'entourent, et peu enclin à s'approcher de son public. Invisible dans les journaux à sensation. Distant avec les journalistes.

    Les portes s'ouvrent enfin, et elle se précipite, emportée par le tourbillon d'ados qui hurlent leur enthousiasme. Jouant des coudes, elle se trouve une place, toute proche de la scène. Les fans piaillent sans répit, et elle demeure silencieuse. Elle a la conviction qu'elle est différente d'elles. Parce qu'elle ne s'intéresse pas seulement à la plastique de Max, ni à ses refrains entêtants. C'est lui qui l'intéresse, celui qui se cache derrière la star et qui semble si perdu. Et c'est cette conviction qui lui permet de venir, à chacun de ses concerts : elle refuse de tomber aussi bas que ces fans qu'elle méprise, qui semblent avoir perdu toute raison à la moindre apparition de leur idole.

    Le concert est déjà fini. Irina sourit, radieuse. Elle n'a pas vu le temps passer, et est encore hébétée par l'incroyable prestation. L'un des colosse de la sécurité a un mouvement de la main dans sa direction, ainsi qu'à quelques jeunes filles, pour les inviter à le suivre. Son coeur s'emballe, et elle se précipite à sa suite. Max souhaite rencontrer quelque unes de ses fans dans les coulisses ! Une opportunité dont elle rêve depuis toujours ! Perpétuellement sous la surveillance de la sécurité, les fans arrivent devant la pièce où se préparent les artistes. Elle rentre en dernière, poussée de part et d'autres par les autres filles. Irina se tient en retrait, embarrassée d'être assimilée à ces ados sans cervelle, mais bien trop consciente qu'il ne la remarquera pas si elle ne se comporte pas de la même manière. Il est là, devant elle, ses boucles brunes collées à son front en sueur, et ses iris bleu qui scrutent chacune d'entre elles. Son sourire charmeur est rivé à ses lèvres. Péniblement, elle se détache de sa contemplation, et s'approche de lui, le cœur battant à un rythme effréné. Il vient d'écrire quelques mots sur des photos, et trouve un mot aimable à leur dire à toutes. Au moment même où elle s'approche, la main tremblante tenant vaillamment son carnet, il se détourne. S'écarte. Lui tourne le dos pour parler à ses sbires. Un hoquet de frustration se bloque dans sa poitrine, alors que ses yeux se remplissent de larmes. Elle l'appelle. Il ne se retourne pas. Elle le supplie. Il ne se retourne pas. Elle a manqué son opportunité.

    Les colosses font sortir les fans. Tête baissée, ravalant ses larmes, elle s'apprête à les suivre, se maudissant d'avoir été aussi réservée. Un bras la retient, et l'attire plus au fond de la salle. Max a disparu. Sourcils froncés, elle questionne des yeux l'homme qui l'a retenue, alors que la porte se ferme à nouveau. Il ne répond rien. Elle détaille la pièce, remplie de fleurs, de miroirs et de tenues de scène, essayant de profiter de ces derniers instants dans l'antre de son idole. L'homme de la sécurité fixe un point derrière elle. Elle fait volte face. Max Sanders est là, il a d'autres vêtements et s'est rafraichi. Irina sourit, ivre de joie, oublieuse de ses jambes vacillantes et de son ventre noué.


    - Comment tu t'appelles ?
    - Irina. Elle a la voix rauque d'avoir trop crié pendant le concert. Elle sourit, penaude.
    - Je t'ai déjà souvent vue à mes concerts.
    - J'essaie de ne pas en rater.
    - Pourquoi ?

    Elle ouvre la bouche, prête à répondre. Avant de la refermer. « Pour voir la faille » n'est pas une réponse pertinente. « Parce que je suis fan », pas vraiment plus. « Parce que j'aime ce que tu fais », trop banal. Il fronce les sourcils, et scrute la moindre expression, muet, attendant une réponse.

    - Parce que je veux savoir, répond-elle. Il l'observe, visiblement abasourdi par sa réponse. Alors elle poursuit, parlant un peu trop vite. Je veux savoir qui se cache derrière ton masque de hauteur et de froideur. Je veux savoir qui est cet homme aux yeux troublants, pleins de mélancolie.

    Elle se tait, réalisant l'énormité de ce qu'elle a dit. Il va la mettre à la porte. Il éclate d'un rire nerveux. Elle le fixe, bouche bée, alors qu'un calme indicible s'empare d'elle.

    - Tu es bien la première à me parler comme ça.

    Il la contemple, et semble totalement désemparé quant à la conduite à tenir. Il se passe une main dans les cheveux. Elle poursuit, nerveuse :

    - Désolée, je ne voulais pas dire ça.
    - Vraiment ?
    Elle se mord les lèvres, incapable de lui mentir.

    - Pas de cette manière, en tout cas.

    Il rit à nouveau, la remplissant de joie.

    - Je vais dîner au restaurant, tu veux venir avec moi ?

    Elle hoche la tête, incapable de prononcer un mot de plus. Et elle le suit, un sourire jusqu'aux oreilles, afin de démasquer cet homme qui l'a tant troublée. A moins que tout ceci ne soit qu'un rêve...


    votre commentaire